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© Jazz Hot n°677, automne 2016 De Jeanke à TootsLe légendaire guitariste-harmoniciste belge est décédé dans son sommeil le lundi 22 août 2016 à l’hôpital de Braine-l’Alleud où il avait été admis à la suite d’une chute, opéré à l’épaule, puis touché par une pneumonie. Il s’est éteint paisiblement. La disparition de Toots Thielemans a particulièrement ému le monde du jazz et, au-delà, le monde de la musique en général et le monde tout court tant sa popularité était grande de musiciens européens ont atteint la dimension internationale de Toots Thielemans la diversité des témoignages recueillis ici le montre bien. Ce qui frappe aussi, c’est l’unanimité avec laquelle est décrit le personnage musicien hors norme, mais homme d’une grande simplicité et d’une grande bienveillance, notamment à l’égard des jeunes musiciens qu’il a Frédéric Isidore Thielemans est né le 29 avril 1922, à Bruxelles dans le quartier des Marolles, au 241 de la rue Haute 1 où ses parents exploitent un café. Il est en admiration devant un accordéoniste qui s’y produit de temps en temps. A 3 ans, son père lui achète son premier accordéon… en carton. Il prend quelques leçons et joue à la demande dans le bistrot familial. Jeanke, joue-nous quelque chose!», et il s’exécute La Tonkinoise» ou L’Internationale» –son père a des sympathies pour la gauche de Léon Blum. En 1927, ses parents quittent le quartier pour reprendre à Molenbeek, place communale, une mercerie, lingerie et vêtements de travail Au Palais du Cache-Poussière». Jean-Baptiste fait l’école primaire à Molenbeek, et les secondaires à l’athénée de Koekelberg avant de s’inscrire en mathématiques à l’ULB Université Libre de Bruxelles. En 1929, il découvre Larry Adler et Max Geldray dans l’orchestre de Ray Ventura. Il achète alors son premier harmonica –un instrument qui va l’aider par son action souffler-aspirer» à mieux contrôler l’asthme qui l’affectera toute sa vie. De l’accordéon diatonique, il passe au chromatique en 1939. A l’aube de la guerre, il échoue en première année à l’université, mais il a déjà d’autres plans de carrière. Il joue ce qu’il écoute à la radio, et il découvre Louis Armstrong et Fats Waller sur un phono à remonter. Il est fasciné. En 1941, il est au lit, malade, lorsque son copain Gilbert vient lui rendre visite avec une guitare. Jean veut l’essayer et Gilbert fait un pari stupide Si tu parviens à jouer ça, je te donne ma guitare!» L’affaire est entendue. Après quelques minutes, Jean-Baptiste, l’accordéoniste-harmoniciste devient guitariste. Une photographie atteste de sa présence en 1942, lorsqu’avec les jeunes musiciens belges, il accueille Django Reinhardt à la sortie de la Gare du Nord à Saint-Josse-ten-Nooode cf. Jazz Hot n°652, Jean Warland acc, b se rend fréquemment chez les Thielemans de Molenbeek avec son accordéon. Il est quatre ans plus jeune que Jean, qui ne s’appelle pas encore Toots. Alors qu’ils montent au grenier avec leurs instruments, Maman Thielemans s’écrie Jean, pas d’harmonica, pense à ton asthme!». Warland note dans sa biographie 2 Médicalement, elle avait tort! Musicalement aussi!» Et il poursuit Il me faisait découvrir dans l’intimité de son grenier les neuvièmes, les septièmes majeures et les renversements; les accords de "Mood Indigo”, de "I Can’t Get Started”, "Just You, Just Me”, etc. Je découvrais la beauté de l’harmonie». A la Libération, aguerri, il rejoint Le Jazz Hot, la formation d’Herman Sandy 3. Rapidement, il est, avec René Thomas, l’un des meilleurs guitaristes de Belgique. C’est à cette époque qu’Herman Sandy et Jacky Theunis, estiment que Jean-Baptiste», ce n’est pas assez hip», et qu’il devrait choisir un prénom plus américanisé. Et pourquoi pas "Toots” comme le trompettiste-compositeur-arrangeur Toots Camarata ou comme Toots Mondello, le saxophoniste de Lionel Hampton?» Après quelques instants de réflexions, Jean-Baptiste est convaincu Va pour Toots!» En 1946, il est membre de l’orchestre de Robert De Kers, puis il joue dans ceux d’Yvon Debie et Rudy Bruder. Il est reconnu comme un bon guitariste et comme un phénomène de l’harmonica chromatique avec lequel il improvise dans l’esprit de Charlie Parker. En 1947, Il fait un premier voyage à New York, accompagnant son oncle qui s’y rend pour ses affaires. A New York il fait le tour des clubs, jamme à l’harmonica dans la 52e Rue et rencontre Billy Taylor, Howard McGhee et Lennie Tristano. Billy Shaw, l’impresario de Benny Goodman, le remarque alors qu’il joue sur la guitare de Chuck Wayne, à Miami. Il le recommande au clarinettiste, qui lui proposera quelques mois plus tard de le rejoindre à New York. Mais le visa et la carte verte ne sont pas si faciles à décrocher. Entretemps, Toots est rentré en Belgique. Il va devoir encore attendre quatre ans avant de pouvoir s’expatrier. Reconnu comme un des jazzmen belges des plus créatifs, il participe, à la guitare, au festival de Nice en 1948, avec Jean Leclère p, vib Au festival de Paris 1949, il joue à la Salle Pleyel et rencontre son idole, Charlie Parker. Il retrouvera le Bird à l’occasion de son séjour en Suède de 1950 à 1952. Toots gardera toujours un accordéon, et il ne se séparera jamais de ses harmonicas, mais, à l’époque, c’est la guitare qui est son meilleur ambassadeur. Des collègues musiciens se moquent même de lui lorsqu’il se met à jouer de l’harmonica C’est un jouet, jette ça!», disent-ils. Et ils ont tort, car Toots a déjà trouvé le son qui le rendra immortel, avec ses longues notes essentielles, ses modulations, ses altérations et ses résonances. Le 22 août 1949, il épouse Netty puis part pour une tournée en Italie avec Flavio Ambrosetti. A Rome, il rencontre Benny Goodman qui se souvient avoir apprécié les enregistrements que Billy Shaw lui a fait écouter. Il lui propose de le retrouver au Palladium de Londres. Toots intègre le sextet du clarinettiste qu’il accompagne au Danemark et en Suède. Il reste en Suède pendant près de deux années apprenant à parler suédois. Alors qu’il joue avec Reinhold Svensson org dans un hôtel de Stockholm, il voit entrer Charlie Parker, et il se met aussitôt à jouer note pour note le chorus de Lover Man» enregistré par Bird. L’altiste, séduit déclare C’est le plus grand hommage qu’on puisse rendre à ma musique.» Il va bientôt retrouver Parker à Philadelphie –une photographie en témoigne. A la fin de 1952, il parvient à émigrer aux Etats-Unis comme employé de Sabena Airlines. Muni du précieux sésame carte verte, puis naturalisé américain, il enregistre avec Wardell Gray et Dinah Washington. Il accompagne George Shearing p pendant sept ans et participe à la grande tournée des Birdland All Stars» au sein desquels il est le seul musicien européen aux côtés de Count Basie p, Lester Young ts et Billie Holiday voc. La création de Bluesette» joué en unisson guitare-sifflet remonte à 1962 et lui vaut un succès international. C'est aussi dans ces années 1960, que se noue une longue amitié et complicité professionnelle avec Quincy Jones, jamais démentie, et que Toots pénètre par son intermédiaire au sein de l'industrie du cinéma partir de 1970, il fait de fréquents allers-retours entre sa résidence de Montaux Long Island et l’Europe. La Belgique le redécouvre au cours des concerts que Roger Vanhaverbeke b lui procure entre d’autres engagements aux Pays-Bas, en Suède et en Allemagne big band de Kurt Edelhagen. Au sommet de son abondante production discographique, on retiendra The Sound qu’il grave en 1955 avec Ray Bryant et Oscar Pettiford 4 étoiles à Down Beat, Man Bites Harmonica avec Kenny Drew, Pepper Adams, Wilbur Ware et Art Taylor; sa rencontre avec Elis Regina 1972, Brazil Project 1991, mais surtout l’album Affinity qu’il grave en compagnie de Bill Evans p en 1978. Pendant cinq décennies il sera en tête du référendum de Down Beat dans la catégorie instruments divers».C’est à l’harmonica qu’il doit sa renommée universelle. Avec ce petit instrument dont il tire des sons chaleureux, inégalables, il enregistre la bande son de nombreux films, de Midnight Cowboy à Jean de Florette».Musicien confirmé et apprécié, il multiplie les rencontres en jazz comme en variétés, jouant et enregistrant aussi bien avec Billy Joël et Paul Simon qu’avec Bill Evans, Dizzy Gillespie, Herbie Hancock, Phil Woods, Shirley Horn, Ray Bryant… Il multiplie les tournées sur tous les 1981, une attaque cardiaque le prive de la dextérité de la main gauche. Toots ne renonce pas pour autant à sa carrière d’harmoniciste, donnant de très nombreux concerts près de 200 par an partout dans le monde. Veuf et remarié à Huguette il lui dédiera For My Lady», il renonce à son domicile new-yorkais et s’établit définitivement à La Hulpe, dans la banlieue de Bruxelles, en 1991. En 2001, le roi Albert II le fait Baron Jean-Baptiste Thielemans. Il adopte, en blason, cette devise Be Yourself, No More, No Less»! La même année, il est fait Docteur Honoris Causa des deux universités bruxelloises, la francophone et la néerlandophone l’ULB et la VUB. Aux Etats-Unis, il est NEA National Endowment For The Arts, Jazz Master Award 2009 –récompense suprême. Il est aussi Commandeur de l’Ordre de Leopold II et Chevalier des Arts et des Lettres. Par Gilberto Gil, alors ministre brésilien de la Culture, il a été fait Commandore de Rio Branco. Géant du jazz, héros national en Belgique, il m’a confié regretter jouer si peu en France où il n’était pas considéré à sa juste valeur. En 2014, il décide de mettre un terme à sa carrière, mais il apparaît encore sur scène en août au festival Jazz Middelheim d’Anvers. Son petit harmonica, il continuera à le pratiquer quotidiennement, même sur son lit d’hôpital, il y a quelques semaines à la suite d’une chute fracture de l’épaule. Toots Thielemans talentueux et populaire était aimé et admiré par tous les artistes et par tous les Belges. Le Palais Royal et le Premier Ministre lui ont rendu hommage. Ses funérailles se sont déroulées le samedi 27 août 2016 en l’Eglise Saint-Nicolas de La Hulpe où il habitait avec Huguette, son épouse, depuis une trentaine d’années. L’église, trop petite, ne pouvait accueillir tout le monde 600 invités avaient pris place dans le petit édifice; un millier de personnes pouvaient, quant à eux, suivre la cérémonie diffusée sur écran géant sur la place attenante à l’église. A partir de 10h30, on vit arriver le Bourgmestre et ses Echevins; Charles Michel le Premier Ministre; le Prince Laurent, représentant la Famille Royale; la Princesse Léa veuve du Prince Alexandre et très liée au couple Thielemans; Madame l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique. La plupart des musiciens belges Frank Vaganée as, fl et les solistes du BJO, Michel Herr p, Jack Van Poll p, Charles Loos p, Ivan Paduart p, Herman Sandy tp, contemporain de Toots, 1921, Laurent Blondiau tp, David Linx voc, Peter Hertmans g, Philip Catherine g, Steve Houben as, fl, Robert Jeanne ts. Kenny Werner p, Bart Denolf b et Bruno Castellucci dm avaient déjà gagné le chœur dans l’attente du début de la cérémonie. Toots et sa cordialité légendaire personnifiait avec Eddy Merckx par ailleurs ce qu’il reste de l’unité nationale. Il était aimé au Nord, au Sud et à Bruxelles, par les Marolliens et les jazzmen, mais aussi par un grand nombre de personnalités nationales. Jacky Ickx, Alexandre Bouglione, José Géal Toone VII, Richard Ruben, Maurane, Kadja Nin, Lou Deprijk, le Grand Jojo et Sandra Kim avaient répondu présents. Alors que sur le parvis, l’aumônier des artistes accueillait le cercueil, porté en épaulé par six jeunes hommes et salué par une haie de pompiers locaux, Bluesette» retentissait dans les diffuseurs. Au fond du chœur, les drapeaux américains et brésiliens entouraient les couleurs nationales. L’accueil de l’officiant se fit en français, en néerlandais et en anglais. Kenny Werner p, à l’arrière de l’autel, joua Old Friend» enchaîné par Les Moulins de mon cœur» de Michel Legrand. Suivirent les hommages émus des nièces et du neveu de l’harmoniciste, puis, en néerlandais, celui de Bart Denolf b. Kenny Werner, en anglais et sans texte, évoqua les qualités de cœur et le talent de son ami, puis il prit dans sa poche intérieure une enveloppe dont il tira une lettre du Président Obama adressée à l’épouse du disparu Chère Huguette, J’ai été profondément attristé par la mort de votre mari. J’espère que les souvenirs partagés avec Toots vous aideront à atténuer votre chagrin. Je suis sûr que le soutien de vos proches sera une source de réconfort et de force. Dans les prochains jours, sachez que vous serez dans mes pensées. Puisse la musique de Toots vous guider et je crois qu’il le fera pour nous tous.»On écouta Ne me quitte pas» de Brel dans la version de Toots; le prêtre encensa le cercueil et, tandis que retentissait l’Ave Maria de Gounod enregistré par le défunt, les personnes présentes défilaient pour un dernier au revoir. Derrière l’autel, Philip Catherine g, Bart De Nolf b, Bruno Castellucci dm et Kenny Werner jouèrent Dance For Victor», la composition de Catherine, maintes fois jouée par Toots. En fin d’une cérémonie simple et digne, comme l’était Toots Thielemans, Veerle Van de Poel invita l’assistance, dans les trois langues, à faire une standing ovation C’est ce qu’il aimait le plus à l’occasion des concerts.» Suivit une version de Bluesette» prolongée en Brabançonne puis l’hymne national Américain. La sortie de l’église se fit aux accents de What a Wonderful World», et le corbillard suivi par Huguette, sa sœur, son beau-frère, ses neveux, se dirigea lentement, à pied, vers le petit cimetière du village. Les applaudissements se prolongèrent longtemps. Toots aimait dire que sa musique se situe entre un sourire et une larme. Après les larmes, c’est son sourire que nous garderons gravé dans les sillons de ses merveilleuses mélodies. Toots fit par deux fois la couverture de Jazz Hot, fut le sujet de nombreux articles depuis les années cinquante, et participa à plusieurs interviews avec autant de gentillesse que de verve et d'esprit. Toute l'équipe garde le souvenir d'un homme chaleureux, direct et attendrissant, d'un grand artiste aussi dont les spectacles ont toujours ravi le public. L’équipe de Jazz Hot présente à son épouse Huguette, à sa famille et aux amis ses condoléances les plus HacquierPhotos Jean-Marie Hacquier, Jos Knaepen, Jacky Lepage et divers photographes non identifiés pour les photos historiques collection Jean-Marie HacquierRemerciements aux témoins pour leur disponibilité et les photos qu'ils ont transmises Richard Galliano, Michel Herr, Grégoire Maret… 1. En 1992, une plaque commémorative est inaugurée sur la façade de sa maison natale, rue Haute, en présence de Quincy Jones et Ray Bass Hits, éd. Le Cri, Herman Sandy a 95 ans. Cette photo qui date de l'été 1946 a sans doute été prise au Duc de Buckingham de THIELEMANS et JAZZ HOTn°110-1956, n°382-1981, n°426-1985 , n°519-1995, n°567-2000, n°652- les musiciens témoignent… Réactions recueillies et réunies par Jean-Marie Hacquier et Jérôme Partage Alain Bouchet tpMaxim Saury et moi avons fait deux concerts, à quelques mois d’intervalle, en première partie de Toots Thielemans. C’était au début des années quatre-vingt. Puis, on s’est revu à Paris. Nous jouions dans un club à Pigalle, et il est venu faire le bœuf avec nous. C’était extraordinaire! On s’est aussi retrouvés à La Nouvelle-Orléans où on a bu un pot ensemble. Enfin, on s’est croisés quelques fois... En plus d’être un musicien merveilleux, c’était un homme charmant. Je le compare en cela à Maurice André qui était également un être délicieux. Deux grands musiciens, plein d’humilité et de gentillesse. Richard Galliano acc, comp, arrToots était mon ami. Un grand virtuose bien sûr mais surtout un très grand musicien avec une grande science harmonique et une magnifique dimension mélodique. Quand à l’émotion, elle rejoint celle d’Astor Piazzolla. C’était un musicien unique, inimitable. D’ailleurs, je déconseille fortement aux jeunes harmonicistes d’essayer de l’imiter ce qui reviendrait, d’une part, à essayer de voler son identité et, d’autre part, de ne jamais lui arriver à la cheville. Écoutez Eyes of Love» et Bluesette» avec Quincy Jones. Toots était aussi un magnifique guitariste et siffleur génial. Il sera toujours dans mon cœur et dans ma musique. Merci Toots. Salut l’Artiste! Sean Gourley g, vocJ’ai rencontré Toots Thielemans lors d’une tournée en Belgique avec mon père, Jimmy, en 2005. On avait été invité par Roger Vanhaverbeke, et on avait notamment joué pour l’inauguration de la Jazz Station à Bruxelles. Vers la fin de la tournée, nous déjeunions à l’hôtel et voilà que débarque Toots Thielemans avec sa femme et son agent. Mon père le salue je n’ai jamais su s’ils avaient joué ensemble, et il s’installe à table avec nous. Moi, j’écoutais sagement. A un moment, il s’est adressé à moi Tu es le fils Gourley? – Oui, Monsieur. – Tu travailles à Paris, alors? – Oui.– Ah, les musiciens français…» Et il m’a regardé avec un grand sourire Ils cherchent, ils cherchent…» Et il n’en a pas dit plus rires. L’harmonica, c’est Toots et Stevie Wonder. La dernière chose que j’ai entendue de lui, c’est huit mesures avec Pat Metheny dès la première note, tu sais que c’est lui. Et en même temps, il se fond complètement dans le projet. C’est ça qui a fait sa dimension internationale son côté universel. Michel Herr p, comp, arr, dirQuel privilège et quel bonheur d’avoir pu jouer longtemps avec Toots! Partager la musique en temps réel avec lui, accompagner son cheminement musical sur scène est une expérience qui a fait de moi un meilleur savait raconter une histoire et captiver son public de bout en bout au fil d’un morceau, et le faire en y injectant une émotion, un lyrisme bouleversants. Il savait aussi alterner émotion et décontraction souriante. Il avait conquis le public par sa simplicité, mais ceux qui l’ont connu savent que c’était, à côté d’une personnalité d’une sensibilité à fleur de peau l’émotion lui montait souvent à la gorge et les larmes n’étaient jamais loin, un homme plus complexe. Il connaissait sa valeur, certes il était conscient de ce qu’il avait accompli et avoir joué avec Bill Evans ou Jaco Pastorius était source de fierté, mais il était aussi lucide et doté d’un sens critique aigu. Il ne faut pas oublier qu’avant de connaître le succès sur la scène internationale du jazz, il a traversé, après Benny Goodman et George Shearing, des périodes plus modestes, passant de studio en studio à New York pour siffler dans des spots publicitaires il a touché une pension américaine également comme siffleur!. La reconnaissance en tant que jazzmen et entertainer» est venue à l’âge mûr grâce à la Suède, la Hollande, le Brésil, l’Europe entière, grâce à Bluesette» et à quelques rencontres décisives Quincy Jones entre autres. Elle a explosé bien au-delà de la sphère du jazz musique de film, invité des pop stars, car la valeur ajoutée qu’il apportait à tous les contextes était a transcendé l’harmonica, faisant de son chrome sandwich» comme il disait un instrument complet, capable d’exprimer toutes les émotions dans un langage extrêmement élaboré. Il a propulsé l’harmonica dans une autre dimension; il était du niveau des plus grands instrumentistes de jazz. Par ailleurs, il fut aussi un guitariste raffiné, et on peut supposer que sa connaissance harmonique, développée sur la guitare, lui a permis d’aller très loin sur l’harmonica, harmoniquement et occupait une place importante dans son quotidien. Outre les anecdotes provenant de ses tournées américaines, de sa fréquentation des musiciens noirs, il savait trouver la formule caustique qui croquait» un personnage, une situation, une musique, en puisant dans ses racines tant bruxelloises qu’ commencé à l’accompagner occasionnellement, en remplacement de Rob Franken, son excellent pianiste hollandais. Lorsque celui-ci est décédé inopinément en décembre 1983, Toots m’a demandé de faire les dates prévues. Après quelques concerts, me tendant la farde de piano contenant les morceaux de son répertoire, il m’a dit tu peux mettre ton nom dessus». J’ai donc eu l’honneur d’accompagner Toots dans le monde entier jusque 2001. Avec son groupe européen surtout les bassistes Theo de Jong, puis Michel Hatzigeorgiou, et son fidèle Bruno Castellucci à la batterie. Mais Toots m’a aussi emmené dans ses bagages pour certaines tournées aux USA et au Japon, aux côtés de Riccardo Del Fra b et d’Américains comme Adam Nussbaum dm, Rufus Reid b, Ray Drummond b, Billy Hart dm, etc. Des moments inoubliables! Jouer avec Toots fut une expérience passionnante et exigeante, qui requérait un bagage étendu, beaucoup de souplesse et d’écoute. J’en suis sorti plus imprégné des valeurs essentielles de la Toots, les graines que tu as semées pousseront encore longtemps. Olivier Ker Ourio hcaToots a été un pionnier et il a amené l’harmonica jazz à son plus haut niveau. Il est parvenu à démontrer que c’était un instrument à part entière, et qu’il pouvait partager un langage commun avec les jazzmen. Pour moi, et pour beaucoup d’autres, il est une sorte de phare, de source d’inspiration, par la musique qu’il a développée, par la longévité de sa carrière, par l’ensemble de ses collaborations. Il m’a aussi inspiré humainement, par sa bienveillance, sa gentillesse, son lui ai téléphoné quand je vivais encore à La Réunion et que je rêvais d’être musicien. Il m’a d’emblée proposer de venir le voir quand j’en aurais la possibilité. Et la première semaine où je suis arrivé à Paris, je suis allé le rencontrer. Il m’a reçu chez lui, il m’a encouragé, il m’a donné des conseils précieux. Il m’a dit que j’avais mes racines, qu’on les entendait dans mes compositions et que mon chemin était déjà tracé. Venant de lui, ça m’a donné une vraie confiance. Quelques temps plus tard, il m’a invité sur la scène du Petit Journal Montparnasse alors que j’étais venu en simple spectateur. J’étais tout tremblotant, et il m’a serré dans ses bras pour m’encourager. C’était ça Toots. Sal La Rocca bC’était pour nous un patriarche, un sage, ce qui devient un peu rare. Quelqu’un qui avait vécu une grande partie de l’histoire du jazz, et qui le transmettait avec beaucoup d’amour. J’ai joué une bonne quinzaine de fois avec lui en dix ans. Il me donnait des petits conseils. Par exemple, il disait souvent Play no more, no less». Tout ça m’a nourri et m’a guidé. Il était comme Jacques Pelzer, Steve Grossman, avec cette bienveillance vis à vis des jeunes qui débutent ou mêmes des un peu moins jeunes. De temps en temps, en tournée, il nous sortait une petite anecdote avec Billie Holiday ou Lester Young. Nous l’écoutions alors comme des enfants. Malgré cette dimension d’un autre monde, il était très humble avec un humour typiquement belge. Il était à la fois un Bruxellois de base et l’un des plus grands artistes que le jazz ait porté. Joe Lovano tsToots était un phare pour nous tous. Il nous manquera et nous ne l’oublierons pas. Connaître the grand Maestro di Maestri, Toots Thielemans, a été l’une des expériences les plus inspirantes de ma vie. Lorsqu’il a accepté de participer à l’enregistrement de mon disque Flights of Fancy Trio, Fascination, Volume 2 Blue Note, j’étais aux anges. Lui, Kenny Werner et moi avons joué comme un ensemble complet avec un flot d’idées musicales extraordinaires. Toots, c’était la mélodie pure et un véritable génie de l’expression. L’avoir au téléphone était également réjouissant il pouvait jouer quelques phrases à l’harmonica aussi naturellement qu’il pouvait avoir une conversation. Je raccrochais en riant, je prenais mon sax et j’essayais de répéter quelques-unes de ses phrases…J’ai participé à la célébration de son 80e anniversaire, au Carnegie Hall à New York, avec Kenny Werner, Herbie Hancock, Ivan Lins et beaucoup d’autres. Ce fut une soirée incroyable! Au cours des années, il nous est arrivé de nous retrouver sur des scènes de festivals. En 2004, nous étions à Pescara, lui avec son quartet et moi avec le mien dont faisait partie un autre grand maître Hank Jones. Toots et Hank avait une relation très particulière, datant de 1947 quand Toots était venu pour la première fois à New York et s’était joint aux musiciens d’Howard McGhee. Hank était alors au piano. Au cours de cette soirée à Pescara, Toots est venu interpréter avec nous I Can’t Get Started», le même morceau qu’il avait joué avec Hank à l’époque. Ce fut un moment magique. Toots donnait des frissons quand il jouait. On sentait toute sa passion et son amour. Viva Toots Thielemans! Grégoire Maret hcaPour moi, Toots est une sorte de père spirituel. Je l’ai rencontré à 17 ans. Il m’avait demandé de jouer un morceau pour lui. Evidemment, j’étais mort de peur. J’ai fait ce que j’ai pu. Mais il a su discerner mon potentiel. Il m’a donné un conseil que je n’ai pas oublié Si tu aimes ma manière de jouer, sers t’en comme exemple pour t’en éloigner et créer ton propre style.» Toute ma démarche de musicien se résume dans cette phrase. C’était aussi quelqu’un d’une grande générosité, d’une grande sincérité et surtout d’une grande simplicité. Il m’a influencé tant au niveau musical qu’humain. Il venait me voir quand je jouais en Belgique. On a même fait une jam ensemble. Et quand il était à New York, il m’appelait toujours. On se voyait, on discutait. Un jour, il a dû annuler un concert à San Francisco car il était trop fatigué. Et il a demandé à ce que ce soit moi qui le remplace et joue avec son groupe Kenny Werner, etc.. On se connaissait bien, on se parlait souvent au téléphone. Sa disparition m’a profondément touché. Il était vraiment impressionnant, par ses connaissances, sa manière de jouer les standards, son concept harmonique qui a évolué au fil du temps d’abord bebop, hard bop, puis il a développé un style totalement nouveau à une époque les années soixante et soixante-dix où le blues était très en vogue. Son style était différent du blues mais s’inspirait des sons qu’on pouvait obtenir avec l’harmonica diatonique il tordait les notes. Il est le premier à avoir eu une expression à l’harmonica très proche de la voix, avec un jeu très émotionnel. Et encore ce n’est qu’un aspect de sa personnalité de musicien qui était incroyable. Jean-Jacques Milteau hcaJe suis venu à l’harmonica par le blues, et je n’ai découvert Toots qu’au début des soixante-dix par ses enregistrements live de chez Polydor que j’avais trouvé à Bruxelles. C’était avant internet; on allait à la musique plutôt qu’elle ne venait à nous! J’ai eu ensuite l’occasion de le voir maintes fois sur scène, d’échanger et même de jammer avec lui dans des circonstances très émouvantes. Je me rappelle d’une discussion sur les caractéristiques différentes de la colonne d’air du joueur d’harmonica diatonique et de celui qui pratique le chromatique. Je crois que Toots avait commencé l’harmonica sur les conseils d’un médecin parce qu’il était asthmatique quand il était gosse. Il m’a fait poser la main sur son ventre; il n’utilisait pas du tout le diaphragme pour ponctuer ses phrasés contrairement aux joueurs de blues. Dans les années quatre-vingt, il a été victime d’une attaque qui l’empêchait de jouer de la guitare. Pendant un moment, son jeu d’harmonica si virtuose auparavant, s’est concentré sur l’essentiel, gagnant encore en sensibilité. Toots était un musicien sans concession mais un homme d’une extrême gentillesse. Une bonhommie belge qui ne l’a pas empêché de devenir un maître considéré dans le monde entier. Une longue et belle vie qui laisse un héritage particulièrement riche et inspirant. Rhoda Scott orgJ’ai rencontré Toots en Belgique où j’ai souvent travaillé. Il était venu spontanément se joindre à moi sur scène. Et chaque fois que nous nous retrouvions, il faisait de même. Parfois, il commençait même à jouer de la table où il était assis. L’harmonica et l’orgue se marient très bien. Ce sont deux sons très distincts mais très bien assortis. Une année à Dinant, on préparait la liste des morceaux pour un concert. Quelqu’un lui a demandé s’il allait jouer Bluesette». Il n’en avait pas vraiment envie. Et je lui ai proposé de jouer For My Lady», le titre qu’il avait composé pour sa femme. Il était surpris que je le connaisse. Ça lui a fait très plaisir. Et il a dit à l’organisateur qui me l’a rapporté Elle est mignonne Rhoda!» rires. D’ailleurs, je joue régulièrement For My Lady», presque plus souvent que Bluesette». Mais à partir de maintenant, je jouerai les deux en souvenir de lui. Toots était connu partout dans le monde, il savait se fondre dans tous les styles. C’est sans doute lui qui a joué avec le plus de musiciens différents. Avec Django Reinhardt, il est le musicien européen qui a le plus marqué l’histoire du jazz. Aurore Voilqué vlnJ’ai rencontré Toots Thielemans lors d’une master-class à Barcelonnette, pendant le festival Les Enfants du Jazz, il y a plus de vingt ans. J’avais 17 ans. J’ai été subjuguée par sa simplicité et sa gentillesse. Ça se lisait sur son visage qu’on aurait dit sorti d’un dessin animé. Plutôt que de nous parler de technique, il nous racontait des histoires. Il était dans le vrai de la vie. Ça a été une expérience extraordinaire. Toots, l'équipe de Jazz Hot se souvient… Jean-Marie HacquierDans les années 50’ et 60’, Toots faisait presqu’exclusivement carrière aux Etats-Unis, dont il avait pris la nationalité. Il revint plus régulièrement à Bruxelles dans les années 70’, faisant la navette entre son domicile de New York et son appartement à Anderlecht, derrière le stade de foot. C’est Roger Vanhaverbekeb qui l’avait incité à l’accompagner en concert dans quelques clubs belges. En 1975, je suis allé chez lui, à Anderlecht, pour négocier son passage dans mon Jazzland de Liège. Il accepta aussitôt en précisant bien que je devais garder secret le cachet modeste payé au quartet. Il a fait une thrombose en 1981, et lorsqu’il est venu jouer au Casino d’Ostende au cours de l’Oostende Rhythm’n Jazz Festival en 83 ou 84, je me souviens qu’il faisait des exercices avec une balle en mousse dans la main gauche pour assouplir celle-ci. Sur scène, il essayait encore de jouer quelques traits de guitare comme The Mooche» ou Satin’ Doll». Pour ce faire, Bruno Castellucci se postait derrière lui et faisait les accords. C’était à la fois drôle et triste. Huguette, sa seconde épouse, a été d’un grand secours, continuellement à ses côtés après le décès inopiné de Dirk Gots, son manager. Je pense que sans elle, il n’aurait pas vécu si longtemps. Quand je téléphonais chez lui, dans sa fermette de La Hulpe, Huguette me disait qu’il pratiquait son harmonica tous les matins, au réveil, dans son lit. Son petit sandwich en métal» il en avait plusieurs l’accompagnait partout, et il ne manquait pas de souffler quelques notes au milieu d’une conversation. Il a dû beaucoup souffrir de ne plus donner de concerts… Serge BaudotJouant de l’harmonica chromatique pendant mon adolescence j’avais deux dieux, Larry Adler et surtout Toots Thielemans. Et voilà qu’en juillet 1999, lors de sa venue à Jazz à Toulon, j’ai eu la chance de passer une longue après-midi avec lui, en marge de mon interview parue dans Jazz Hot Jazz Hot N°567. Après-midi pendant laquelle il m’a raconté sa vie musicale depuis l’enfance dans le bistro de ses parents jusqu’à ce jour de 1999. Sans parler de multiples autres conversations. J’ai découvert un homme charmant, simple, touchant, d’une très grande sensibilité et d’une non moins grande gentillesse, alliée à un profond respect pour les autres. C’était aussi un homme joyeux, plein d’humour, parfaitement content de sa me raconta sa rencontre avec Miles Davis qui lui dit "Moi je suis Miles, toi tu es Toots. Touche ma peau. Attention tu vois, tu touches la peau de ton idole!» A ce moment-là, l'expression des Noirs pour un Blanc, c'était "caucasian” Et Miles dit devant tout le monde He's really a caucasian, indeed.» C’est un vrai caucasien, Toots dit cela en imitant la voix de Miles. Tout le monde rigolait, et moi je tremblais en me demandant ce qu'il voulait dire, alors, avec mon accent européen, je lui ai dit No Miles, I'm not from Russia, I am from Belgium.» Non Miles, je ne suis pas russe, je suis belge. Eh bien sûr, éclat de rire général! Mais ils étaient gentils. Alors Bird dit comme ça il l’imite Miles leave my boy alone!» Miles, fiche la paix à mon copain.” Il me raconta encore comment Miles l’avait pris sous son aile et protégé. 50 ans après, il pleurait d’émotion en me racontant ces anecdotes avec Miles. Il avait une belle faculté d’imitation. Il me fit plus tard un festival en imitant les voix de Miles, de Bird et de Louis Armstrong, allant même jusqu’à chanter des solos de chaque fois que je l’ai revu, il m’a manifesté la même chaleur, je peux dire la même, non, amitié serait trop fort, la même parut dans Jazz Hot en février 2000 avec sa photo en première page et une autre photo pleine page à l’intérieur. Il m’appela avec des sanglots de joie dans la gorge pour me remercier, ainsi que la revue, et dire que le numéro avait un grand retentissement en Belgique. On parlait de lui à la radio, à la télé, il eut droit à un timbre postal à son effigie, me dit-il. Et puis un jour, il m’appela de Boston, il me dit qu’il était allongé sur son lit, la guitare sur son ventre Tu sais, la compagnie de téléphone a pris quelques notes et me donne le téléphone gratuit en échange. Alors comme ça je peux t’appeler, et je vais te jouer ton thème préféré Round About Midnight» à la guitare. Cette fois, c’était à mon tour de pleurer d’émotion ce jour-là; de tristesse aujourd’ les réseaux sociaux et la presse…Jean-Pierre Bissot Gaume Jazz FestivalAu revoir l’artiste, Jean Toots Thielemans! Repose en paix auprès des nombreux amis qui t’attendent là-bas. Tu as semé des graines musicales de bonheur et d’amour, aux USA, en Europe, puis… chez nous. Tu es resteras un exemple pour nous tous. Ta curiosité musicale était toujours en éveil, ton talent se forgeait dans la rigueur d’un travail constant. Tu as joué avec tous les grands noms. Tu prenais soin de rester accessible à tous. Tu participais à l’éclosion des jeunes talents. Nous avons fêté tes 75 ans au Gaume Jazz Festival en 1997 avec une fête initiée par de jeunes jazzmen belges Ivan Paduart et Peter Hertmans, puis, en 1999, tu répondais présent à la carte blanche pilotée par Michel Hatzigeorgiou et son hommage à Jaco Pastorius immortalisé par une terrible captation de la RTBF-TV – sûr que ça doit ressortir! aux côtés de Julius Pastorius fils de… et d’Othello Moulineaux/Peter Graves. Puis, en 2000 c’est avec ton European Jazz Quartet que tu revenais à Rossignol en acceptant de devenir le parrain du Gaume Jazz Festival. Nous te promettons d’en rester dignes. Salut l’ami! FacebookBruno Castellucci dmQuelque part, on s’y attendait après sa chute, l’hospitalisation, l’opération. J’allais le voir presque tous les jours. Je l’ai encore vu samedi dernier. On a encore fait de l’humour bruxellois ensemble; on a ri. … Mais il me disait qu’il était près de la sortie. C’était un géant mais il avait beaucoup d’humilité. Le Soir, quotidien, Belgique Philip Catherine gJ’étais encore allé le voir la semaine dernière. Il aimait raconter des blagues mais, ces derniers temps, ce n’était pas très rigolo pour lui. La musique, c’était toute sa vie. En fait, il devait s’ennuyer. Jouer avec lui a été un honneur, mais, surtout un plaisir. Je ne connais aucun musicien qui n’ait pas eu envie de jouer avec lui. Il avait plein d’idées, un sac de phrases, une grande capacité d’improvisation, une grande liberté. J’avais beaucoup de respect pour lui. Il avait un son immédiatement reconnaissable, un phrasé unique; il était rigoureux mais aussi très sensible à l’émotion. Sa musique semblait facile, mais il y avait un gros travail en amont. Le Soir, quotidien, BelgiqueQuincy Jones tp, producteurRepose en paix mon Oncle Be-Bop» Toots Thielemans, l’un des plus grands musiciens de notre temps. Je n’oublierai jamais les innombrables albums sur lesquels nous avons travaillé. Chaque fois que je me préparais à entrer en studio, je t’appelais. Tu es le meilleur harmoniciste que le jazz ait jamais produit. Dieu te bénisse Stank*! Tu as laissé un trou béant dans mon cœur.* Surnom donné à Toots par Quincy Jones. FacebookPascal Mesmaeker Toots Jazz Festival de La Hulpe *J’aime Toots, c’est mon musicien préféré. A la guitare, il avait déjà ce phrasé qu’on lui connait aujourd’hui à l’harmonica… J’ai les jambes qui flageolent en évoquant un homme simple et cordial, mais je suis heureux au vu de sa prodigieuse carrière dont nous allons, bien entendu, perpétuer et transmettre la mémoire.».* le deuxième Toots Jazz Festival de la Hulpe se déroulera du 9 au 11 septembre 2016 FacebookHein Van de Geyn bCet homme, si plein de musique, de curiosité, de gentillesse et de bonté. Cet homme était si profond et à la fois très léger. Il pouvait entrer en communion avec des milliers de gens sans perdre de vue l’essentiel ce flot de musique qui venait du plus profond de lui, de son cœur, de son âme, de son esprit, de son intuition. Cet homme qui pouvait envelopper les idées musicales les plus avancées dans un langage compréhensible par tous. … Ayant pu jouer, voyager, parler et vivre des centaines de concerts et de tournées avec Toots, il a laissé une trace profonde dans ma musique et dans mon esprit. Je serais un homme différent sans lui. Facebook Henri Vandenberghe Brossella JazzParrain du festival Brosella depuis 1986, Toots Thielemans a joué le premier concert du festival en 1987 avec Philip Catherine… Il avait une chaleur humaine qu’on trouve rarement à ce point-là chez les grands musiciens. Quand il montait sur scène, il disait bonjour à tout le monde, et on entendait courir une souris. Tout le monde écoutait. Il avait ce charisme, cette approche, ce respect vis-à-vis de son public. Il a d’ailleurs arrêté de jouer par respect pour lui-même, par respect pour le public, parce qu’il n’était plus sûr de donner la qualité minimale. C’est quelqu’un qui a continué à chercher jusqu’à son dernier concert quelles notes étaient de trop dans sa musique». FacebookKenny Werner pJ’ai perdu un grand ami la nuit dernière et le monde l’un des plus grands musiciens de tous les temps. Toots était admiré par les artistes de tous genres musicaux. Vous ne pouvez pas définir ou enseigner l’expression émotionnelle d’une phrase musicale que Toots trouvait dans son sandwich de chrome. Il a fait de ce petit instrument une force du cœur. …Je crains que ce soit une perte du même ordre que Mel Lewis, Ornette Coleman ou Billie Holiday. Avec le temps, la musique engrange quelques gains mais des choses importantes sont toujours perdues. FacebookToots, de son vivant, vu par…Herbie Hancock p, arr, compIl a une manière de vous transpercer le cœur avec la vitalité du son qu’il produit. Il y a quelque-chose qui passe dans l’esprit des hommes quand il joue!in DVD-RTBF L’Histoire d’un Ketje de Bruxelles, 2008Nathalie Loriers pIl ne se contente pas de jouer les notes, il a toujours cherché les notes les plus expressives. Il ne se contente pas de jouer les phrases, il donne une expression à chaque note.in DVD-RTBF L’Histoire d’un Ketje de Bruxelles, 2008SELECTION DISCOGRAPHIQUE par Jean-Marie Hacquier1958. Man Bites Harmonica, Riverside 11225 Kenny Drew, Pepper Adams, Wilbur Ware, Art Taylor1959. The Soul of Toots Thielemans, Fresh Sound 1651/543 Ray Bryant, Oliver Jackson1962. The Whistler and His Guitar, ABC-Paramount 4821969. Elis Regina-Toots Thielemans, Aquarella Do Brasil, Verve 836844-21974. Toots Thielemans Live, Polydor 2491-0031974. Toots Thielemans-Philip Catherine & Friends, Keystone 7021979. Affinity, Warner Bros. 56 617 avec Bill Evans1980. Live in the Netherlands, Pablo/OJC 930-2 avec NHØP1980. Summertime, Pablo/OJC 626-2 coleaders Dizzy Gillespie, Mongo Santamaria1983. Jaco Pastorius, Invitation, Wounded Bird 38761984. Bringing It Together, Cymekob Records 801 coleader Stéphane Grappelli1986. Ne me quitte pas-Do Not Leave Me, Milan 361071989. Footprints, Verve 846 650-21991. For My Lady, Verve 510 133-2 coleader Shirley Horn1992. The Brazil Project, Private 01005 – 82101-21994. East Coast-West Coast, Private 01005 – 82120-21994-98. The Live Takes, Quetzal 1081998. Chez Toots, Private Music 01005 82160 22001. Toots Thielemans/Kenny Werner, EmArcy/Universal 014 722-22006. One More for the Road, Verve 6024 9 873776 72010. European Quartet Live, Challenge Jazz 701602014. Trilogy, 5003797SITE une discographie complète, vous pouvez vous reporter au Jazz Hot n° 652, 2010BIBLIOGRAPHIEToots par Marc Danval, 2014, éd. Racine, BruxellesDictionnaire du Jazz à Bruxelles et en Wallonie, s/dir. de Jean-Pol Schroeder, éd. Pierre Mardaga, 1991 FILMOGRAPHIE2009. Toots Thielemans, L'incroyable destin d'un ketje de Bruxelles, de Pierre Barré et Thierry Loreau, RTBF/La UneVIDEOS par Guy Reynard1969 ELIS REGINA E TOOTS THIELEMANS - Wave..Together Jaco Pastorius & Toots Thielemans - Sophisticated Lady Toots Thielemans Collection on Late Night, 1982-85 TOOTS THIELEMANS IN NEW ORLEANS - 1988 Rachelle Ferrell & George Benson, Toots Thielemans at the Montreux Jazz Festival 1991 Sting & Toots Thielemans - Shape Of My Heart Toots Thielemans, Philip Catherine, Fabien Degryse Bluesette» Toots Thielemans Imagine John Toots Thielemans and Stevie Wonder, Polar Music Award Toots Thielemans - Bluesette Quincy Jones & Toots Thielemans Cave , Charlie Haden , Toots Thielemans & David Sanborn - ’’Hey Joe’’ -live Thielemans Brazil project Thielemans and Peggy Lee-Makin Whoopee Thielemans- Backstage Interview
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Conférence donnée par l'auteur le mardi 27 mars 2012 au Conservatoire de Paris, Salon Vinteuil, dans le cadre du séminaire doctoral organisé par la direction des études musicales et de la recherche du Conservatoire sur le thème "Les clés de l'interprétation aujourd'hui". Introduction Le peu d’attention accordé par les étudiants aux signes de pédale indiqués dans la partition est étonnant. Récemment, j’ai montré à un étudiant les indications de pédale qui se trouvent au début de la légende de Saint François de Paule marchant sur les flots de Liszt Franz Liszt, Légende n° 2 Saint François de Paule marchant sur les flots, Paris, Heugel. En retour, je n’ai eu que doute et interrogation. Lors de mes études, j’ai entendu à de nombreuses reprises dire que les signes de pédales n’étaient pas bien indiqués, ou que peut-être ils n’étaient réalisables que sur des instruments de l’époque. J’ai donc souhaité comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à ne pas prendre au sérieux les indications de pédale notées par les compositeurs, en dépit de leur présence dans de nombreuses éditions urtext. Pour tenter de comprendre quel était l’utilisation du registre qui lève les étouffoirs, je vous propose de faire une expérience sonore et d’examiner successivement - les instruments et leurs systèmes pour lever les étouffoirs, - les méthodes, - puis de voir quels sont les changements qui interviennent à partir de 1875. Les instruments On peut schématiser et dire que le pianoforte a eu deux ancêtres. Le premier est le gravicembalo col piano e forte de Bartolomeo Cristofori. C’est un clavecin à marteaux qui permet de jouer piano et forte1. Chaque note est pourvue d’un étouffoir qui arrête les vibrations des cordes lorsque l’instrumentiste relève le doigt de la touche. Conçu comme un clavecin, il ne possède ni registre manuel ni pédale qui permettraient de lever tous les étouffoirs pour laisser toutes les cordes résonner. Le second est le tympanon, notamment le tympanon géant inventé vers 1697 par Pantaleon Hebenstreit 1669-1750, musicien saxon qui fascina l’Europe entière avec son instrument dont les sons semblaient flotter dans les airs. Vingt ans plus tard, on retrouve dans les instruments de Gottfried Silbermann les deux ancêtres réunis. Ces instruments2 peuvent se jouer avec ou sans étouffoirs, grâce à deux manettes, situées de chaque côté du clavier, que l’on peut actionner en quittant un instant le clavier et qui lèvent les étouffoirs, respectivement dans les aigus et dans les graves. On trouve encore le même système pour lever les étouffoirs dans les pianoforte de son neveu Jean-Henri Silbermann, trente ans plus tard. Pianoforte Jean-Henri Silbermann, vers 1776, collection privée. Dans la deuxième partie du Versuch über die wahre Art das Clavier zu spielen publié à Berlin en 1762, Carl Philipp Emanuel Bach parle des pianoforte et du jeu sans étouffoirs Le registre sans étouffoirs du pianoforte est le plus agréable et, si l’on sait user d’une nécessaire prudence à cause de la résonance, le plus charmant pour improviser. »3 Bach, C. P. E., 1762, p. 327. Dès le début, les pianoforte sont pourvus de registres qui permettent de laisser résonner tout ou partie des cordes, laissant ainsi le son flotter dans l’air à la manière d’un tympanon. Pianoforte Christian Baumann, Deux-Ponts, 1782, collection privée. Pianoforte Christian Baumann, Deux-Ponts, 1782, registres. Pour illustrer musicalement le texte de C. P. E. Bach, je vous propose d’écouter le Prélude KV 284a de Mozart, joué sur un pianoforte carré de Christian Baumann Deux-Ponts, 1782 avec tous les étouffoirs levés dans la première partie, qui ressemble à une improvisation, puis seulement avec les étouffoirs levés dans l’aigu dans la deuxième partie, d’un style plus strict4. Ecouter Mozart, Prélude KV 284a Dès les débuts du pianoforte vont se côtoyer et se mêler les deux esthétiques issues, d’une part, du gravicembalo col piano e forte de Bartolomeo Cristofori et, d’autre part, du tympanon géant inventé vers 1697 par Pantaleon Hebenstreit ; d’un côté un jeu clair où la durée de chaque note est déterminée par le doigt du musicien, de l’autre un jeu où chaque note flotte dans l’air au milieu d’un halo sonore. On voit sur les premiers pianoforte, par la disposition des manettes destinées à lever les étouffoirs, que le système fonctionne bien comme un registre, au même titre qu’un registre de clavecin ou d’orgue, c’est-à-dire un registre qui change la couleur. Par la suite, les facteurs adapteront soit un système de genouillère ou de pédale qui permettra de lever les étouffoirs tout en jouant, sans avoir à lever les mains du clavier. Les méthodes Cinq méthodes vont nous donner plus d’informations sur la manière d’utiliser le registre qui lève les étouffoirs. La première est de Philipp Jacob Milchmeyer Francfort-sur-le-Main, 1749-Strasbourg, 1813, personnalité étonnante, qui se consacre à la fois à la facture instrumentale et à l’enseignement du pianoforte, ainsi qu’à la publication didactique de musique pour le pianoforte. En 1797, Milchmeyer publie à Dresde sa méthode intitulée Die wahre Art das Pianoforte zu spielen. C’est l’une des toutes premières méthodes destinées uniquement au pianoforte. Elle s’adresse à tous ceux qui n’ont pas de professeur ainsi qu’aux maîtres de musique des petits villages. Dans sa méthode, Milchmeyer explique qu’il enseigne depuis vingt-quatre ans, dont dix-huit ans passés à Paris et à Lyon, et qu’il a enseigné également dans les pays germaniques, à Vienne, Dresde, Munich et Berne. Il explique l’utilisation du registre qui lève les étouffoirs. Il faut rappeler plusieurs points concernant les étouffoirs ils peuvent créer les plus belles choses, mais aussi les plus abominables, selon qu’ils sont utilisés avec goût ou mal utilisés ; car dans ce dernier cas tous les sons se mélangent et donnent une sonorité à ce point insupportable que l’on voudrait se boucher les oreilles. Je veux donc essayer de montrer clairement l’utilisation de ce registre au moyen de plusieurs exemples. Avec ce registre on peut tout d’abord imiter le son de petites cloches ; il faut jouer la main droite tout en haut du clavier et chaque note mezzo forte, pendant que la main gauche accompagne au milieu, avec un jeu lié et pianissimo. » Milchmeyer, 1797, p. 595 Philipp Jacob Milchmeyer, Die wahre Art das Pianoforte zu spielen, Allegrop. 59. Le tempo allegro de cet exemple est possible car les notes de la main droite, jouées mezzo forte dans l’aigu de l’instrument, n’ont pas un volume très important et ne vont donc pas trop se mélanger. Milchmeyer prend soin d’indiquer pianissimo pour la main gauche, afin que les notes d’accompagnement jouées dans le milieu du clavier conservent leur clarté sans gêner le chant. Les indications de dynamiquesont données avec une grande précisionet correspondent parfaitement à la pratique des instruments de l’époque. À la quatrième mesure, Milchmeyer indique de laisser les étouffoirs redescendre sur les cordes, pour ne les relever qu’au début de la seconde partie. Il crée ainsi une césure, comme une virgule ou une ponctuation auditive. On voit que le registre des étouffoirs est utilisé pour laisser résonner les notes comme sur un tympanon, mais qu’il faut maîtriser parfaitement les plans sonores pour que les mélanges occasionnés, comme ici dans les harmonies de la main gauche, soient perçus comme une coloration de la musique et non comme une confusion désagréable. Il passe ensuite en revue différents cas d’utilisation du registre des étouffoirs Dans une pièce avec un tempo lent, si l’on joue la main droite pianissimo et de manière liée, que l’on joue un chant mezzo forte dans les basses, avec tous les étouffoirs levés et le volet d’expression fermé, on peut très bien imiter un duo de deux hommes qui seraient accompagnés par un instrument. » Milchmeyer, 1797, p. 606 Philipp Jacob Milchmeyer, Die wahre Art das Pianoforte zu spielen, Adagiop. 60. Le tempo lent permet de faire chanter la mélodie dans les graves, sans que le mélange des harmonies de tonique et de dominante ne soit dérangeant. La main droite doit être jouée de manière liée, précise Milchmeyer. On trouve dans la méthode la description du jeu lié, qui correspond parfaitement à la situation de cet exemple Tous ceux qui jouent du pianoforte devraient, pour tenir compte de l’instrument, choisir de jouer de manière liée, car les notes frappées et hachées ne conviennent pas du tout à l’instrument, il faut plutôt le flatter d’une manière douce. Cependant il y a toujours des exceptions ainsi, par exemple, je n’aime pas cette manière liée de jouer dans les roulades, dans les chromatismes et autres divers chants de la basse, parce que la longue résonance des grosses cordes génère des sons dissonants. Mais des morceaux composés seulement des notes réelles de l’accord, fussent-elles consonantes ou dissonantes, seront exécutés de façon parfaite par cette manière de jouer. Elle rend le son du pianoforte doux et en quelque sorte velouté, et l’on peut ainsi rendre les sons aigus de l’instrument, qui ont tendance à une certaine dureté et sécheresse, plus doux et amollis. » Milchmeyer, 1797, p. 67 Philipp Jacob Milchmeyer, Die wahre Art das Pianoforte zu spielen, Andantep. 61. Milchmeyer continue Lorsqu’on joue la main droite mezzo forte, sans étouffoirs et avec le volet fermé, on peut soutenir une note qui doit résonner longtemps soit par une attaque rapide, soit par la vibration du marteau contre les cordes. On peut ainsi imiter une voix féminine, mais il faut pour cela que la main gauche joue la basse mezzo forte et l’accompagnement pianissimo. À chaque changement [d’harmonie], afin d’éviter le désagrément qui se forme par de nombreuses résonances des sons, il faut ainsi étouffer la dernière note de l’accord et jouer aussitôt la première note de l’accord suivant sans étouffoirs. » Milchmeyer, 1797, p. 618 Milchmeyer note avec grande précision les différents plans sonores de l’accompagnement. La réalisation des notes répétées n’est véritablement possible que sur une mécanique à simple ou double pilote. La remarque sur la nécessité de changer la pédale, lorsque le mélange des sons n’est pas bon, est très intéressante. En effet, l’exemple donné ne comporte aucun signe de changement de pédale. En le jouant j’ai remarqué que le mélange des harmonies de fa majeur et de do majeur avec septième ne choque pas du tout si l’on respecte bien les indications dynamiques données. Le mélange d’harmonies n’est donc pas considéré comme dissonant. Ce sont, comme Milchmeyer l’indiquait plus haut dans sa description du toucher lié, les notes conjointes, les chromatismes dans les basses, qui sont considérés comme véritablement dissonants. Il est très intéressant de noter que Milchmeyer précise la manière d’utiliser le registre des étouffoirs, pratique qui ne correspond pas à la nôtre aujourd’hui. En effet, il dit qu’il faut étouffer la dernière note de l’accord pour pourvoir jouer la première note de l’accord suivant sans étouffoirs. Cette pratique diffère de la pratique moderne, que l’on nomme pédale syncopée ; les étouffoirs sont baissés au moment où la première note de la nouvelle harmonie est jouée puis ils sont immédiatement relevés pour laisser à nouveau les cordes vibrer. La pratique décrite par Milchmeyer sera encore utilisée tout au long du XIXe siècle. Philipp Jacob Milchmeyer, Die wahre Art das Pianoforte zu spielen, Allegrop. 62. Milchmeyer cite d’autres cas de figure On peut très bien réaliser un decrescendo qui imite par exemple le coucher du soleil. On commence le trait fortissimo avec le volet ouvert et sans étouffoirs ; lorsqu’on a atteint le piano on laisse peu à peu le volet descendre et on termine pianissimo avec les étouffoirs. » Milchmeyer, 1797, p. 619 Le registre des étouffoirs participe donc également à la réalisation des dynamiques ou nuances. Philipp Jacob Milchmeyer, Die wahre Art das Pianoforte zu spielen, Adagiop. 63. L’harmonica10 peut très bien être imité sans étouffoirs ; il faut seulement le traiter conformément à son véritable caractère, comme pour chaque instrument que l’on veut imiter. En général l’harmonica requiert des pièces de caractère très expressif, un tempo lent, et de longues notes tenues et chantantes. Mais pour réussir à créer sur le pianoforte un chant soutenu, il n’y a pas d’autre moyen que d’attaquer la note avec une certaine vitesse, ou de faire vibrer rapidement le marteau contre les cordes, comme je l’ai rappelé précédemment. Toutes les notes du chant et de l’accompagnement doivent faire partie du même accord. Si l’on change d’accord, les sons du précédent accord doivent, si l’expression le permet, disparaître peu à peu ou être étouffés, et les sons du nouvel accord doivent être joués tout de suite sans étouffoirs, car, sans cette précaution, la résonance des notes jouées précédemment créerait avec les nouvelles un mélange abominable. » Milchmeyer, 1797, p. 6211 Milchmeyer note à nouveau avec soin les différents plans sonores les basses forte et le reste piano. Cet exemple ne pose aucun problème de confusion sonore. En effet, si l’on prend soin de respecter les dynamiques notées, les sons s’éteignent progressivement et il n’est pas nécessaire d’abaisser les étouffoirs – ce qui risquerait d’ailleurs de rompre le charme. Milchmeyer précise bien que ce sont les traits ou les passages chromatiques qui engendreraient des mélanges abominables. On voit donc peu à peu se dessiner assez clairement quels sont les mélanges sonores possibles ou non. La deuxième méthode de notre étude est celle de Jean-Louis Adam 1758-1848. Né à Muttersholtz près de Sélestat, Bas-Rhin, il se rend à Paris en 1775. Il est nommé professeur au Conservatoire de Paris en 1797, et ne prendra sa retraite qu’en 1848. Parmi ses nombreux élèves figurent F. Kalkbrenner, F. Chaulieu, Henri Lemoine, Mlles Beeck, Basse et Renaud d’Allen, Herold, Callias, Rougeot, Bréval fils, entre autres. Fraîchement créé, le Conservatoire décide de publier des méthodes pour chaque instrument. Les premières motivations à la rédaction de cette collection de méthodes sont d’abord d’ordre politique. L’État souhaite en effet former ses propres musiciens et mettre un terme à la dépendance musicale de la France vis-à-vis des monarchies, et en particulier celles d’Allemagne et d’Italie. Chaque méthode est censée représenter ce qui se fait de mieux pour chaque discipline. Cela explique la cosignature d’un comité d’enseignants, car confier l’enseignement à un unique professeur serait en limiter la portée. Adam est ainsi désigné pour rédiger la méthode pour le pianoforte. Il va expliquer l’utilisation des pédales dans le chapitre dix, intitulé De la manière de se servir des pédales » Beaucoup de personnes croyent que la grande pédale [qui sert à lever les étouffoirs] ne doit s’employer que pour exprimer le forte, mais elles se trompent ; cette pédale qui laisse vibrer les sons indistinctement ne produira qu’une confusion de sons désagréable à l’oreille, nous allons donc indiquer la manière de s’en servir. La grande pédale ne doit être employée que dans les accords consonants, dont le chant est très lent, et qui ne changent point d’harmonie ; si ces accords sont suivis d’un autre qui n’a plus de rapport ou qui change l’harmonie, il faudra étouffer le précédent accord et remettre la pédale sur l’accord suivant, en ayant toujours soin de la lever avant chaque accord dont l’harmonie ne sera pas la même que dans le précédent. » Adam, 1805, p. 218-219 On retrouve ici les mêmes prescriptions que chez Milchmeyer. On voit, dans les exemples qui accompagnent cette explication, que le fait de mélanger certains accords, en général les premier, quatrième et cinquième degrés d’une gamme, n’est pas considéré comme une véritable modulation, et donc que l’on peut les garder dans la même pédale. Notons au passage que la pédale se met sur le temps, simultanément à l’apparition de la nouvelle harmonie, comme le décrit également Milchmeyer. En général on ne doit jamais se servir de cette pédale pour exprimer le forte que [sic] dans les mouvemens lents, et quand il faudra soutenir pendant plusieurs mesures la même basse ou la même note de chant sans interruption ou changement de modulation. On sent aisément, que si l’on appliquoit la pédale à un chant d’un mouvement vif ou mêlé de gammes, les sons se confondroient de manière qu’on ne pourroit plus distinguer le chant. Rien ne produit un plus mauvais effet, que lorsqu’on exécute avec cette pédale des gammes chromatiques dans un mouvement vif, ou des gammes par tierces. C’est cependant la grande ressource des talents médiocres. » Adam, 1805, p. 219 On constate que les deux méthodes donnent les mêmes indications. Une preuve de bien mauvais goût est de se servir de cette pédale pour tous les passages indistinctement ; car si l’on est sûr de produire de beaux effets en l’employant à propos, autant on peut être certain de déplaire et de fatiguer en l’employant à contresens. » Adam, 1805, p. 219 Cette remarque est particulièrement intéressante. L’usage continu de la pédale annule les contrastes ! Peut-être devrait-on se rappeler cette règle un peu plus aujourd’hui… Cette pédale est beaucoup plus agréable quand on s’en sert pour exprimer le doux, mais il faut avoir soin d’attaquer les touches avec beaucoup de délicatesse et d’une manière plus douce encore que lorsqu’on joue sans pédale. Le son de l’instrument est naturellement plus fort quand les étouffoirs sont levés, et une seule touche fait vibrer toutes les autres en même temps, si on appuie avec trop de force, ce qui n’arrive point lorsqu’on attaque la touche avec douceur. Il ne faut se servir de cette pédale et de cette manière de jouer doux que pour les chants purs, harmonieux, dont les sons peuvent se soutenir longtems, comme par exemple dans les pastorales et musettes, les airs tendres et mélancoliques, les romances; les morceaux religieux, et en général dans tous les passages expressifs dont les chants sont très lents et ne changent que très rarement de modulation. » Adam, 1805, p. 219 Comme chez Milchmeyer, l’utilisation de la pédale des étouffoirs est liée au caractère de la musique, aux affects. Adam place ensuite deux pièces comme exemples d’utilisation des registres. La première est un Adagio, Air suisse nommé le rans des vaches imitant les échos. Adam montre l’utilisation combinée de la pédale qui lève les étouffoirs et celle du jeu céleste languettes de cuir ou de tissu qui s’interposent entre les marteaux et les cordes, appelé aujourd’hui moderator dans un tremendo imitant les sons filés des cors des alpes, avec les échos successifs dans les montagnes. Dans le premier couplet Andante, les harmonies de tonique et de dominante se mélangent, sans qu’Adam indique de changement de pédale. L’autre exemple est une Pastorale d’Adam. Le mouvement est Andantino, avec comme indications supplémentaires, legato et grazioso. La première phrase se joue sans étouffoirs et avec le jeu céleste. Comme dans les exemples des deux précédentes méthodes, il faut baisser les étouffoirs pour ponctuer le discours, comme pour mieux faire entendre les virgules et les points. Jean-Louis Adam, Méthode, p. 224, 1er et 2e systèmes. Un verset entier en la mineur doit être joué sans pédale, créant ainsi un grand contraste avec le refrain et les longs passages avec pédale. En résumé, on voit que le registre qui lève les étouffoirs est utilisé avec grande parcimonie, les harmonies étant le plus souvent tenues avec les doigts. Son utilisation est liée au caractère de la pièce, et l’on ne craint pas de mélanger parfois les degrés harmoniques I, IV et V, créant des effets de couleur parfois assez audacieux. La Méthode complète théorique et pratique pour le pianoforte de Johann Nepomuk Hummel nous apporte encore un éclairage complémentaire, plus tardif publiée en allemand en 1827, elle paraît à Paris traduite en français, en 1838. Sur l’emploi des pédales § 1 L’usage de lever les étouffoirs presque continuellement est devenu assez général c’est un excellent moyen de cacher un jeu défectueux, et souvent on aurait de la peine à reconnaître certains exécutans [sic], si on les entendait sans le secours des pédales. § 2 Quoique le véritable artiste n’ait pas besoin d’aucune pédale pour toucher ses auditeurs, il serait injuste de les rejeter entièrement ; car celle qui lève les étouffoirs et celle du jeu céleste se prêtent quelquefois avec avantage pour varier les effets ; mais elles s’employent principalement dans les mouvements lents, et dans les endroits où les accords ne changent pas trop vite. Les autres pédales sont superflues, et n’ont de valeur ni pour l’exécutant, ni pour l’instrument. § 3 L’élève n’emploiera donc pas la pédale avant de savoir jouer son morceau avec pureté et précision. En général, on fera bien de ne s’en servir qu’avec ménagement ; car il est faux de croire qu’un passage bien exécuté, sans la pédale, et dans lequel on distingue chaque note, ait moins de charme pour l’auditeur qu’avec la pédale, qui laisse entendre le bourdonnement d’une foule de sons. Les oreilles peu délicates peuvent seules supporter un tel abus ; les hommes de goût seront assurément de mon avis. Ni Mozart, ni Clementi n’ont eu recours à ces moyens pour acquérir le titre glorieux de premiers pianistes de leur temps. Voici quelques cas où ces deux pédales s’employent convenablement. » Hummel, 1838, p. 460-461 Johann Nepomuk Hummel, Méthode complète théorique et pratique pour le pianoforte, p. 460. Johann Nepomuk Hummel, Méthode complète théorique et pratique pour le pianoforte, p. 461. Élèvede Mozart, Hummel constate un emploi de plus en plus continu de la pédale. À ce propos, il est très intéressant de relater le témoignage de Conrad Berg Colmar, 1785-Strasbourg, 1852, professeur de piano à Strasbourg, compositeur et pianiste. Il publie chez Richault à Paris une Méthode progressive de piano accompagnée d’un Manuel à l’usage du Maître pour la Méthode progressive de piano. Dans ce manuel, Conrad Berg nous livre un témoignage empreint de sincérité et particulièrement révélateur Chapitre IX – De l’emploi de la pédale Le Piano par sa nature est un instrument sec, incapable de filer un son ; il ne se prête que difficilement à rendre un chant. Tous nos grands artistes ont senti ce défaut ; ils ont cherché par tous les moyens possibles, sinon à le faire disparaître, du moins à le cacher et à imiter ce charme dont la voix et certains instruments à vent ou à archet ont seuls le privilège. Il existe pour cela deux moyens. 1º La manière de lier les sons par le toucher. 2º L’emploi de la Pédale. Le dernier moyen est celui qui semble approcher le plus près du but désiré. Toutefois son emploi présente de graves inconvénients d’abord il fait perdre au Piano une partie de son caractère distinctif, parce qu’il lui ôte la clarté ; ensuite il entraîne à des aberrations dans l’expression, dans le sentiment musical ; ces aberrations se manifestent surtout dans la mauvaise direction que l’emploi de la pédale imprime aux productions de nos jours ; enfin cet emploi fait perdre aux élèves le sentiment de la netteté si indispensable pour acquérir un jeu égal et correct. Le degré de perfection atteint de nos jours dans la confection des Pianos a tellement développé l’usage des pédales qu’il semble parfois que les auteurs ne trouvent plus d’idées sans leur emploi et que toutes celles qu’ils inventent ne sauraient se passer de leur secours. Pour s’en convaincre on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur les productions modernes. Mais quelque peine que se donnent les bons auteurs pour réprimer l’abus dans l’emploi des pédales et pour en renfermer l’usage dans les limites d’une harmonie correcte, cet abus n’en existe pas moins. La pédale est un moyen de produire de l’effet ; chaque compositeur cherche à en produire le plus possible, et à force d’enchérir sur les effets, on finit par n’en produire aucun. Je suis loin de proscrire tout à fait l’emploi des pédales, je désire seulement le voir ramené à son véritable but, qui doit être 1º De faire vibrer dans les passages lents une harmonie large, comme par exemple les basses dans une pièce pastorale. 2º D’établir une progression de force, dans des passages où l’harmonie s’y prête et où le dessin mélodique n’en souffre pas. 3º De produire surtout de ces évaporations harmoniques, si je puis m’exprimer ainsi, dans les phrases finales très lentes, ou dans des retours à un thême, ou dans sa préparation. C’est surtout dans ces dernières combinaisons, si elles sont sagement amenées, que l’imagination de l’auteur trouvera un vaste champ pour ses inspirations poétiques. Mais, je le répète, tous ces effets doivent être ménagés avec une grand réserve et avec un discernement complet. Que l’on ne croie point que je sois le seul à formuler ces principes. Ce sont aussi ceux d’une des plus grandes autorités de notre siècle, du célèbre J. N. Hummel. C’est à la suite d’un entretien que j’ai eu à ce sujet à Vienne avec cet artiste distingué que mes propres vues se sont développées sur ce point. Je partageais alors les travers du siècle, et il ne m’a pas fallu moins de quatre ans pour me convaincre de mon erreur et de la justesse des vues de Hummel. Après avoir fait mes études musicales à Paris, où je n’avais eu à ma disposition qu’un assez mauvais Piano à cinq octaves, j’eus l’occasion à mon passage à Stuttgart de jouer devant Madame Zumsteeg, veuve du célèbre compositeur de ce nom. Tout en me faisant compliment sur mon jeu, elle ajouta Pourquoi ne faites-vous pas usage des pédales ? Cela rendrait votre jeu bien plus intéressant. » Ce mot intéressant me frappa. Je cherchai dès lors à rendre mon jeu intéressant, par le secours des pédales. Je reconnus que mes compositions jusqu’alors ne renfermaient que peu ou point d’effets de ce genre. Je me mis à créer de ces effets dans mes nouvelles compositions et cette manie de prodiguer la pédale augmenta au point que dans une de mes sonates intitulée Sonate pathétique, la pédale se trouva employée sans discontinuation pendant trois pages consécutives. Je me trouvais malheureux quand j’étais obligé de jouer sur un Piano dont les pédales n’étaient pas en bon état. C’est alors qu’arrivé à Vienne, Hummel me parla de ma Sonate pathétique et me reprocha ma profusion dans l’emploi des pédales. Il me fit part de ses vues à ce sujet et me communiqua les idées que je viens de reproduire. Je l’écoutais avec déférence et pourtant il m’était impossible de me rendre à ses raisons. Je ne voyais alors en Hummel qu’un homme à vues rétrogrades et je me promis, en moi-même, non seulement de persister dans mon systême de pédales, mais de le développer encore s’il était possible. De retour à Strasbourg, il arriva tout naturellement que les élèves qui se fesaient [sic] entendre à mes exercices de musique, jouaient des pièces tantôt avec pédales tantôt sans pédales suivant le genre de composition qu’ils exécutaient. J’eus bientôt lieu de m’apercevoir que ceux qui jouaient des morceaux sans pédales produisaient souvent plus d’effet et fesaient plus de plaisir que ceux qui jouaient des morceaux où elles étaient employées. Cette observation me frappait surtout, quand les premiers jouaient après les autres. Je compris peu à peu que sans pédales, le jeu gagnait beaucoup en netteté, tandis qu’il perdait avec les pédales et plus encore lorsqu’elles étaient employées par des personnes timides ou peu musiciennes. Je finis alors par reconnaître la vérité des principes de Hummel, mais comme je l’ai dit plus haut, il ne m’a pas fallu moins de quatre ans pour me convaincre tout à fait. » Berg, après 1850, p. 57-59 La cinquième méthode est celle de Carl Czerny Vienne, 1791-Vienne, 1857. Les trois premières parties de la Vollständige theoretisch-practische Pianoforte-Schule op. 500 sont publiées en 1839 et la quatrième partie, Die Kunst des Vortrags der älteren und neueren Klavierkompositionen, en 1842. Élève de Beethoven, pianiste, compositeur et grand pédagogue il fut notamment professeur de Liszt, Czerny dresse un état de l’art pianistique comme l’avaient fait avant lui C. P. E. Bach ou D. G. Türk. Sa méthode analyse de manière très claire tous les paramètres du jeu de piano, depuis les rudiments de base jusqu’à la maîtrise la plus complète de l’exécution. Czerny explique l’utilisation des pédales du pianoforte dans la troisième partie de sa méthode, intitulée Vom Vortrage. On y retrouve les indications déjà vues dans les méthodes précédentes. La pédale qui lève les étouffoirs appelée aussi pédale forte permet de tenir une basse pendant que la main gauche joue les accords de l’accompagnement et la main droite la mélodie, créant ainsi trois plans sonores distincts. Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 43. Czerny explique la manière d’utiliser la pédale Pour obtenir cet effet, celui qui joue doit baisser la pédale exactement avec l’octave ; car s’il le fait un instant plus tard la pédale ne crée plus le même effet et l’octave sonne courte et sèche. Comme cette octave doit résonner durant toute la mesure il ne faut pas relever la pédale plus tard que la dernière croche pour pouvoir l’abaisser à nouveau avec l’octave suivante. » Czerny, 1839, p. 4312 Cette indication d’utilisation de la pédale qui correspond à celles trouvées dans les méthodes précédentes est particulièrement intéressante car elle ne correspond pas à la manière moderne de mettre la pédale. En suivant les indications de Czerny et de ces prédécesseurs, on crée une petite césure sonore dans l’accompagnement entre chaque harmonie. La manière actuelle d’utiliser la pédale que l’on nomme pédale syncopée consiste à relever la pédale exactement au moment où l’on joue l’octave suivante et à l’abaisser très rapidement à nouveau pour garder la basse dans la pédale toute la mesure. De cette manière on crée une continuité sonore et l’on supprime la petite césure qui survient entre chaque harmonie, selon les indications de Czerny. Czerny fait encore observer que l’on ne change pas la pédale entre les mesures quatre et cinq car l’harmonie ne change pas. Il en déduit la règle qu’ il faut garder la pédale tant qu’un passage est basé sur le même accord. » Czerny, 1839, p. 4413 Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 44. Il donne ensuite deux exemples pour montrer une utilisation fautive de la pédale. Il explique que la pédale ne peut pas être utilisée dans des changements rapides d’accords ou dans des passages en gammes, particulièrement dans le grave de l’instrument. Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 44. L’exemple qui suit est particulièrement intéressant. Czerny explique que l’on peut cependant utiliser la pédale quand il y a des passages en gammes à la main droite, parce que la main droite se trouve dans l’aigu de l’instrument et que la main gauche a un accompagnement fondé sur des harmonies avec une basse qui doit résonner pendant la mesure. Czerny appelle ce genre d’accompagnement eine harmoniöse Begleitung ». Il fait remarquer ensuite On voit qu’il faut changer la pédale à chaque nouvel accord comme dans la mesure six. Cependant, à la mesure sept, la pédale reste pendant deux accords parce que, d’une part, la basse mi résonne et que, d’autre part, le passage est pianissimo et que la dissonance ne se remarque pas. » Czerny, 1839, p. 4514 On voit que le mélange d’harmonies peut être toléré sans être considéré comme dissonant, dans certains cas. Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 45. Lorsqu’une note de basse est jouée très énergiquement, et lorsque la suite est jouée dans l’aigu de l’instrument et piano, il peut y avoir plusieurs changements d’harmonie dans la même pédale parce que la note grave sert de basse à tout le passage. » Czerny, 1839, p. 4515 Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 45. Dans les passages qu’il faut jouer avec une douceur particulière, on peut tenir la pédale pendant plusieurs accords dissonants. Cela fait l’effet du son doux et flottant de la harpe éolienne ou celui d’une musique que l’on entend de très loin. » Czerny, 1839, p. 4516 Les trois derniers exemples montrent que l’on accepte certains mélanges harmoniques pour créer des couleurs particulières. On ne considère alors pas ces effets comme dissonants. On continue à être fasciné par les sons doux, flottant dans l’air, qui rappellent le tympanon ou la harpe éolienne. Carl Czerny, Méthode, 3e partie, p. 47. Une fin dans un caractère très doux avec des accords qui ne changent pas doit être jouée avec pédale. » Czerny, 1839, p. 4617 À la fin on tiendra la pédale aussi longtemps que le dernier accord demeure clairement perceptible. » Czerny, 1839, p. 4718 Czerny résume la situation ainsi Il y a des compositeurs dont les œuvres ne nécessitent pratiquement jamais l’utilisation de la pédale, et d’autres au contraire pour lesquelles elle est continuellement nécessaire. Mozart, Clementi et leurs contemporains, ne pouvaient pas en faire usage, car elle n’avait pas été inventée. Ce n’est qu’au début de ce siècle que Beethoven, Dussek, Steibelt, etc. en ont développé l’usage, tout comme Clementi qui l’a utilisée, plus tard, beaucoup plus souvent. Beethoven a compté sur son utilisation dans plusieurs œuvres pour clavier, comme par exemple dans le finale de la Sonate en ut majeur op. 53 qui ne ferait aucun effet sans pédale. Presque tous les nouveaux compositeurs l’utilisent très fréquemment, comme Ries, Kalkbrenner, Field, Herz, Liszt, Thalberg, Moscheles dans ses œuvres plus récentes, etc., et il va de soi que celui qui joue doit mettre la pédale partout où il en trouve l’indication. Il doit seulement faire attention lorsqu’il y a des changements d’accords si par hasard le graveur a noté une indication un peu trop longue pour mettre la pédale. Dans les œuvres de Hunmmel, on n’en trouve presque pas l’indication, et l’on peut aussi la plupart du temps s’en passer. Ainsi il n’est pas conseillé de l’utiliser souvent dans les œuvres pour clavier plus anciennes, comme par exemple de Mozart, Emmanuel Bach, ou dans les sonates plus anciennes de Clementi ; car l’emploi de la pédale dépend beaucoup du genre de composition qui, comme nous le verrons plus tard, peut être très varié. Il faut encore signaler que Beethoven dans ses premières œuvres indiquait de mettre la pédale par senza sordino. Dans les cas où il indique con sordino il faut l’enlever. » Czerny, 1839, p. 4719 Dans la quatrième partie de la méthode, op. 500, intitulée Die Kunst des Vortrags der älteren und neueren Klavierkompositionen et publiée trois ans après les trois premiers volumes, Czerny passe en revue les caractéristiques des principales écoles pianistiques. Les deuxième et troisième chapitres sont consacrés à l’exécution des œuvres avec pianoforte de Beethoven. On y trouve encore quelques remarques importantes sur l’utilisation de la pédale. À propos de Beethoven, Czerny écrit Beethoven utilisait très fréquemment la pédale, bien plus que ce que l’on trouve indiqué dans ses œuvres. » Czerny, 1842, p. 220 Nous avons vu avec les exemples tirés de la méthode de Czerny différents cas de figure qui permettent de comprendre à quel moment il était évident d’utiliser la pédale même s’il n’y avait pas d’indication dans la partition. La Sonate en ré mineur op. 31 n° 2 de Beethoven présente plusieurs cas intéressants. Dans le premier mouvement mes. 143 à 148, lors de la réexposition du thème Largo, il faut garder la pédale pendant le récitatif qui doit faire l’effet d’une plainte que l’on entend au loin. » Czerny, 1842, p. 5521 L’indication de Czerny ne laisse aucun doute sur l’utilisation de la pédale et sur son but expressif. Carl Czerny, Méthode, 4e partie, p. 56. L’exemple musical que donne Czerny dans la méthode, pour le début du troisième mouvement, comprend des indications de pédales qui ne se trouvent pas dans la première édition. Czerny explique que Beethoven a improvisé un jour de 1803 le thème de ce mouvement en apercevant un cavalier qui passait au galop devant la fenêtre. Ce mouvement dure toute la pièce et c’est l’exacte observation des piano, forte, crescendo, diminuendo ainsi que l’utilisation de la pédale dans les passages harmonieux bei harmoniösen Stellen qui vont lui donner vie. » Czerny, 1842, p. 5622 Czerny précise dans une note de bas de page ce qu’il entend par là Par le mot harmoniös nous désignons précisément l’utilisation de la pédale aussi longtemps que l’harmonie ne change pas. » Czerny, 1842, p. 11523 Le Troisième concerto op. 37 en do mineur présente un cas très intéressant dans le deuxième mouvement mesures 1 à 11. Voici ce qu’en dit Czerny Beethoven qui joua ce concerto en public en 1803 laissait la pédale pour toute la durée du thème, ce qui convenait très bien aux pianoforte de l’époque qui avaient un son peu puissant, et d’autant plus si l’on prenait également la pédale d’una corda. Mais maintenant que le son est devenu plus puissant, nous conseillons de changer la pédale à chaque changement important de l’harmonie, toutefois sans que l’on remarque le moindre arrêt dans le son. Car tout le thème doit résonner comme une harmonie lointaine, sacrée et céleste. » Czerny, 1842, p. 109-11024 Ce passage nous permet de saisir les changements intervenus dans la facture instrumentale qui ont un impact sur l’exécution. On peut se demander toutefois si le goût n’avait pas déjà commencé aussi à changer et si le côté improvisation libre » sur un instrument qui résonne sans étouffoirs n’apparaissait pas comme trop osé ? En effet, j’ai essayé ce passage sur un instrument contemporain de 1803, et les sons se mélangent tout de même passablement. Il faut alors utiliser un jeu très rhétorique avec certaines syllabes très accentuées et d’autres à peine esquissées. Un jeu trop soutenu amène inévitablement des mélanges harmoniques plus difficiles. Pour le rondo de la Sonate en ut majeur op. 53, Czerny répète à nouveau ce qu’il avait déjà dit dans la troisième partie, tout en précisant le caractère du mouvement Ce rondo de caractère pastoral est basé sur l’emploi de la pédale qui apparaît ici essentiel. » Czerny, 1842, p. 5925 Le premier chapitre est consacré aux compositions des contemporains. Czerny fait à nouveau un bref rappel historique de l’utilisation de la pédale et décrit les derniers changements ainsi Pendant cette période, le pianoforte a été considérablement amélioré. On a utilisé des cordes plus épaisses, ce qui a donné de la puissance et une rondeur de son aux octaves supérieures qui jusque-là avaient un son si faible. Et finalement, dans les années 1820 à 1830, on a atteint, spécialement dans les ateliers viennois, un tel degré de perfection dans la manière de recouvrir les marteaux, que l’on a pu obtenir simplement par le toucher toute une gamme de nuances et ouvrir ainsi de nouveaux horizons dans le jeu du pianoforte. Sans avoir recours à ces aides mécaniques que sont les pédales [jeu céleste], il devenait possible d’exécuter le plus léger des pianissimo ; dans le même temps, dans chaque octave, un toucher plus énergique ne produisait pas seulement un son plus fort, mais d’une certaine manière également un timbre différent. […] C’est de cette période que l’on peut dater l’invention du jeu moderne de piano qui est maintenant devenu la règle générale. Pendant que les notes de la mélodie sont jouées avec énergie dans le milieu du clavier et que leur sonorité est prolongée par une utilisation habile de la pédale, les doigts peuvent alors exécuter de brillants passages piano dans un toucher délicat ; de cette manière on réalise cet effet remarquable qui donne l’impression que la mélodie est jouée par une autre personne ou un autre instrument. » Czerny, 1842, p. 326 Czerny donne des indications concernant l’exécution des œuvres de Liszt et parle également de son utilisation de la pédale Nous devons encore remarquer que dans ses compositions, Liszt emploie parfois la pédale sans interruption dans des passages chromatiques ou d’autres passages situés dans la partie la plus grave de la basse, et qu’il produit ainsi une masse sonore qui, tel un épais nuage dans un tableau, n’est calculée que par rapport à un effet global. S’il est utilisé modérément et dans les endroits appropriés, cet effet n’est en aucune manière de mauvais goût, puisque même Beethoven a parfois fait de même, et que l’école moderne de piano en fait un usage assez fréquent. » Czerny, 1842, p. 2827 La deuxième Légende de Liszt, Saint François de Paule marchant sur les flots, comporte de nombreux passages dans lesquels il utilise de tels effets, créant ainsi un résultat dramatique comme pour dépeindre les flots menaçants et sans fond. Chez Beethoven, deux passages recourent à cet effet. Le premier se trouve dans le premier mouvement du Troisième concerto en ut mineur op. 37, mesures 225 à 227. Beethoven indique de mettre la pédale sur un grand trait chromatique qui traverse le clavier de haut en bas. L’effet est tout à fait saisissant. On a l’impression que l’instrument s’enflamme » avec un effet de crescendo qui va aboutir dans le forte de l’orchestre. Le deuxième passage se trouve dans le Quintette avec instruments à vents op. 16. Au début du développement mesures 135 et 136, les vents tiennent un accord fortissimo et le trait ascendant doublé à l’octave qui part du grave jusqu’à l’aigu du pianoforte doit être joué dans la pédale. Czerny résume ensuite ainsi Nous pensons qu’il est maintenant prouvé que la manière actuelle de jouer du piano consiste à faire montre d’une bravoure qui peut difficilement être dépassée, d’une expression hautement raffinée, mais plus particulièrement dans les effets qui sont produits par l’usage de la pédale. » Czerny, 1842, p. 2828 Czerny termine en mettant en garde contre certains abus qui, lui semble-t-il, peuvent aboutir à une impasse Le premier de ceux-ci est l’abus de la pédale. Beaucoup de pianistes sont tellement habitués à employer celle-ci qu’une simple exécution classique avec les doigts seuls a été presque totalement négligée ; - que certains ne sont presque pas capables de jouer un simple passage lié, à quatre parties, vraiment legato sans la pédale ; - que les doigts, de même que l’oreille, comptent simplement toujours sur l’emploi de la pédale et les effets qu’elle produit, si bien que le pied a une action presque plus importante que les mains. En conséquence, beaucoup de pianistes qui sont maîtres de cet art moderne sont totalement incapables de jouer une simple sonate de Mozart ou de Clementi ou une Fugue de Bach d’une manière honorable. » Czerny, 1842, p. 2929 La conclusion que Czerny apportait déjà à son chapitre concernant l’utilisation de la pédale, dans la troisième partie de sa méthode, n’est donc que plus valable En outre il faut faire attention de ne pas utiliser cette pédale de manière incessante ce qui serait un usage fautif. Tout perd son charme lorsqu’on l’utilise trop souvent. Un jeu clair et parlant reste toujours la règle, les autres cas n’étant qu’exceptions. » Czerny, 1839, p. 4730 Les changements Un grand changement dans la manière d’utiliser la pédale va être amené par le livre de Hans Schmitt, Das Pedal des Claviers, publié à Vienne en 1875 et réédité à de nombreuses reprises. Ce livre est un cycle de quatre conférences données au Conservatoire de Vienne. Schmitt va tout d’abord donner la définition de ce qu’il va nommer une pause sonore. Il donne les exemples suivants Hans Schmitt, Das Pedal, p. 3. Hans Schmitt, Das Pedal, p. 3. Pour lui, cela revient au même de jouer en tenant les notes ou pas, puisque la pédale laissera résonner les cordes. Hans Schmitt, Das Pedal, p. 5. Schmitt explique ensuite que, pour lier une série d’accords, il faut mettre la pédale un peu après l’accord de manière à libérer les mains afin qu’il n’y ait pas la moindre discontinuité dans le son. C’est ce que l’on va appeler la pédale Hans Schmitt, Das Pedal, p. 6. Schmitt explique aussi son système de notation. Selon Schmitt, sa manière de mettre la pédale libère les mains du clavier et permet également de jouer plus fort Maintenant nous en arrivons aux libertés du jeu qui appartiennent directement au domaine de la virtuosité. Le virtuose utilise aussi les pauses sonores » pour renforcer le toucher. Lors du jeu legato, le degré de l’intensité sonore est limité aussi longtemps qu’on n’utilise pas la pédale. En dehors du poids du bras, l’augmentation de la puissance sonore dépend encore principalement de l’élévation des doigts. Plus on lève les doigts, plus le toucher sera fort. Mais on ne peut pas lever les doigts plus haut que leur longueur ; c’est pourquoi la puissance du legato des doigts est partiellement limitée par la longueur des doigts. Il ne reste alors rien d’autre, en général, que de renoncer au legato si la puissance du legato des doigts ne suffit pas. On doit alors jouer staccatoavecles doigts et faire la liaison en mettant la pédale. Pour cette raison donc, même s’il y a clairement des signes de liaisons sur les notes, on les joue fortissimo staccato. » Schmitt, 1875, p. 1232 On voit donc se dessiner une des raisons de ce changement dans la manière d’utiliser la pédale. Il est poussé par un désir de jouer de manière plus puissante, sur des instruments devenus de plus en plus robustes et dans des salles probablement plus grandes. Dans sa deuxième conférence, Schmitt explique qu’une note jouée avec la pédale est enrichie par les harmoniques des cordes qui se mettent à vibrer par sympathie. Il en déduit donc tout naturellement Puisque la pédale embellit et renforce chaque note jouée, on met par conséquent la pédale à chaque longue note ainsi qu’à chaque accord isolé. Que le compositeur l’ait indiquée ou non, on met la pédale pour chaque note et chaque accord isolé dont la durée permet de mettre et enlever la pédale pendant son émission. Dans ce cas, la durée de la note correspond ainsi à un signe de pédale. Ainsi par exemple met-on la pédale dans la Sonate en ré mineur de Beethoven Hans Schmitt, Das Pedal, p. 56. On joue ainsi chaque note de la mélodie avec la pédale et ce n’est que sur les notes brèves qu’on laisse les doigts jouer seuls. » Schmitt, 1875, p. 5633 Dans sa troisième conférence, Schmitt va expliquer que le fait de mettre la pédale supprime le poids des étouffoirs et donc allège le toucher. Il conseille donc de mettre la pédale avant de jouer pianissimo, car cela permet de mieux doser l’énergie à transmettre aux touches puisqu’il ne faut pas vaincre la résistance du mécanisme des étouffoirs. Schmitt, 1875, p. 117 Dans la quatrième conférence, il indique où et quand on peut mettre la pédale. La réponse à la question de savoir quand on peut mettre la pédale serait très simple, si on disait, comme dans les anciennes méthodes imprimées la pédale se met partout où c’est indiqué et nulle part où le signe manque. Mais cette règle ne suffit pas, premièrement parce qu’il y a des compositeurs qui simplement dédaignent d’indiquer la pédale, car ils présument que l’interprète, qui peut se risquer à jouer ses œuvres, doit être assez intelligent pour bien utiliser la pédale sans cela ; deuxièmement la règle ne suffit pas, car les indications ne sont pas mises assez consciencieusement par les meilleurs compositeurs eux-mêmes ; troisièmement elle ne suffit pas, parce que le signe usuel pour l’indication précise de l’usage de la pédale ne convient généralement pas bien. Quand le compositeur ne met aucun signe, l’ignorant ne sait plus du tout comment faire, mais le manque total de signes n’est pas aussi dangereux qu’une indication d’utilisation totalement fausse ; car là où les signes manquent totalement, l’exécutant peut faire appel alors à sa propre réflexion, mais là où un signe est indiqué, il se trouve devant l’obligation d’obéir. Cela demande beaucoup d’indépendance de la part de l’interprète d’oser consciemment changer les indications du compositeur. » Schmitt, 1875, p. 12434 Schmitt estime que les indications des compositeurs sont très souvent inexactes et, plutôt que d’incriminer le graveur ou l’éditeur, donne cette explication Ajoutons encore que les compositeurs font la grosse erreur de noter habituellement les indications de pédale et d’exécution à leur table de travail, sans même peut-être les essayer une seule fois au clavier. Cela provient très souvent du fait que le compositeur écrit la nuit, à un moment où il n’est pas admissible de jouer bruyamment. » Schmitt, 1875, p. 12535 Il continue En effet, Moscheles n’est pas le seul à se tromper, presque tous les compositeurs notent de fausses indications de pédale. Où que nous regardions, de grosses et énormes erreurs apparaissent presque partout. Rubinstein m’indiqua personnellement que je ne devais pas oublier que la plupart des signes de pédale notés dans les œuvres de Chopin devaient être erronés. » Schmitt, 1875, p. 12936 Si l’on met en regard de cette affirmation ce que disait vingt ans auparavant Friedrich Wieck, on perçoit l’important changement qui est en train de se mettre en place Chopin, ce compositeur et virtuose génial, plein de goût, sensible, devrait aussi ici vous servir d’exemple… Mais examinez et observez ses soigneuses et délicates indications dans ses compositions et vous pourrez ainsi tout à fait vous renseigner sur le vrai et bel usage de la pédale. » Wieck, 1853, p. 3137 Élève d’Antoine Marmontel, successeur d’Adam au Conservatoire, Albert Lavignac Paris 1846-1916 publie à Paris en 1889 L’École de la pédale, dans laquelle il va reprendre toutes les idées défendues par Hans Schmitt à Vienne. Nous voici en possession de tous les éléments qui nous étaient nécessaires nous connaissons assez l’histoire des pédales pour pouvoir déterminer à partir de quelle époque leur emploi est opportun ou indispensable ; nous savons comment fonctionne l’admirable mécanisme du piano moderne ; enfin, nous avons établi que si l’usage de la sourdine est anodin, inoffensif, il est loin d’en être de même à l’égard de la pédale, dont trois circonstances, que je remets ici sous les yeux du lecteur, peuvent seules motiver l’intervention Premier cas pour prolonger les sons. Deuxième cas pour les renforcer. Troisième cas pour alléger le clavier. » Lavignac, 1889, p. 28 On voit dans le texte qui suit une nouvelle esthétique en train de se mettre en place, celle de la pureté sonore, sans aucun mélange. Il me paraît superflu d’ajouter que dans toutes les circonstances, quelles qu’elles soient, où l’on juge convenable d’employer la pédale, la plus grande pureté d’exécution est d’absolue rigueur. On conçoit que la plus légère fausse note, qui par elle-même produirait déjà une impression désagréable, mais de courte durée, devient intolérable lorsqu’elle est prolongée et renforcée par la suppression des étouffoirs ; car la pédale agit aveuglément de la même manière sur toutes les notes jouées, elle ne fait pas de sélection entre celles qui sont justes et celles qui peuvent être fausses. Il importe donc, quand on en fait usage, d’attacher une importance encore plus grande que de coutume à la netteté, à la propreté du jeu ; car même sans qu’il y ait fausse note à proprement parler, il suffit d’une note effleurée au passage, d’une touche légèrement abaissée par inadvertance en même temps que sa voisine, pour transformer l’effet sonore le mieux combiné en un affreux charivari. La pédale est une loupe qui grossit tous les effets, et avec eux toutes les imperfections ; ces dernières prennent même une importance prépondérante, d’autant plus marquée que l’impression discordante est plus longuement prolongée. » Lavignac, 1889, p. 74 Lavignac résume ensuite l’utilisation de la pédale en indiquant qu’il faut bien la changer de manière à ne pas garder des notes étrangères à l’harmonie. Pour ceux qui possèdent une connaissance bien complète de la Science de l’Harmonie, l’enseignement à tirer de cette étude peut, après lecture complète, se résumer ainsi Étant donné que l’emploi de la pédale ne saurait jamais avoir pour objet que de prolonger les sons, les renforcer, ou alléger le clavier ; quel que soit le but qu’on se propose, il convient de la renouveler complètement à chaque changement d’harmonie qui donnerait lieu à un nouveau chiffrage, et à plus forte raison, à chaque nouvelle note de la Basse ; et de la soulever plus ou moins rapidement pour toute note étrangère à l’accord chiffré, qu’elle soit diatonique ou chromatique, que ce soit une note de passage, une altération, une appoggiature ou une broderie quelconque. Ce soulèvement doit en outre être proportionné à l’intensité de la note émise et à la région du clavier à laquelle elle appartient dans l’extrême grave et le grave, on n’obtient l’extinction des vibrations que par un contact prolongé de l’étouffoir sur la corde, c’est-à-dire qu’il faut procéder par soulèvements complets ; dans le médium, où les sons s’étouffent déjà plus rapidement, et à plus forte raison dans l’aigu, un demi-soulèvement plus ou moins bref est suffisant ; enfin au-delà de l’étendue normale des voix humaines, dans la région suraiguë, la pédale est sans action nuisible nettement appréciable. » Lavignac, 1889, p. 80-81 Un témoignage particulièrement révélateur de ces changements nous est livré par un texte écrit par le pianiste Moritz Rosenthal 1862-1946, daté du 21 mars 1924. Natif de Lvov actuellement Lviv, Rosenthal entre à l’âge de dix ans au conservatoire de cette ville dans la classe de Karol Mikuli, le plus important disciple professionnel de Chopin 1872-1874. Il continue à Vienne avec Joseffy et s’attache ensuite à Liszt 1877-1878. La vieille et la nouvelle écoles de piano Certains critiques musicaux de haut rang m’attribuaient le titre le plus flatteur de l’ un des plus distingués » ou même dans certains cas du plus distingué » représentant de la vieille école de piano. Je commençai à méditer au sujet de la différence entre la vieille et la nouvelle écoles de piano. […] Depuis environ 1833 jusqu’en 1848, la vraie quintessence du jeu du piano semblait être incarnée par trois personnes Chopin, Liszt, Thalberg. Thalberg était un merveilleux pianiste correct et brillant, mais sans grande distinction musicale. Sa ruse la plus manifeste consistait à jouer une mélodie avec le pouce et à entourer le thème des plus brillantes gammes, arpèges, passages, etc. De même qu’il emprunta ce dispositif à Parish Alvars, le fameux harpiste qui mérite un souvenir durable, de même le grand Richard semble l’avoir utilisé, transférant cet arrangement musical efficace pour le grand orchestre dans l’ouverture de Tannhäuser. […] Dans le triumvirat Chopin, Liszt et Thalberg, Chopin tient facilement la place de Caesar Octavianus, Liszt la place d’Antonius avec de nombreuses Cléopâtre ! et Thalberg celle de Lepidus. Nous pourrions facilement chasser Thalberg de cette position élevée en remplaçant son nom par celui d’Anton Rubinstein. Il est vrai que Rubinstein manquait de finesse d’exécution et même d’un certain niveau d’interprétation et que ses passages étaient souvent noyés, brouillés au-delà de la reconnaissance, mais le style de son jeu héroïque, ses climaxes » colossaux, et en premier lieu ses compositions lui donnèrent une place parmi les tout grands. D’ailleurs il était à ma connaissance le premier pianiste à introduire la pédale syncopée dans ses interprétations. Ceci peut sembler presque incroyable à la jeune génération de pianistes, qui a appris presque au berceau le vrai usage de la pédale et à qui on a enseigné presque au début de leurs études qu’on ne devait pas frapper les touches et la pédale simultanément. On leur a dit de descendre le pied sur la pédale au moment précis où ils lèvent les mains des touches pour éviter les mélanges des sons et garder le déroulement continu de la ligne mélodique, en maintenant l’émission du son sans rupture tantôt avec les mains, tantôt avec la pédale. Je peux le prouver grâce à une lettre que Liszt écrivit en juillet 1875 à Louis Köhler, le pédagogue de piano et critique musical bien connu. Quand Köhler lui envoya un exemplaire de ses études techniques où il présentait quelques exercices de pédale syncopée, Liszt répond les lignes suivantes j’omets le début de la lettre qui n’a aucun rapport avec notre sujet Merci beaucoup pour votre aimable lettre et l’envoi de votre Opus 147 Technische Künstler-Studien. Et bien que j’aie plutôt envie de me détourner des méthodes et de la pédagogie, j’ai pourtant lu votre ouvrage avec intérêt. L’entrée de la pédale après la frappe des accords, comme vous l’indiquez au début de la page trois, et comme vous l’indiquez très consciencieusement sans discontinuer presque jusqu’au bout, me semble une idée ingénieuse, et son application doit être grandement recommandée aux pianistes, professeurs et compositeurs – spécialement dans les tempi lents. » Cette lettre prouve sans aucun doute que Liszt, le souverain maître du piano, n’utilisait pas la pédale syncopée, mais bien plus encore ; cela prouve qu’il n’a même pas saisi l’immense importance de la découverte quand Louis Köhler la lui apporta. Qui inventa la pédale syncopée ? Mikuli, et par conséquent Chopin ne la connaissaient pas. Köhler ne présenta aucune revendication de la découverte, Rubinstein non plus. Le grand bienfaiteur et inventeur mérite d’être immortalisé. Je considère que la pédale syncopée est l’une des plus importantes découvertes car elle contribue à la musique et rend une vraie lecture musicale possible. Elle se situe au plus haut niveau entre un glorieux passé et un futur encore plus glorieux. Plus besoin d’un travail assidu des doigts pour les accords legato, plus de jeu sec sans pédale et sans nuances pour éviter les mélanges des sons. La pédale syncopée signifie l’affranchissement du ton sec ou flou, la libération du poignet et du bras par rapport aux touches ; il en résulte un véritable jeu orchestral ; avec sa cantilène continue, elle est même supérieure aux autres instruments musicaux et à la voix humaine qui s’épuise. Je déclare que cette découverte est l’une des plus importantes de l’histoire du piano. Hélas, c’était aussi jusqu’ici la dernière ! […] Après avoir exposé les mérites et imperfections des méthodes de Chopin, Liszt, Thalberg et Rubinstein, il semble très facile de répondre à la question quel progrès a été réalisé et quelles sont les caractéristiques de la nouvelle école de piano ; c’est-à-dire l’école de la nouvelle génération de pianistes ? La réponse doit être la suivante il n’existe pas réellement une nouvelle école de piano ». Le simple fait de ne pas avoir étudié avec Liszt, de n’avoir pas entendu l’école de Chopin, et de n’avoir jamais eu le privilège d’entendre Rubinstein est un formidable retour en arrière et cette attitude négative sans espoir ne peut jamais prétendre à la distinction ou à la grandeur. N’ayant jamais rencontrés le grand triumvirat Liszt-Chopin-Rubinstein, les pianistes de la jeune génération sont obligés d’apprendre avec ceux d’entre nous qui ont eu le grand privilège d’étudier directement ou indirectement avec ces pianistes et ces géants de la musique. S’ils se détournent de nous, ce n’est pas à nous qu’ils feront du tort, mais à eux-mêmes. » Mitchell, 2006 ; Evans, 2006, p. 74-7738 Conclusion Il est tout à fait significatif de voir le nombre d’ouvrages publiés après 1875 qui traitent exclusivement de l’utilisation de la pédale. On peut citer entre autres les ouvrages de Georges Falkenberg, Les Pédales du piano, 1891, Alexander Nikitich Bukhovtsev, Guide to the Proper Use of the Pianoforte Pedals, 1897, Enrique Granados, Método téorico práctico para el uso de los pedales del piano, 1905 Teresa Carreño, Possibilities of Tone Color by Artistic Use of Pedals, 1919. Ce désir de codifier le nouvel emploi de la pédale est révélateur d’un changement d’esthétique certainement lié aux changements intervenus dans la facture instrumentale avec des pianos devenus de plus en plus robustes et imposants, mais également aux changements dans la grandeur des salles de concerts, avec pour conséquence la recherche d’un jeu de plus en plus fort. Les éditions musicales vont également laisser transparaître ces changements, comme on peut le voir avec l’édition par Ignaz Friedman de la deuxième Légende de Liszt. Franz Liszt, Légende n° 2 Saint François de Paule marchant sur les flots, Vienne, Universal, édition revue par Ignaz Friedman. En revanche, si l’on cherche à respecter les indications de pédale originales, l’on est amené à devoir adapter la dynamique de son jeu, la dynamique des plans sonores, des différentes voix. Dans les passages sans pédale, il faudra par conséquent tenir les harmonies avec les doigts, comme on le faisait sur le clavecin, le clavicorde ou l’orgue au XVIIIe siècle et comme on a continué de le faire au XIXe siècle. Hipkins rapporte que Chopin pratiquait la substitution aussi souvent qu’un organiste. » Eigeldinger, 2006, p. 73 Aujourd’hui le pianiste a accès à des éditions Urtext qui comportent les indications de pédale fidèles aux sources. Cependant, la manière de mettre la pédale n’a pas encore suivi le retour au texte d’origine. La force des habitudes, de la tradition » ainsi que la cohorte d’ avantages » de la pédale syncopée en sont probablement la raison. J’espère cependant que vous regarderez dorénavant les indications de pédale d’un autre œil. Bibliographie ADAM L. [1805], Méthode de piano du Conservatoire, Paris, Imprimerie du Conservatoire de Musique, faub Poissonnière no 11, réédition en fac-similé, 1974, Genève, Minkoff. BACH C. P. E. 1762, Versuch über die wahre Art das Clavier zu spielen, Zweyter Theil, Berlin, réédition en fac-similé, 1992, Wiesbaden, Paris, Leipzig, Breitkopf & Härtel. BANOWETZ J. 1985, The Pianist’s Guide to Pedalling, Bloomington, Indiana University Press. BERDUX S. 1999, „Johann Peter oder Philipp Jacob Milchmeyer ? Biographische und bibliographische Notizen zum Autor der Hammerklavierschule Die wahre Art das Pianoforte zu spielen“, in Bär F. P., Musica instrumentalis, 2, Nürnberg, Verlag des Germanischen Nationalmuseums, p. 103-120. BERG C. vers 1855, Manuel à l’usage du Maître pour la Méthode progressive de piano, Paris, Richault. 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Notes 1Les trois pianoforte de Cristofori conservés aujourd’hui sont datés 1720, Metropolitan Museum of Art, New York ; 1722, Museo Strumenti Musicali, Rome ; 1726, Musikinstrumenten-Museum, Leipzig. 2Les instruments de Gottfried Silbermann conservés à ce jour sont datés 1746, Staatliche Schlösser und Gärten Preußischer Kulturbesitz, Potsdam, Sansssouci ; ca. 1746, Staatliche Schlösser und Gärten Preußischer Kulturbesitz, Potsdam, Neues Palais ; 1749, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg. 3„Das ungedämpfte Register des Fortepiano ist das angenehmste, und, wenn man die nöthige Behutsamkeit wegen des Nachklingens anzuwenden weiss, das reizendeste zum Fantasiren.“ 4CD Claviersmozartiens, Lyrinx Strumenti, LYR 2251, 2007 plage 4. 5„ Uiber die Dämpfer ist viel zu erinnern, sie machen die schönste aber auch die abscheulichste Veränderung, je nachdem sie mit Geschmack oder übel angewendet werden, denn im lezten Falle klingen alle Töne unter einander, und verursachen so unerträglichen Uibellaut, dass man sich die Ohren verstopfen möchte. Ich will also den Gebrauch dieser Veränderung durch verschiedene Beispiele deutlich zu machen suchen. Mann kann erstlich damit das Spiel kleiner Glocken nachahmen, wenn die rechte Hand ganz in der Höhe spielt, und alle Töne mezzo forte abstösst, indess die linke die Begleitungstimme in der Mitte der Claviatur gebunden und pianissimo vorträgt.“ 6„Wenn man in einer Stücke von langsammer Bewegung die Begleitungstimme mit der rechten hand pianissimo und in der gebundenen Spielart vorträgt, und einen Gesang im Basse mezzo forte abstösst, und zwar alles ohne Dämpfer mit zugemachtem Deckel, so kann man dadurch sehr gut, das Duett zweier Männer vorstellen, das von einem Instrumente begleitet wird.“ 7„Alle Spieler des Pianoforte sollten überhaupt, um des Instruments willen, die gebundene Spielart wählen, da geklopfte und gleichsam gehackte Noten für dasselbe gar nicht passen, sondern man ihn vielmehr auf eine zarte Art schmeicheln muss. Doch hat alles seine Ausnahmen, so liebe ich z. B. diese gebundene Spielart nicht in den Läufen, in den chromatischen und verschiedenen andern Gängen des Basses, weil, das lange Nachsingen der stärkern Saiten übel lautende Töne verursacht. Solche Gesänge aber, welche bloss die wahren Noten des Accords enthalten, sie mögen wohl oder übel lautend seyn, werden durch diese Spielart vollkommen. Sie macht den Ton des Pianoforte weich und gleichsam sammetartig, und man kann dadurch die obern Töne dieses Instruments, welche zu einer gewissen Härte und Trockenheit geneigt sind, versüssen und erweichen.“ 8„Wenn man die rechte Hand mezzo forte ohne Dämpfer mit zugemachtem Deckel spielt, kann man eine Note, welche lange fortdauern soll, durch geschwindes Anschlagen, oder durch das Zittern des Hammers gegen die nämlichen Saiten sehr gut unterhalten, und dadurch eine Frauenzimmerstimme nachahmen, nur muss die linke Hand dabei den Bass mezzo forte, und die Begleitungstimme pianissimo spielen, bei jeder Veränderung muss man alsdann um des Uibellauts willen, der bei vielen Fortsingen den Tönen entsteht, die letzten gespielten Noten des Accords dämpfen, die ersten Noten des folgenden Accords aber gleich sogleich ohne Dämpfer anfangen.“ 9„Durch das Gegentheil, kann man das decresc. welches z. B. der untergehenden Sonne gleicht, sehr gut ausdrücken. Man fängt dabei den Gang fortissimo mit aufgemachtem Deckel ohne Dämpfer an, lässt beim piano den Deckel nach und nach fallen, und endigt pianissimo mit dem Dämpfer.“ 10Harmonika ou Glassharmonika, harmonica de verre, instrument inventé par Benjamin Franklin en 1763. 11„Die Harmonika kann sehr gut ohne Dämpfer nachgeahmt werden, nur muss man sie, wie jedes Instrument, welches man nachahmen will, nach ihrem wahren Charakter behandeln. Im Ganzen verlangt die Harmonika empfindungsvolle Stücke von langsamer Bewegung, mit unterhaltenen oder fortsingenden Tönen. Um aber dieses Fortsingen auf dem Pianoforte hervorzubringen, dazu giebt es kein anderes Mittel, als geschwindes Angeschlagen des nämlichen Tons, oder geschwindes Zittern des Hammers gegen die nähmlichen Saiten, wie ich schon vorhin erinnerte. Alle Noten des Gesangs und der Begleitungstimme, müssen hierbey sich in dem nämlichen Accorde befinden, und wenn man den Accord verändert, so müssen die Töne des vorhergehenden, wenn es der Ausdruck erlaubt, nach und nach erlöschen, oder gedämpft werden, und die Töne des neuen Accords sogleich ohne Dämpfer anfangen, denn ohne diese Vorsicht würde der Nachhall vergangener, und der Klang gegenwärtiger Noten, einen abscheulichen Uibellaut hervorbringen.“ 12„Allein um diese Wirkung hervorzubringen, muss der Spieler das Pedal genau mit der Octave zugleich andrücken; denn auch nur um einen Augenblick später, wirkt das Pedal nicht mehr, und die Octave bleibt kurz und trocken. Da ferner diese Octave durch den ganzen Takt klingen soll, so darf er das Pedal nicht eher auslassen, als mit der letzten Achtel, um es dann mit der nächsten Octave sogleich wieder zu nehmen.“ 13„Das Pedal darf nur so lange fortgehalten werden, als die Stelle aus einem Accorde besteht.“ 14„Man sieht, wie im 6ten Takte beim jeden Accord ein neues Pedal genommen werden muss. Dagegen bleibt das Pedal im 7ten Takte durch 2 Accorde, weil besonders daran liegt, dass das untereE fortklinge, und weil die Stelle pp ist, wo das dissonierende nicht auffält.“ 15„Wenn eine untere Bassnote sehr kräftig angeschlagen wird, während die nachfolgende höhere Fortsetzung piano nachfolgt, so kann auch während dem Pedal einiger Accordwechsel stattfinden, weil die untere Note als Grundbass forttönt.“ 16„Bei äusserst zart anzuschlagenden Stellen kann das Pedal bisweilen durch mehrere dissonirende Accorde fortgehalten werden. Es bringt da die sanftverschwebende Wirkung der Äolsharfe, oder einer sehr fernen Musik hervor.“ 17„Ein sehr sanfter Schluss, dessen Accord nicht wechselt, ist stets mit diesem Pedal zu spielen.“ 18„Das Pedal wird am Ende noch so lange gehalten, als der letzte Accord deutlich tönt.“ 19„Es gibt Tonsetzer, in deren Werken das Pedal fast gar nie angewendet werden soll, dagegen Andere, wo es durchaus nothwendig ist. Mozart, Clementi, und deren Zeitgenossen konnten davon keinen Gebrauch machen, da es damals noch gar nicht erfunden war. Erst zu Anfang dieses Jahrhunderts haben Beethoven, Dussek, Steibelt, etc., dasselbe in Anwendung gebracht, und auch Clementi hat es in der späteren Zeit häufig genug benützt. Beethoven hat mehrere Clavierwerke eigends darauf berechnet, wie z. B das Finale der C-dur Sonate op. 53, welches ohne Pedal gar keine Wirkung machen würde. Fast alle neueren Tonsetzer benützen es sehr häufig, wie Ries, Kalkbrenner, Field, Herz, Liszt, Thalberg, Moscheles, in seinen neuren Werken etc., und es versteht sich von selber, dass der Spieler es überall nehmen muss, wo er es angezeigt findet. Nur hat er auf die Accordenwechsel auch da Rücksicht zu nehmen, wo bisweilen das Pedal im Stich zufällig zu lange dauernd vorgezeichnet steht. In Hummels Werken findet man es selten, und kann es auch meistens entbehren. Eben so ist es nicht rathsam, es in älteren Clavierwerken, wie, z. B. bei Mozart, Em. Bach, in den älteren Clementischen Sonaten, oft anzuwenden;denn der Gebrauch dieses Pedals hängt sehr von den Compositionsarten ab, deren es, wie wir später sehen werden, mehrere sehr verschiedene gibt. Noch ist zu bemerken, dass Beethoven in der frühern Zeit das Nehmen des Pedals mit den Worten Senza Sordino Bezeichnete. Das Wort con Sordino zeigt in dem Falle an, es wieder wegzulassen.“ 20“Beethoven, in particular, employed it in the performance of his Pianoforte works much more frequently than we find it indicated in those compositions.” 21„Beim wiederkehrenden Thema Largo wird das Pedal während dem Recitativ fortgehalten, das, wie aus weiter Ferne klagend, ertönen muss.“ 22„Diese Bewegung dauert durch das ganze Stück und wird nur durch die genaue Beachtung des piano, des forte, crescendo, diminuendo, und auch durch die Benützung des Pedals bei harmoniösen Stellen belebt.“ 23„Mit dem Worte harmoniös bezeichnen wir vorzüglich eine richtige Anwendung des Pedals durch die Dauer einer consonirenden Harmonie.“ 24„Beethoven, der dieses Concert 1803 öffentlich spielte, liess das Pedal durch das ganze Thema fortdauern, was auf den damaligen schwachklingenden Clavieren sehr wohl anging, besonders, wenn auch das Verschiebungspedal dazu genommen war. Aber jetzt, wo der Ton weit kräftiger geworden, würden wir rathen, das Dämpfungspedal bei jedem bedeutendern Harmoniewechsel immer wieder von Neuem zu nehmen, jedoch so, dass im Klange keine Lücke merkbar sei. Denn das ganze Thema muss wie eine ferne, heilige und überirrdische Harmonie klingen.“ 25„Dieses Rondo von pastoralem Character ist ganz auf den Gebrauch des Pedals berechnet, welches hier wesentlich erscheinet.“ 26“During this epoch the Pianoforte was considerably improved. Thicker strings were used for it, whereby the upper octaves which had previously been so weak in tone, acquired unusual power and melodiousness. And lastly, between the years 1820 and 1830, the important covering of the hammers was brought to such a degree of perfection, especially by the Vienna manufacturers, that, by the mere touch, we could draw from each key numerous shades of tone, and suddenly gain a new feature in Pianoforte playing. Without having recourse to those mechanical contrivances – the pedals, it became possible to execute the lightest pianissimo; whilst, in each octave, a more energetic touch produced not only greater power, but in a measure quite another kind of tone. […] From this period may be dated the invention of the modern style of Pianoforte playing, which has now become general. While the notes of a melody are struck with energy in a middle position and their sound continued by a skilful use of the pedal, the fingers can also perform brilliant passages piano, with a delicate touch; and thus arises the remarkable effect, as if the melody were played by another person, or on another instrument.” 27“We have yet to remark on Liszt’s compositions, that he sometimes employs the pedal uninterruptedly during chromatic and other runs in the lowest part of the bass, and thereby produces a mass of sound, which, like a thick cloud in a picture, is only calculated for the total effect. When introduced sparingly and in the proper places, this effect is by no means unartistical for even Beethoven has occasionally had similar in view, and the modern school makes sufficiently frequent use of it.” 28“We think it has now been proved, that the present style of Pianoforte playing consists in a degree of bravura which can scarcely be exceeded, in a highly refined expression, but particularly in effects which are produced by the use of the pedal.” 29“The first of these, is, the abuse of the pedal. Many players have so much accustomed themselves to employ the same, that a pure and classical performance with the fingers only, has been almost totally neglected; - that some are scarcely in a condition to perform a simple, four-part, connected passage duly legato without the pedal; - that the fingers, as well as the ear, always rely simply on the connection and effects producible by the pedal, and that consequently the foot performs almost a more important part than the hands. Hence, many pianists who are masters of all this modern art, are quite unable to play a simple Sonata by Mozart or Clementi, or a Fugue of Bach, in a worthy manner.” 30„Übrigens hüthe man sich, von diesem Pedal einen immerwährenden Gebrauch folglich Missbrauch zu machen. Alles verliert seinen Reitz, was man zu oft anwendet. Das klare deutliche Spiel bleibt immer die Regel, das Übrige sind nur Ausnahmen.“ 31Méthode de Lechetizky, voir Brée, 1913. 32„Nun gelangen wir zu Spielfreiheiten, die direct dem Gebiete des Virtuosenthums angehören. Die klingenden Pausen benützt der Virtuose auch zur Verstärkung des Anschlages. Der Grad der Tonstärke ist bei dem Legatospiele ein begrenzter, so lange man kein Pedal tritt. Das Wachsen der Tonstärke hängt, ausser dem Drucke des Armes, hauptsächlich noch von dem Heben der Finger ab. Je höher man den Finger hebt, desto stärker wird der Anschlag sein. Höher aber kann man den Finger nicht heben, als er lang ist; daher hat die Tonstärke des Fingerlegato theilweise ihre Grenze in der Länge der Finger. Reicht die Stärke des Fingerlegato nicht aus, dann bleibt nichts anderes übrig, als dass man das Legato überhaupt aufgibt. Man muss dann mit den Fingern staccatirenund die Bindung durch das Pedaltreten herstellen. Fortissimo-stellen spielt man aus dem Grunde selbst dann staccato, wenn in den Noten ausdrücklich Bindungsbögen angezeigt sind.“ 33„Da also das Pedal jeden angeschlagen Ton verschönert und verstärkt, so trete man das Pedal bei jeder einzelnen längeren Note, sowie bei jedem stillstehenden Accord. Jeden einzelnen Ton und jeden solchen Accord, dessen Dauer lang genug ist, um während derselben den Fuss auf das Pedal zu setzen und abzuziehen, nehme man mit Pedal, mag das Treten vom Componisten angezeigt sein oder nicht. In diesem Fall also bildet die Dauer der Note ein Pedalzeichen. So z. B. tritt man das Pedal bei der D-moll-Sonate von Beethoven bei dieser Stelle Man spielt also die Melodienoten mit dem Fusse mit, und nur bei den zu kurzen Noten lässt man den Finger allein spielen.“ 34„Die Antwort auf die Frage, wann man das Pedal treten dürfe, wäre sehr einfach, wenn man mit der gedruckten alten Schule sagen würde Man trete das Pedal überall, wo es angezeigt ist, und nirgends, wo das Zeichen fehlt. Diese Regel aber genügt nicht, erstens weil es Componisten gibt, welche es geradezu verschmähen, das Pedal anzuzeigen, da sie voraussetzen, dass der Spieler, welcher sich an ihre Compositionen wagen darf, ohnehin genug Intelligenz besitzen muss, um das Pedal richtig zu gebrauchen; zweitens genügt die Regel nicht, weil die Zeichen selbst von den besten Componisten nicht genug gewissenhaft gesetzt werden; drittens genügt sie nicht, weil sich das übliche Zeichen zur genauen Angabe des Pedalgebrauches überhaupt nicht gut eignet. Wo der Componist gar keine Zeichen angibt, da ist der Laie wohl vollkommen rathlos, aber doch ist der gänzliche Mangel des Zeichens nicht so gefährlich, wie eine total falsche Angabe für den Gebrauch; denn wo die Zeichen gänzlich fehlen, da fühlt sich doch der Spieler zu eigenem Nachdenken berufen, wo aber ein Zeichen besteht, da legt sich ihm die Verpflichtung auf, zu gehorchen. Es gehört viel Selbständigkeit von Seite des Spielers dazu, bis er es wagt, die Angabe eines Componisten mit Bewusstsein umzustossen.“ 35„Ein grosser Fehler der Componisten ist ferner der, dass sie die Pedal- und Vortragszeichen gewöhnlich nur am Schreibtisch niederschreiben, vielleicht, ohne sie auch nur ein einzigesmal am Claviere zu probiren. Gar oft rührt dies wohl davon her, dass sie der Componist in der Nacht notirt, also zu einer Zeit, wo das laute Musiciren unzulässig ist.“ 36„Doch nicht allein Moscheles hat sich so vergangen, fast alle Componisten setzen falsche Pedalzeichen. Wohin wir blicken, fast überall zeigen sich grobe und gröbste Fehler. Rubinstein gab mir eigens an, dass ich ja nicht vergessen solle anzuführen, dass die meisten Pedalzeichen in den Werken Chopin falsch gesetzt seien.“ 37„Chopin, dieser geniale, geschmackvolle, feinfühlende Componist und Virtuos möge Ihnen auch hier zum Muster dienen…. Aber untersuchen und beobachten Sie seine sorgfältige und delikate Bezeichnung in seinen Compositionen, so werden Sie sich über richtigen und schönen Gebrauch des Pedals vollständig unterrichten können.“ 38“By some musical writers of high rank I was most flatteringly alluded to as “one of the most distinguished” or even in some instances “the most distinguished” representative of the older school of piano playing. I began to meditate about the difference between the older and the new schools of pianism. […] From about 1833 until 1848, the very quintessence of piano playing seemed to be embodied in three names Chopin, Liszt, Thalberg. Thalberg was a wonderfully correct and brilliant player, but without great musical distinction. His most conspicuous trick consisted in declamating [ declaiming] a melody with the thumb and surrounding the theme with most brilliant scales, arpeggios, passages, etc. Even this device he took from Parish Alvars, the famous harpist, who deserves lasting memory, as even the great Richard seems to have used it, translating this musically effective scheme for grand orchestra in this Tannhäuser Ouverture. […] In the “Triumvirate” of Chopin, Liszt, and Thalberg, Chopin holds easily the place of Caesar Octavianus, Liszt the place of Antonius with many Cleopatras! and Thalberg of Lepidus. We could easily dismiss Thalberg from his exalted position, replacing his name with that of Anton Rubinstein, It is true that Rubinstein was lacking in finesse of execution and even to a certain extent of interpretation, and that his passages were often blurred beyond recognition, but the heroic vein of his style, his colossal climaxes, and in the first place his compositions gave him claim to true greatness. Moreover, he was to my knowledge the first pianist who introduced the syncopated pedal to his readings. This may sound incredible to the younger generation of pianists who learned the right use of pedals almost in their cradles, who were told almost when they began to study that one should not strike keys and pedal simultaneously. They were told to come down with the foot on the pedal at the very moment when they raise the hands from the keys in order to avoid blurs and to keep a continuous flow of the melodic line, keeping the sound ringing now with the hands, now with the pedal, without break. I can prove it by a letter which Liszt wrote to Louis Köhler, the well-known piano pedagogue and musical critic, in July 1875. When Köhler sent him a copy of his technical studies, where he introduced some exercises for the syncopated pedal, Liszt answers with the following lines I omit the beginning of the letter as not pertinent to our theme “Best thanks for your kindly letter and for sending your Opus 147 “Technische Künstler-Studien”. And although I am more disposed to turn away from than toward Methods and Pedagogics, still I have read this work of yours with interest. Theentrance of the pedal after the striking of the chords as indicated by you at the beginning of page three, and as consistently carried through by you almost to the utmost extreme, seems to me an ingenious idea, the application of which is greatly to be recommended to pianoforte players, teachers and composers - especially in slow tempi.” This letter proves beyond any doubt that Liszt, the supreme ruler over the piano, did not use the syncopated pedal, but not only this it proves that he did not even grasp the immense importance of the discovery when it was brought to him by Louis Köhler. Who invented the syncopated pedal? Mikuli, and consequently Chopin, did not know it. Köhler does not put forth any claim for the discovery, nor did Rubinstein. The great benefactor and inventor deserves to be immortalized. I consider the syncopated pedal to be one of the most important discoveries because it promotes music and makes true musical readings possible. It constitutes the high-water mark between a glorious past and a more glorious future. No more painstaking fingering for legato chords, no more dry playing without pedals and without overtones, in order to avoid blurs. The syncopated pedal signifies the emancipation from dry or blurred tone, the emancipation of wrist and arm from sticking to the keys; it constitutes true orchestral playing; in its unbroken cantilena, it is superior even to other musical instruments and to the exhaustible human voice. I call this discovery one of the most important in the history of piano playing. Alas, it was also so far the last one! […] After having stated the merits and the shortcomings of the methods of Chopin, Liszt, Thalberg, and Rubinstein, it seems very easy to answer the question What progress has been made by and what are the characteristics of the new school of piano playing; that is, the school of the younger generation of pianists? The answer must be the following There is no such thing in existence as a “new school of piano playing.” The mere fact that one has not studied with Liszt, that one has not heard the Chopin school, and that one has never been privileged to listen to Rubinstein is a colossal drawback and can never constitute in its helpless negativity any claim to distinction or greatness. Having missed the great Triumvirat Liszt-Chopin-Rubinstein, the pianists of the younger generation are bound to learn from those of us who had the great privilege to study directly or indirectly with these pianistic and musical giants. If they choose to turn away from us they will not harm us, but themselves.” Il est très intéressant de noter que Milchmeyer précise la manière d’utiliser le registre des étouffoirs, pratique qui ne correspond pas à la nôtre aujourd’hui. En effet, il dit qu’il faut étouffer la dernière note de l’accord pour pourvoir jouer la première note de l’accord suivant sans étouffoirs. Cette pratique diffère de la pratique moderne, que l’on nomme pédale syncopée ; les étouffoirs sont baissés au moment où la première note de la nouvelle harmonie est jouée puis ils sont immédiatement relevés pour laisser à nouveau les cordes vibrer. La pratique décrite par Milchmeyer sera encore utilisé Pour citer ce document Pierre Goy, L’art de la pédalisation peut-on jouer d’après les Urtexte ?», La Revue du Conservatoire [En ligne], Contenus, Le deuxième numéro, La revue du Conservatoire, Dossier notation et interprétation, mis à jour le 27/06/2013, URL Quelques mots à propos de Pierre Goy Pierre Goy étudie le piano avec Fausto Zadra, Edith Murano, Esther Yellin et Vlado Perlemuter, et participe à des cours d’interprétation notamment avec Jörg Demus et Nikita Magaloff. Passionné par les possibilités expressives des instruments anciens, il suit les séminaires de Paul Badura-Skoda et de Jesper Christensen. Pierre Goy cherche à rendre la musique de chaque époque avec l’instrument correspondant. Il a enregistré les Années de pèlerinage, Première année Suisse de Liszt cantando 9814 ; Chopin à Vienne lyr 247 ; Claviers mozartiens lyr 2251 Diapason d’or. À paraître en 2013, Chopin œuvres concertantes Concerto en mi mineur, Krakowiak, et Fantaisie, avec accompagnement de quatuor membres du Giardino Armonico. Il forme avec Nicole Hostettler un duo aussi bien à deux pianoforte, au clavecin et au pianoforte, ou à deux clavicordes. Ils ont enregistré J. G. Müthel cantando 2016, et Armand-Louis Couperin & les claviers expressifs de Pascal Taskin lyr 2262. En formation de musique de chambre il a pour partenaires entre autres des membres de l’Orchestre de la Suisse romande, des membres d’Il Giardino Armonico, le Quatuor Mosaïques, l’Ensemble baroque de Limoges. Il enseigne dans les hautes écoles de musique de Genève et Lausanne. Il transmet également ses connaissances des instruments anciens ainsi que les pratiques d’interprétation lors de masterclasses, notamment à l’Abbaye de Royaumont. Pierre Goy est l’instigateur des Rencontres internationales harmoniques de Lausanne qui rassemblent tous les deux ans depuis 2002 des facteurs d'instruments, des musiciens, des musicologues et des conservateurs de musée autour des instruments anciens.
ክехрεηерс ኆልеቩеፂቇпаλιք ጰ
Щθրекрυζιψ ոжօψሧхраլуΕդыσо ሌ
Զυጹևвοр угяхሤպоዬехуլኾр еρ
Еկաсу уጄезаյеሿխчΒիзօняж хиф ик
Чωችинт ሪхрխфօ обоηуዲаրеթԵзሽլևхኣփаյ ጣуճ ибο
Ебрօձθ ρавоռувΣе ዪուд αшቫжиսызвխ
Voila le lien pour mon nouveau repaire. Encore désolé pour ceux qui me suivait, mais Daily' n'était plus supportable.

29/09/2018 Beaucoup d’entre vous connaissent cette scène culte du chef-d’œuvre cinématographique Il était une fois dans l’ouest ». Je pense toutefois que le film entier mérite d’être revu pour la prestation de ces principaux acteurs et pour sa bande originale, une de plus belles bandes sonores de l’histoire du cinéma. Il était une fois dans l’ouest » est l’histoire d’un homme sans nom, que d’aucuns appellent Harmonica Charles Bronson et qui est à la recherche de Frank Henry Fonda, un tueur impitoyable. Dans Il était une fois dans l’ouest, Sergio Leone dépeint un ouest américain sans pitié, austère et dominé par le sadisme et la vengeance. Il dépeint un monde livré à lui-même, loin du progrès et du développement industriel, où les hommes se trouvent encore à l’état sauvage toute ressemblance avec des personnes existant… - . La vengeance est présentée comme le seul moyen de rendre la justice. Dans ce film, elle est magnifiquement esthétisée, elle est sublimée et exaltée par la musique d’Ennio Morricone. La dernière scène du film annonce l’avènement de la civilisation et du progrès symbolisés par l’arrivée du train qui avancent inexorablement et qui repoussent le Far-West sauvage afin d’instaurer un Etat de droit. Car le Far West que l’on voit dans ce film est un monde où règne la loi du plus fort, un monde truffé de hors-la-loi et de brutes impitoyables et cyniques. Les principaux personnages du film Dans ce film, le personnage de Franck Henry Fonda apparaît comme l’incarnation du cynisme, la stature du mal. Franck est un homme sans conscience morale, un Thanatos de l’ouest qui massacre à tire-larigot. L’homme à l’harmonica Charles Bronson donne l’impression qu’il représente la justice, mais il est davantage un régulateur qu’un justicier car il cherche, avant toutes choses, à assouvir une vengeance personnelle. Harmonica aussi porte la mort en lui, et il la sème. Cette violence de l’ouest est complétée par un autre personnage, Cheyenne Jason Robards. Lui, en revanche, se situe à la limite de la civilisation. C’est en quelque sorte un bandit au grand cœur qui sait se contenir. Il ne viole pas, il ne tue pas à tout-va et semble s’accommoder de la loi. Dans ce monde d’une implacable violence, et auprès de ces visages cabossés et tuméfiés par le soleil, apparaît le seul personnage féminin interprété par Claudia Cardinal. Jill Claudia Cardinal essaye de s’adapter à ce monde sauvage et incarne la promesse d’un avenir radieux et pacifié. D’ailleurs, l’homme à l’harmonica Charles Bronson lui explique, à la fin du film, que la violence ne sera plus comme avant. La violence s’amenuisera à l’ouest au point où elle se limitera à quelques claques sur les fesses venant d’hommes civilisés. ATTENTION, CHERS AMIS, NOUS ALLONS DIVULGUER LA FIN DU FILM DANS CETTE DERNIÈRE PARTIE ! Dans cette scène mythique voir ci-dessous, probablement la plus célèbre d’Il était une fois dans l’ouest, on explique cette soif de vengeance qui dévore Harmonica depuis le début du film. Ce sentiment âpre de vengeance est lié au traumatisme de la mort de son frère, alors qu’Harmonica était enfant. L’on peut voir, dans cette vidéo voir ci-dessous, en l’occurrence la scène du duel, et ce à travers un flash-back, la silhouette floue d’un homme qui avance sereinement. Ensuite, la mise au point se fait sur le visage inattendu de Frank. Le cynisme atteint son comble dans cette scène. En effet, ce dernier enfonce un harmonica dans la bouche de l’enfant futur l’homme à l’harmonica qui porte sur ses frêles épaules son grand frère attaché au bout d’une corde en lui disant Joue pour ton grand-frère, ça lui fera plaisir. » Sergio Leone effectue de gros plans sur le visage du jeune garçon en pleurs, qui, avec la bouche obstruée par l’harmonica et ne pouvant résister à la fatigue, s’effondre par terre et provoque ainsi la mort de son frère. Au retour du flash-back, Frank est tué à son tour lors du duel qui l’oppose à Harmonica. Il était une fois dans l’ouest est un film hors-norme et intemporel, servi par des acteurs charismatiques et immortalisé par sa musique. Pierrot Lefou Pierrot Lefou

Venezdécouvrir, en quelques clics, les œuvres contemporaines de Eric BACHET, Et notamment Ce n'est qu'un Au Revoir. Nous vous présentons de nombreuses réalisations, sur le site d'ARTactif, l'annuaire officiel des artistes contemporains.
17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 1040 Chromatique pour l'irish music Une question qui peut revenir souvent c'est quel harmonica choisir pour de la musique celtique ? Ici je vais exposer mon choix en terme de chromatique. Pour l'accordage je choisi un "trad tuning" inspiré de l'accordage de Jean Sabot que vous pouvez retrouver sur son site. Il s'agit dans cette accordage d'avoir toutes les notes de la gamme de GM ou DM au choix à disposition sans utiliser la tirette mais le double G que l'on retrouve sur les accordages SOLO est enlevé. En effet le double G des trous 4 et 5 n'apportait rien en terme de jouabilité pour les musiques celtes. La tirette est inversée, autrement dit elle abaisse les notes d'un demi ton au lieu de les monter. Cela permet de jouer des ornementations de type Tap et rend le jeu plus traditionnel. Il existe désormais beaucoup d'harmonica vendu avec cette configuration, chez Seydel ou Harponline par exemple. Le modèle de chromatique que j'utilise est un Super Chromonica personnalisé par Harponline. Accordé selon le trad tuning et avec des vis au lieu de clous qui permettent un démontage plus aisé. C'est un modèle très agréable à jouer que je qualifierais de "souple". Tant au niveau du jeu et de la réponse des lamelles qu'au niveau de la tirette. Le son est agréable et rappelle celui d'Eddie Clarke, d'ailleurs il me semble qu'il jouait sur un Chromonica. Un avantage à ne pas négliger est bien sûr son prix de 100€ pour le modèle de base sans configuration. Voilà vous en savez désomrais un peu plus sur mes choix en matière d'harmonica pour la musique celtique, à vous maintenant de faire vos propres essais et de partager vos expériences ! A bientôt ! Published by Nicolas - dans Mon harmonica 4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 1741 Les harmonicas Brodur Un petit article pour vous faire part de mes impressions sur ces harmonicas. J'en possède un qui est pour tout vous dire un Série 2 avec les capots en corne de Buffle. J'ai pu en essayer d'autres fabriqués dans divers matériaux donc voici un avis global. Voici tout d'abord une image de quelques uns de ces harmonicas Première impression le look forcément, en les regardant on ne peut que saluer l'immense travail d'artisanat qui est derrière chaque harmonica. Ils sont fait à la main et chaque instrument est unique de par son look car les matériaux employés génèrent de nouvelles couleurs, forme à chaque usinage. Ainsi vous possédez réellement un instrument à part déjà. Ensuite vient la "mise en bouche" qui est agréable et sans accroche. Ca glisse sur les lèvres très facilement et ça ajoute un confort de jeu extraordinaire. Ensuite je ne peux que saluer le travail fait sur l'harmonica pour qu'il soit aussi étanche. Car pour le coup ça n'a rien avoir avec les Golden Melody précision les plaquettes utilisées sur les Brodur sont celles de Golden Melody. L'harmonica offre du coup une superbe facilité de jeu et une projection sonore incroyable. D'ailleurs de ceux que j'ai pu tester les meilleurs en terme de rendu sonore étaient ceux fabriqués à partir de Corne, Os ou encore Ivoire de Mammouth. Pour finir je dirai procurez vous en un ! En plus c'est bientôt la période des fêtes et ça vaut le coup d'investir dans un harmonica qui est vraiment au dessus des autres. Bravo à Raymond et à Jean-Luc pour ces harmonicas. Pour plus d'informations aller sur leur site Brodur. Published by Nicolas - dans Mon harmonica 23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 1154 Accordage diminué ressources 3 On va parler de l'accordage diminué dans cet article, et oui encore ! - Comme cet accordage me semble intéressant d'un point de vue ergonomique je teste de plus en plus l'accordage pour explorer ses possibilités. On a déjà vu pas mal de choses, schémas, gammes... Deux choses ici pour et article, tout d'abord je vous passe le schéma de la gamme blues, enfin les 3 schémas différents pour jouer la gamme de blues sur un diminué. Pour finir voici le schéma qui vous permettra de réaccorder un harmonica accordé en Soloist vers un diminué. En effet le meilleur moyen de se faire un diminished est soit de passer par Seydel qui permet de choisir son accordage, soit d'accorder un harmonica Soloist type Marine Band 12 trous. Voici donc ce schéma, au dessus vous avez l'accordage Solo et en dessous vous avez le diminished. Légende - bleu = note à baisser d'un demi ton - rouge = note à baisser d'un ton et demi Published by Nicolas - dans Mon harmonica 10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 2312 Accordage diminué ressources 2 Pour les adeptes des schémas ;- et autres calculs mathématiques je vous propose ici de voir le schéma de la gamme majeure. "Encore !", me direz vous, oui mais là ce n'est pas tout à fait pareil.... En effet nous sommes passés à côté d'un détail intéressant en ce qui concerne le schéma de la gamme majeure, ou plutôt de son négatif... Voici donc ce fameux schéma qui va vous éclairer Qu'est ce qu'on voit ? Au dessus la gamme majeure de DO, autrement dit DO RE MI FA SOL LA SI DO. Si on prend le schéma "négatif" de la gamme majeure de DO on obtient la pentatonique majeure de Gb. Normal, car la gamme majeur de DO représente les touches blanches du piano, le négatif lui représente les touches noires donc la pentatonique majeure de Gb. je voulais juste vous faire partager cette remarque. A noter que pour les esprits les plus "calculateurs", en apprenant la gamme majeure de C on a déjà par décalage de trou EbM, GbM et AM. Mais si vous arrivez à vous souvenir du négatif du schéma vous aurez aussi les pentas de GbM, AM, CM et EbM. Un coup double donc ! Je pense que ce principe doit pouvoir s'appliquer à d'autres gammes. Il faut juste chercher - Published by Nicolas - dans Mon harmonica 10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 2207 Accordage diminué ressources J'ai parlé aujourd'hui de l'accordage diminué et je vous propose ici quelques schémas de gammes si vous voulez tester par vous même cet accordage. Tout d'abord voici un schéma qui montre la transposition facilitée par l'accordage On a ici le schéma de l'arpège majeur qui commence sur une note soufflée et on voit bien qu'en décalant d'un trou notre schéma on transpose l'arpège une tierce mineur au dessus. C'est là le concept du diminué pour ceux qui n'avait peut être pas encore bien compris. Voici donc le schéma des arpèges Maj7 Notez ici la petite difficulté dont j'avais parlé précédemment, les sauts de trous plus présents que sur un Richter. Par exemple ici pour l'arpège Maj7 de C on doit sauter un trou, ainsi que pour celui de B. Encore des schémas, toujours des schémas avec celui des gammes mineurs mélodiques Je vous remets celui des gammes majeures Ici je vous mets le schéma des gammes TON/DEMI-TON que je trouve particulièrement intéressant. En effet la gamme de C TON/DEMI-TON ne se joue qu'en aspirant et est l'inverse de la gamme de B TON/DEMI-TON. Quand à celle de Bb c'est tout simplement celle qui se joue sur les notes naturelles. Voyez plutôt Enfin voici le schéma de la gamme unitonique Intéressant celui là - Allez, c'est tout pour cette fois ci, à bientôt ! Published by Nicolas - dans Mon harmonica 10 juillet 2008 4 10 /07 /juillet /2008 0858 L'accordage diminué Je vais vous faire part ici d'un accordage qui peut sembler intéressant de par sa configuration et ses possibilités. C'est l'accordage diminué dont il est question ici. Alors qu'est ce que l'accordage diminué ? Et bien c'est un accordage basé sur une gamme diminué TON/DEMI-TON. Voici donc la gamme TON/DEMI-TON en DO DO RE MIb FA SOLb LAb LA SI DO, autrement dit notre harmonica sera construit ainsi notes soufflées en bas RE FA LAb SI DO MIb SOLb LA Qu'est ce que l'on remarque ? Tout d'abord je n'ai écris ici que les quatre premiers trous et pour cause car l'accordage est symétrique, autrement dit ce schéma se répète tout du long. Ensuite on peut remarquer qu'il y a un ton d'écart entre la note soufflée et celle aspirée, cela veut donc dire qu'il n'y a qu'un seul niveau d'altération. Entre la note aspirée et la note soufflée suivante il n'y a qu'un demi ton, autrement dit les overblows ne sont pas nécessaires sur cette accordage. En effet l'overblow sur le trou 1 donnerait un Mib qui est déjà présent dans le trou 2 soufflé. Cela veut donc dire que la gamme chromatique est accessible juste avec des notes naturelles et des altérations simples. Quelles possibilités ? On arrive à la partie des possibilités données par cet accordage. C'est une configuration symétrique et c'est là le plus intéressant peut être en ce qui le concerne. la symétrie des octaves permet de jouer une gamme sur l'octave grave par exemple et ensuite de la jouer dans les médiums aiguës sans rien changer. Vu que la disposition des notes ne changent pas on ne doit pas réapprendre de nouvelles configurations. Ensuite il y a une symétrie à l'intérieur de l'octave. Chaque trou est le même que le précédent. par le même j'entends bien sûr même configuration. Exemple sur le trou 1 on a DO-RE = 1 ton, sur le trou 2 on a MIb-FA = 1 ton et ainsi de suite. Cela va nous permettre d'apprendre un plan en DO ou qui part de DO et ensuite de pouvoir le transposer en Eb juste en décalant notre plan d'un trou sur la droite. Voici un schéma pour mieux comprendre légende - ligne du haut = notes aspirées - ligne du milieu = notes altérées - ligne du bas = notes soufflées Ce schéma est écrit pour un harmonica diminué en Bb mais c'est le même principe. Prenons le premier tableau. Les cases coloriées représentent le schéma de la gamme majeure en Bb. En effet si on les écrit ici on a Bb C D Eb F G A Bb, on a donc bien la gamme majeure de Bb. Pour jouer la gamme majeure de Db qui est la note soufflée du trou 2 je n'ai juste qu'à jouer le même schéma mais en partant du trou 2. En effet si on décale les cases coloriées d'un trou sur la droite on obtient Db Eb F Gb Ab Bb C Db autrement dit la gamme majeure de Db. Si vous jouez le même schéma décalé encore une fois d'un trou vers la droite vous aurez la gamme majeure de E et si vous le décalez encore une fois vous aurez celle de G. Les trois tableaux représentent les trois schémas pour jouer les gammes majeures. En effet on a un schéma qui part d'une note soufflée, un autre qui débute sur la note altérée et le dernier sur une note aspirée. Si vous n'avez pas déduis le résultat final je vous le donne ici. En apprenant trois schémas différents vous serez en mesure de jouer les 12 gammes majeurs juste en vous décalant d'un trou. Avec ce principe là on peut dire qu'il n'y a pour chaque gamme que 3 configurations différentes à apprendre pour les connaître toutes, c'est là à mon avis toute la puissance de cet accordage. Des inconvénients ? Y a t'il des inconvénients a cet accordage ? Bien sûr ! Même si cet accordage nous permet de jouer dans toutes les tonalités juste en apprenant trois schémas différents il y a un revers à la médaille. Tout d'abord sur un harmonica 10 trous vous n'aurez que 2 octaves et demi au lieu de 3 pour le Richter. Le jeu en accord est fortement limité, en effet on ne peut jouer que des accords diminués - Donc on peut dire au revoir à cet accordage si vous aimez le jeu en accord. Son plus gros défauts selon moi c'est le fait qu'une octave est contenu sur 5 trous. En effet pour allez de C à C il va falloir parcourir cinq trous. Cela veut dire que les notes sont plus espacées que sur un Richter traditionnel et donc que les grands intervalles seront plus durs à jouer sur cette harmonica. Par exemple si vous voulez jouer l'arpège majeur de DO sur un Richter vous faite +1 +2 +3 alors que sur le diminué la tablature devient -1 +3 +4. Il y a un saut de note à réaliser parce que l'octave est plus étendue que sur un Richter. De même pour jouer des intervalles de types septième majeur il va falloir faire un écart de trois trous sur le diminué contre 2 sur le Richter voire un seul si on joue sur l'octave grave. Conclusion L'accordage diminué offre de nombreuses possibilités qui facilitent l'apprentissage d'un jeu polytonal. Comme on l'a vu sa symétrie est sa force et peut être aussi sa faiblesse en fin de compte. En effet les écarts sont plus importants donc il faudra user de précision. En d'autres termes, même si cette accordage facilite le travail des gammes il faudra bosser plus la précision et les intervalles. Je ne peux finir cet article sans vous citer Alfred Hirsch qui ne joue que sur un accordage diminué. Vous pouvez aller voir son site pour entendre ce que l'on peut faire avec. je ne peux pas finir non plus sans remercier Rougepied qui m'a prêté son harmonica diminué afin que je teste l'accordage, alors merci ;- Published by Nicolas - dans Mon harmonica 2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 1937 Overblow comment régler ? Pour un harmoniciste qui souhaite intégrer à son jeu de nouvelles notes, l'obtention des overbends est obligatoire. Oui mais comment régler son harmonica de sorte que jouer un overblow ne soit pas un calvaire ? Je vous propose dans cet article un mode d'emploi pour le réglage des anches afin de faciliter l'obtention de ces notes. Il va falloir pour cela vous armer de plusieurs outils, dont un tournevis pour démonter les capots et un outil long et fin pour ajuster les lamelles. Petite précision concernant l'outil de réglage j'utilise pour ma part l'outil inclus dans le kit Lee Oskar, il s'agit d'une fine tige métallique dont l'extrémité est coudée à 90° pour permettre le réglage sans démonter l'harmonica. Passons à la procédure ! Tout d'abord, démontez les capot de votre harmonica. Sachez maintenant que les anches se règlent par paire, c'est à dire que lorsque vous voulez ajuster votre overblow dans le trou 6 il faut ajuster l'anche soufflée ET aspirée. Voilà pour cette petite précision - Pour le reste c'est très simple. Il faut rapprocher les anches de la plaque. En fait, l'idée est de réduire l'angle d'inclinaison de l'anche. Il faut pour cela exercer une pression au point situé environ au 1/3 de la longueur de l'anche en partant de la base. Comment savoir que le réglage est bon ? Une fois que vous avez ajusté les anches du trou 6 par exemple, remontez les capots et jouez pour voir comment réagissent les lamelles. - L'overblow ne sort pas correctement -> affinez votre réglage en rapprochant les anches de la plaque. - L'overblow sort bien mais la lamelle soufflée et/ou aspirée se bloque quand je joue -> ouvrez l'angle de l'anche qui bloque, vous avez trop fermé la lamelle et elle se bloque plus facilement. - L'overblow sort et les anches ne se bloquent pas quand je joue normalement -> vous avez bien réglé vos anches - Ce n'est pas très sorcier et au fur et à mesure que vous réglerez votre harmonica, vous l'ajusterez de plus en plus vite et le réglage ne sera plus contraignant. Au début n'appuyez pas trop fort sur les anches, procédez par petites touches et regardez comment elles réagissent pour ne pas les casser. A noter avec l'outil coudé on peut régler l'harmonica sans démonter les capots ce qui fait que le réglage prend encore moins de temps et peut se faire partout. Bon réglage !! Published by Nicolas - dans Mon harmonica 25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 1604 Chromatique diatonisant ou diatonique chromatisant ? 2 Après quelques jours d'utilisation de ce nouvel instrument pour moi j'ai pu enregistré un autre petit morceau que vous trouverez sur ma page myspace. Il s'agit d'un morceau de Frank Zappa, Pygmy Twylyte joué avec mon CX12 diatonisé. J'ai pu noter quelques avantages et inconvénients à ce nouveau mode d'utilisation de l'instrument. Avantages - l'utilisation de la tirette ajoutée aux altérations offre de grandes possibilités. En effet, le joueur aura la possibilité pour jouer une note de choisir entre la note avec altération ou la note jouée avec la tirette. On a donc un choix élargi du timbre sonore. - les trilles et ornementations sont désormais possibles alors qu'on ne peut les faire sur un diatonique. - pour les gammes on a encore le choix entre le jeu sans tirette ou avec. Ce qui fait que par exemple on peut jouer DO Majeur et si l'on veut jouer un trait out il n'y a qu'à enfoncer la tirette pour se retrouver en DO. Pour ceux qui ne veulent pas ou n'ont pas le temps de travailler leurs gammes la tirette offre un temps de travail divisé par deux. En effet vous apprenez DO et pour DO ça reste le même schéma mais avec la tirette enfoncée.... Inconvénients - un harmonica chromatique c'est gros !! Ca peut plaire ou pas mais le chromatique est beaucoup plus gros et il faut s'adapter à l'embouchure. - le chromatique est plus cher que le diatonique. Cela dit on peut tout de même trouver des modèles à bon marché ou encore pour les plus passionnés des modèles haut de gamme en argent massif ! - un chromatique est plus laborieux à accorder il y a 2 fois plus de lamelles. Personnellement je suis assez enthousiasmé par cette adaptation du chromatique. En effet certaines choses impossibles à réaliser pour moi sur un diatonique sont désormais possibles, voire faciles ! Cet harmonica m'ouvre de nouvelles perspectives de travail et je vous tiendrai au courant de mes impressions. Published by Nicolas - dans Mon harmonica 22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 2027 Chromatique diatonisant ou diatonique chromatisant ? Salut à tous ! Suite à une discussion sur le forum de Sébastien Charlier à propos de l'éventualité de rendre plus "diatonique" un chromatique j'en suis arrivé à prendre un chromatique et à faire le test par moi même. Certains harmonicistes avaient déjà tenté l'expérience comme Brendan Power, et le but étant de prendre le meilleur des deux instruments. Mon approche est de pouvoir altérer pour garder l'expressivité du diatonique mais aussi grâce à la tirette de pouvoir faire des ornementations et autres petites choses impossibles à réaliser sur un diatonique classique. Voici donc une impro jouée sur le chroma/diato Voici quelques repères pendant l'impro - première utilisation de la tirette = 24s - trille = 49s - tirette enfoncé tout du long = 1min 14 -> je joue un demi ton au dessus - tirette relachée = 1 min 30 -> je reviens dans la tonalité N'hésitez pas à laisser la moindre remarque à propos de cet essai !! Published by Nicolas - dans Mon harmonica 20 mars 2008 4 20 /03 /mars /2008 1949 L'harmonica parfait Salut à tous pour ce nouvel article ! Je voudrais parler ici d'un point important qui est l'instrument. En effet, notre instrument est notre moyen d'expression, c'est à travers lui qu'on va transmettre émotion et musique à ceux qui nous écoutent. Pour cela notre instrument ne doit pas être une barrière qui nous empêcherait de jouer. Alors quel est l'harmonica parfait ? On serait tenter de répondre "celui qui nous convient !" Et je suis d'accord mais je vais quand même tenter de définir plusieurs critères qui font qu'un harmonica est bon ou mauvais. Tout d'abord il faut bien convenir d'un chose, c'est le joueur qui fait en grande partie le son. Deux joueurs jouant sur un même harmonica n'auront pas le même son. Ainsi un bon joueur peut prendre un harmonica en bois, métal ou plastique il pourra toujours en tirer le même son avec quelques nuances bien sûr mais rien de significatif. A partir de là on a plusieurs critères qui rentrent en jeu. Tout d'abord le plus "visible", le réglage. En effet un harmonica bien réglé sera plus facile à jouer et il n'y aura pas à forcer pour en tirer les notes. Pas de grincement suite à un overbend non plus, pas de latence sur certaines notes, pas de fuites d'air... Bref le réglage est à mon avis l'élément le plus important. Malheureusement les constructeurs ne prennent pas en compte ce paramètre et il faudra le régler soit même ou le faire régler par quelqu'un d'autre. Ensuite le sommier. Là on a le choix entre bois, plastique, métal ou cristal ! J'ai pu remarquer que certains sommiers en bois avaient tendances à gonfler sous l'effet de la salive. Ces sommiers sont à proscrire car une fois le bois gonflé par l'humidité le confort de jeu s'en fera nettement ressentir. Vous pourrez avoir des difficultés à vous déplacer sur l'harmonica ou encore des saignements aux lèvres...Bref je pense qu'il faut les éviter. Pour le reste je pense que c'est une question moins importante, métal ou plastique à vous de choisir. Testez et jugez. Il faut être à l'aise. L'écart entre les trous comptent aussi. Il faut expérimenter... Il y a le capot qui entre en jeu bien sûr. C'est l'élément qui est directement en contact avec les lèvres. Il ne faut pas qu'il accroche sinon exit les phrasés rapides et véloces. Il faut savoir aussi que plus les capots sont hauts moins vous irez vite. J'ai pu essayer par exemple le Pure Harp de Suzuki qui a des capots très hauts par rapport aux autres modèles et bien la sensation de jeu est très différentes et on est moins à l'aise que sur un Meisterklass par exemple. Là encore il faut essayer mais je pense qu'il faut privilégier des capots bas pour la facilité de déplacement. Je pense avoir couvert les éléments importants qui font que notre instrument va être une aide ou plutôt une barrière. Après il est important d'essayer par vous même et de voir quel harmonica vous convient. Sachez seulement que si vous vous intéressez au jazz il va falloir trouver un harmonica réglé c'est LE critère qui fera que vous serait à l'aise avec les overbends... Sur ce, bonne chasse ! ;-D Published by Nicolas - dans Mon harmonica
Cest ainsi que cette histoire s’achève Discover. All Creative Rooms. All publications. All authors . Sign up Sign in . Sign up Sign in . De. English; Français; Deutsch; Italiano; Español; Discover. All Creative Rooms. All publications. All authors . Congrats ! Your account has been created ×. You’ll enjoy quality content made by enthusiasts and can even create We invite you
Russia is waging a disgraceful war on Ukraine. Stand With Ukraine! Ce n'est rien qu'un au revoir traduction en chinois Artiste Julio Iglesias Chanson Ce n'est rien qu'un au revoir Traductions anglais, chinois ✕ Ce n'est rien qu'un au revoir Mais ce n'est pas un adieu, A l'instant de mon départ, promets-le moi Il n'y aura pas de larmes dans tes n'est rien qu'un au revoir Mais puisqu'il faut se quitter Profitons du dernier soir Ne perdons pas ces moments-là, Nous pourrions le dois partir, Je vais pour toi me libérer de mon passé, Je dois partir, Pour revenir et pour t' n'est rien qu'un au revoir Et tu ne dois pas pleurer Tu es la seule à savoir, Je n'étais pas libre de moi, Je ne t'avais rien dois partir, Je vais pour toi me libérer de mon passé; Je dois partir Pour revenir et pour t' n'est rien qu'un au revoir Mais ce n'est pas un adieu, A l'instant de mon départ, promets-le moi Il n'y aura pas de larmes dans tes n'est rien qu'un au revoir Et tu le sais je reviendrai Ce n'est rien qu'un au revoir... Dernière modification par chatoyant Ven, 15/06/2018 - 2251 traduction en chinoischinois 這只不過是說再見 這只不過是說再見 但這不是一場告別 在我離開的那一刻,答應我 在你的眼裡不會流下淚水這只不過是說再見 但因為我們必須離開 昨晚我們盡情享受 我們不要浪費那樣的時刻 我們可能會後悔我必須離開了 我會為了你讓自己從我的過去得到自由 我必須離開了 為了再回來並且為了愛你這只不過是說再見 而你一定不要哭泣 你是單身要意識到 我是有婚約的人 我沒有向你隱瞞任何事情我必須離開了 我會為了你讓自己從我的過去得到自由 我必須離開了 為了再回來並且為了愛你這只不過是說再見 但這不是一場告別 在我離開的那一刻,答應我 在你的眼裡不會流下淚水這只不過是說再見 而你知道我會再回來的 這只不過是說再見... Publié par Joyce Su Lun, 28/05/2018 - 1209 Dernière modification par Joyce Su Sam, 16/06/2018 - 0226 ✕ Ajouter une nouvelle traduction Ajouter une nouvelle demande Traductions de Ce n'est rien qu'un ... » Music Tales Read about music throughout history
Voiciune méthode qui s'adresse en priorité aux grands débutants en harmonica, que vous soyez déjà musicien ou pas du tout.Je considère que vous êtes parfaitement débutant, à la rigueur que vous savez à peine ce que c'est qu'un harmonica !Non pas pour me moquer de votre inculture, mais pour être sûr de partir vraiment de zéro et de vous expliquer dans le détail tout ce que Notedesutilisateurs Synopsis La toute dernière présence sur scène du couple Bedos-Daumier à la Comédie des Champs-Elysées. Sophie DAUMIER et Guy BEDOS , les yeux remplis de larmes, interprètent le sketch Ce n'est qu'un au revoir», après avoir joué l'air populaire du même nom à la flûte Daumier et à l'harmonica Bedos. Jean-Loup Dabadie Author Guy Bedos Author François Chatel Director You need to be logged in to continue. Click here to login or here to sign up. Général s Mettre le curseur dans la barre de recherche p Ouvrir le menu du profil esc Fermer une fenêtre ouverte ? Ouvrir la fenêtre des raccourcis clavier Sur les pages des médias b Retour ou vers le parent si faisable e Afficher la page de modification Sur les pages des saisons des émissions télévisées → Afficher la saison suivante flèche droite ← Afficher la saison précédente flèche gauche Sur les pages des épisodes des émissions télévisées → Afficher l'épisode suivant flèche droite ← Afficher l'épisode précédent flèche gauche Sur toutes les pages des images / photos a Ouvrir la fenêtre d'ajout d'image / photo Sur toutes les pages de modifications t Ouvrir le sélecteur de traduction ctrl+ s Envoyer le formulaire Sur les pages des discussions n Créer une nouvelle discussion w Basculer le statut de suivi p Basculer publique / privée c Basculer fermer / ouvrir a Ouvrir l'activité r Répondre à la discussion l Afficher la dernière réponse ctrl+ enter Envoyer votre message → Page suivante flèche droite ← Page précédente flèche gauche . 5 175 241 206 43 360 367 478

ce n est qu un au revoir harmonica