Lagrande ambition des femmes est d'inspirer l'amour. Passez en mode sombre, plus agréable pour vos yeux la nuit. Passez au mode de lumiÚre qui est plus agréable pour vos
Attention Mesdames et Messieurs, voici enfin l'article que la France entiĂšre attendait euh, par France entiĂšre j'entends surtout la France Misztalo-lesbienne ^^. J'ai dĂ©jĂ  prĂ©venue la principale intĂ©ressĂ©e qu'il sera d'une banalitĂ© affligeante mais soyez sĂ»rs qu'il n'en sera pas moins trĂšve de blablaterie. Everybody we go with me!! ;-Je vous prĂ©sente donc ma soeur, Clem. La grande duduche Ă  cĂŽtĂ© dite aussi la gland de son Ă©cureuil, la moche qui pue, la fille qui ne savait pas souffler correctement son unique bougie, la chieuse, l'agrĂ©able de la famille, la dĂ©jantĂ©e ou ClĂ©mentine - mais pour en arriver Ă  ce stade il faut dĂ©jĂ  avoir atteint un certain degrĂ© d'intimitĂ© vous le saurez quand elle acceptera que vous la voyez les cheveux non lissĂ©sElle est entrĂ©e dans le monde et dans ma vie il y a tout juste 17 ans. Par la porte et la tĂȘte la premiĂšre comme nous tous, sauf exception. Elle en sortira sĂ»rement le cul devant en dĂ©gringolant les escaliers aprĂšs avoir glissĂ© sur une feuille de palmier qui trainait par lĂ ... Ca c'est du Clem tout crachĂ© vous voyez! Incongru dans le meilleur sens du terme avec une pointe de ridicule juste bien comme il faut. Mais drĂŽle, toujours drĂŽle "T'as envie de sourire, je vois bien que t'en as envie!!".Subtile aussi. Pas comme ces gros lourds qui vous font des compliments entendus 100 fois et dĂ©nuĂ©s de toute originalitĂ©. Vous savez le fameux "T'as de beaux yeux tu sais..." p. Non Clem c'est plus le gars qui va faire comme s'il prenait votre mĂšre pour votre soeur tout en sachant que ni vous ni elle ne seront dupes, juste pour vous faire sourire je sais que tu vois de qui je parle ;-Intelligente aussi. Alors ça je le sais mais j'ai jamais compris comment elle faisait pour l'ĂȘtre autant! Parce que franchement, comme son blog ne l'indique pas, elle passe sa vie sur ce fichu ordinateur je t'imagine dĂ©jĂ  "ben tu peux parler toi!". Oui mais tu sais bien, moi c'est pas pareil un point c'est tout! ^^ Elle jongle habilement entre ordi, portable et tĂ©lĂ© et malgrĂ© ça, je suis certaine qu'elle l'aura cette mention TB dont notre cher pĂšre rĂȘve! DĂ©primant au plus haut point ce talent, c'est moi qui vous le dis!GĂ©nĂ©reuse. J'aurais mĂȘme du en parler en premier parce que c'est sans doute Ă  mon avis ce qui la caractĂ©rise le mieux. Nan l'humour passe avant quand mĂȘme... Bref. = J'essaie vainement de lui ressembler ne serait-ce qu'Ă  ce niveau lĂ  mais elle a bien trop d'annĂ©es d'avance pour que je la rattrappe un jour. C'est le genre de fille qui va vouloir s'offrir un pain au chocolat mais oh!, il lui reste de l'argent. Tiens si elle en prenait un pour sa voisine, oui mais alors son chat sera jaloux et si son cousin passe par lĂ  il en aura sĂ»rement envie aussi... Allez, au diable l'avarice, qu'on lui donne le stock pour l'annĂ©e!! xD Vous imaginez la scĂšne c'est bon..?? Alors vous avez saisi l'idĂ©e ne voudrais pas trop en faire de peur que ça sonne faux mais je suis prĂȘte Ă  jurer que tout ce que j'ai dit n'est que la stricte vĂ©ritĂ©. Une Clem est une espĂšce rare, en voie de disparition et qu'on se doit de protĂ©ger du mieux qu'on le peut. Satisfait ou remboursĂ© ^^Bon ben tu vois y'a pas plus commun que ce texte, mais en mĂȘme temps il est tard et je t'avais prĂ©venue! J'ai fait du mieux que je pouvais et j'espĂšre t'avoir arrachĂ© si ce n'est une larme, au moins un frisson. En mĂȘme temps on se ressemble beaucoup et moi ben il m'aurait plu cet article, aussi humble soit-il! ^^SĂ©rieusement, j'espĂšre que j'aurai au moins rĂ©ussi Ă  te faire comprendre Ă  quel point je t'admire et je t'aime. Je te promets Ă©galement de faire plus d'efforts pour te le montrer. Ca va pas ĂȘtre facile mais tu le vaux bien allez vas y fait le le truc des cheveux je sais que t'en crĂšves d'envie! xD. Sache aussi que tu es une fille extraordinaire. Je ne dois pas ĂȘtre la premiĂšre personne Ă  te le dire mais j'ose espĂ©rer avoir une plus grande influence. Je ne sais pas ce que je deviendrai sans toi, tu es le pilier de ma vie. Je t'aime soeurette, depuis le dĂ©but et jusqu'Ă  la oui j'ai failli oublier, Joyeux Anniversaire <3 Posted on Friday, 31 October 2008 at 1244 AMEdited on Friday, 31 October 2008 at 1255 AM FrançoisRenĂ© de Chateaubriand est nĂ© le 4 septembre 1768, Ă  Saint-Malo. ConsidĂ©rĂ© par ses contemporains comme le plus grand et le plus brillant Ă©crivain de sa gĂ©nĂ©ration, il introduisit le romantisme en France avec les romans Atala (1801) et RenĂ© (1802).. D’un tempĂ©rament inquiet et orgueilleux Ă  l'extrĂȘme, il fut aussi le premier homme de lettres Ă 
Citation du Jour Proverbes Citations Au Hasard ThĂ©matiques Tops Top 24 Tops de la semaine Tops du mois Collections Citations Quotidiennes Connexion Menu Chercher RĂ©cent Populaires Top 10 Tendances Login Passez en mode sombre, plus agrĂ©able pour vos yeux la nuit. Passez au mode de lumiĂšre qui est plus agrĂ©able pour vos yeux pendant la journĂ©e. Menu Login 9 Vues 0 Votes par MoliĂšre dansAmbition, Amour, Femmes, Grande, ⭐ Citations ⭐ La grande ambition des femmes est d'inspirer de l'amour. MoliĂšre La grande ambition des femmes est d’inspirer de l’amour. MoliĂšre Qu'en pensez-vous? 0 Points J'aime Je n'aime pas Laisser un commentaireVotre adresse de messagerie ne sera pas publiĂ©e. Commentaire Nom Adresse de messagerie Site web Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site web dans le navigateur pour mon prochain commentaire. PrĂ©venez-moi par e-mail en cas de rĂ©ponse Ă  mon commentaire. Notifiez-moi des commentaires Ă  venir via e-mail. Vous pouvez aussi vous abonner sans commenter. © 2022 Les Plus Belles Citations Retour au sommet
LeSicilien ou l’Amour peintre (58') "Quoi qu’on en puisse dire, la grande ambition des femmes est, croyez-moi, d’inspirer de l’amour" scĂšne 6. L'amour mĂ©decin : Lucinde est atteinte depuis quelque temps de la mĂ©lancolie la plus sombre, rien ne semble pouvoir la tirer de cette insondable tristesse.
Photo GaĂ«lle Vuillaume À la suite de la crĂ©ation de son blogue Mots d'Elles, Deborah Cherenfant a donnĂ© une sĂ©rie de confĂ©rences dans les cĂ©geps et diffĂ©rents organismes sur l'ambition au fĂ©minin. La Fondation Y des femmes a remis les prix Femmes de mĂ©rite la semaine derniĂšre. Parmi les laurĂ©ates, Deborah Cherenfant a remportĂ© le prix dans la catĂ©gorie Entrepreneuriat. Cette reconnaissance rĂ©compense celles qui se dĂ©marquent et dont les rĂ©alisations ont un impact dans notre sociĂ©tĂ©. D'HaĂŻti, Deborah Cherenfant est arrivĂ©e au QuĂ©bec en 2005 pour poursuivre ses Ă©tudes Ă  MontrĂ©al aux HEC MontrĂ©al. Je voulais avoir les compĂ©tences en gestion d'entreprise, avoir la crĂ©dibilitĂ© et le diplĂŽme pour pouvoir me lancer en affaires », explique la jeune femme. Elle n'a pas perdu de temps. En 2011, elle crĂ©e Mots d'Elles, un blogue qui fait dĂ©couvrir des femmes qui ont rĂ©ussi en affaires. Mots d'Elles traite aussi de leadership et d'ambition au fĂ©minin et brosse des portraits de femmes en entreprises. Ç'a toujours Ă©tĂ© important pour moi de m'inspirer de femmes du milieu des affaires, mais j'avais besoin de modĂšles de rĂ©ussite et je suis allĂ©e Ă  leur rencontre », explique-t-elle. Ses modĂšles ? GeneviĂšve Grandbois Chocolats GeneviĂšve Grandbois, DaniĂšle Henkel et Jocelyna Dubuc du Spa Eastman, des femmes qui ont d'ailleurs reçu le mĂȘme prix de la Fondation Y des femmes. Vous imaginez ce que ce prix reprĂ©sente pour moi ! », s'exclame-t-elle. Elle cite Ă©galement comme inspiration l'ex-ministre française de la Justice Christiane Taubira, qu'elle a eu la chance de rencontrer. De la couleur dans l'hiver quĂ©bĂ©cois À la suite de la crĂ©ation de son blogue, Deborah Cherenfant a donnĂ© une sĂ©rie de confĂ©rences dans les cĂ©geps et diffĂ©rents organismes sur l'ambition au fĂ©minin. On trouve toujours que les femmes manquent d'estime d'elles-mĂȘmes et qu'elles ont peur d'avoir de l'ambition. Il faut y remĂ©dier et c'est pour ça que je m'implique. » Pleine d'Ă©nergie, Deborah a lancĂ© en 2012 ColorĂ© design, une petite entreprise d'accessoires de mode et de design faits de tissus et d'imprimĂ©s originaux en vente au Je suis haĂŻtienne et passionnĂ©e de mode, j'aime ce mĂ©lange de tissus et de motifs traditionnels d'HaĂŻti, mais aussi d'Afrique et du Mexique, dit-elle. J'aime pouvoir faire revivre cette tradition, mais de maniĂšre plus moderne et surtout d'ajouter des couleurs vives dans notre hiver quĂ©bĂ©cois ! » Tous les accessoires sont produits localement avec des imprimĂ©s qui reprĂ©sentent d'autres cultures et j'aime cette dualitĂ© », confie la jeune entrepreneure qui cĂ©lĂ©brera ses 31 ans Ă  la fin du mois. ColorĂ© design emploie des femmes couturiĂšres immigrantes qui travaillent dans un atelier Ă  MontrĂ©al, dans le quartier Mile-Ex. Il est essentiel pour moi qu'une femme soit autonome financiĂšrement, et Ă©tant immigrante moi-mĂȘme, je suis sensible Ă  cette question, une question d'intĂ©gration. » MarchĂ© Ă©phĂ©mĂšre Deborah Cherenfant souhaite lancer un atelier en HaĂŻti d'ici la fin de l'annĂ©e avec des femmes qui sont atteintes du VIH. Ce n'est pas Ă©vident de trouver un emploi quand on vit avec le VIH, ce sont des femmes qui ont un diplĂŽme de couture et j'espĂšre que ce projet leur redonnera confiance et pourra les rĂ©insĂ©rer professionnellement », explique-t-elle. Comme elle multiplie les projets, la jeune femme d'affaires a aussi lancĂ© en dĂ©cembre dernier Le MarchĂ© ColorĂ© qui regroupe des crĂ©ateurs d'ici et d'ailleurs qui partagent la mĂȘme passion pour le textile et les motifs imprimĂ©s. Il s'agit d'un lieu oĂč on dĂ©couvre des piĂšces uniques faites par des artisans. Ce marchĂ© Ă©phĂ©mĂšre sera de retour au coeur du Quartier des spectacles Ă  l'Ă©tĂ©. La jeune femme prend aussi le temps de faire du bĂ©nĂ©volat et de s'impliquer socialement. Ainsi, elle prĂ©side le conseil d'administration de Compagnie F, un organisme communautaire qui vise l'autonomie financiĂšre des femmes. Elle a aussi participĂ© Ă  la construction d'habitations en RĂ©publique dominicaine au sein de l'organisme Habitat pour l'humanitĂ©. Ça me tient vraiment Ă  coeur et je souhaite, avec ce prix, m'impliquer encore plus dans des projets qui facilitent l'emploi des femmes et le leadership au fĂ©minin. » Photo fournie par ColorĂ© design Tunique aux imprimĂ©s colorĂ©s, de la collection ColorĂ© Design
AlexandreGarabedian est rĂ©dacteur en chef d'un mĂ©dia Ă©conomique. Il est l’auteur d’un premier roman, Le SeptiĂšme Chant, thriller historique (Éditions Pierre Philippe, 2012). [A paraĂźtre
Comment Don't forget that insults, racism, etc. are forbidden by Skyrock's 'General Terms of Use' and that you can be identified by your IP address if someone makes a in chanel, Posted on Tuesday, 02 September 2008 at 620 PM ???un problĂšme??? mĂ© je t'aime qd mm !! namour3s3, Posted on Tuesday, 02 September 2008 at 1205 AM J'ai tetre oubliĂ© "AimĂ©e de Camille", mais en tout cas, toi, je ne suis pas prete de t'oublier ! Je T'aime Pour Toujours Ma beautĂ© D'amour ... pot de fleur, Posted on Sunday, 31 August 2008 at 732 PM je t'aiiime pot de fleur, Posted on Sunday, 31 August 2008 at 130 PM dans ta salle de bain en plus tu gere albert jtaiime RSS Romuald elle lui exprime de fait son ambition de la vie Ă©rotique - "l'amour est plus fort que la mort": [Je] viens de bien loin, et d'un endroit d'oĂč personne n'est encore revenu: il n'y a ni lune ni soleil au pays d'oĂč j'arrive; ce n'est que de l'espace et de l'ombre; ni chemin, On se fait souvent une idĂ©e rĂ©ductrice de Germaine de StaĂ«l 1766-1817, dont on rappelle la conversation brillante et son essai De l’Allemagne?», qui marqua l’introduction du romantisme en France. Et en effet, fille de Jacques Necker, le ministre des Finances de Louis XVI, elle fut une femme de lettres et de salon. Dans celui de sa mĂšre dĂ©filĂšrent tous les intellectuels du moment. Ecrivaine et philosophe, admiratrice de Rousseau et Montesquieu, elle ne tarda pas Ă  ouvrir le sien, oĂč elle accueillit les reprĂ©sentants des idĂ©es nouvelles. RomanciĂšre Ă  succĂšs, elle a cĂŽtoyĂ© toute l’Europe des LumiĂšres et fait tourner les tĂȘtes, Ă  commencer par celle de Benjamin Constant. Mais elle fut aussi l’une des premiĂšres femmes Ă  exprimer publiquement ses idĂ©es politiques. Au risque de dĂ©plaire, puisque, irritĂ© par ses considĂ©rations Ă©galitaires, NapolĂ©on la chassa de France et l’obligea Ă  se rĂ©fugier dans son chĂąteau de Coppet en suite aprĂšs la publicitĂ© Germaine de StaĂ«l, fĂ©minine ou fĂ©ministe ? FĂ©ministe avant la lettre, elle fut une femme Ă©prise de libertĂ© qui revendiquait pour elle comme pour les autres un droit absolu au bonheur, une femme nouvelle dans une nouvelle sociĂ©tĂ©, une femme cherchant Ă  concilier le cƓur et la raison. La philosophe GeneviĂšve Fraisse, spĂ©cialiste de la pensĂ©e fĂ©ministe, s’intĂ©resse depuis toujours Ă  cette figure d’exception. L'OBS. Qu’est-ce qui vous a amenĂ©e Ă  travailler sur Mme de StaĂ«l ? GeneviĂšve Fraisse. Deux simples raisons m’ont conduite vers les Ă©crits de Germaine de StaĂ«l. D’abord le livre de Julie-Victoire DaubiĂ© premiĂšre bacheliĂšre en 1861 La femme pauvre» qui argumente contre l’ùre post-rĂ©volutionnaire centralisatrice en dĂ©montrant que, pour les femmes, ce pouvait ĂȘtre mieux avant; il fallait donc que je m’intĂ©resse Ă  la charniĂšre des annĂ©es 1800. Ensuite Claude Lefort, quand il accepta, sans me connaĂźtre, mais Ă  la lecture de mon projet, de soutenir ma candidature au CNRS au dĂ©but des annĂ©es 1980. Si je voulais travailler aux fondements philosophiques du discours fĂ©ministe», Germaine de StaĂ«l m’intĂ©resserait nĂ©cessairement, me dit-il d’une phrase lapidaire... j’ai suivi son conseil, et l’en remercie suite aprĂšs la publicitĂ© NĂ©e en 1766, fille de Necker, Mme de StaĂ«l participe Ă  la vie politique, intellectuelle et mondaine de son temps. Elle a la particularitĂ© d’avoir Ă©crit Ă  la fois sous la monarchie et aprĂšs la RĂ©volution française. Peut-on parler pour autant de figure de transition? Oui, mais sans l’idĂ©e qu’elle passe d’un monde Ă  l’autre; car elle pense Ă  partir des deux mondes. C’est une figure de transition certes, mais qui rĂ©flĂ©chit dans un va-et-vient permanent. LĂ  est sa richesse. Elle pense avec ce qui lui est donnĂ© dans le prĂ©sent pour aborder le monde; elle n’est donc jamais dans le bilan, elle est toujours en train de rouvrir les dossiers. C’est le mot analyse» qui lui va le mieux. Dans l’introduction de De l’influence des passions», elle Ă©crit Le philosophe veut rendre durable la volontĂ© passagĂšre de la rĂ©flexion.» Belle ambition
 "De l'Ă©ducation des femmes" la rĂ©ponse de Laclos au "droit d'importuner" Dans la biographie qu’il lui a consacrĂ©e, Michel Winock affirme qu’il a manquĂ© Ă  Mme de StaĂ«l un grand livre qui marquĂąt l'imagination». Est-ce aussi votre avis?La suite aprĂšs la publicitĂ© Non. Certes ses romans peuvent nous tomber des mains – mais ceux de George Sand aussi. En revanche, De la littĂ©rature» est un trĂšs grand livre, et mĂȘme une clĂ© pour suivre l'Ă©volution de la littĂ©rature au tournant de la RĂ©volution. Dans le chapitre Des femmes qui cultivent des lettres», certaines phrases rĂ©sonnent encore L’existence des femmes en sociĂ©tĂ© est encore incertaine, et dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la sociĂ©tĂ©.» Affirmation remarquable, oĂč elle refuse l’opposition nature/sociĂ©tĂ©, biologique/social, schĂ©ma si prĂ©gnant de notre Ă©poque, un travers idĂ©ologique Ă  mon avis. Ni nature, ni sociĂ©tĂ© ainsi met-elle les femmes dans l’histoire
 Elle transforme le salon d’Ancien RĂ©gime en club d’aprĂšs la RĂ©volution Un peu plus loin dans le mĂȘme texte, elle dĂ©nonce la tyrannie de l’opinion» dont sont victimes les femmes. Jusque-lĂ , les femmes peuvent avoir de l’influence». Ce concept d’Ancien RĂ©gime dĂ©finit la place des femmes dans l’espace public et politique; il est formalisĂ© depuis plusieurs siĂšcles et continuera Ă  l’ĂȘtre aprĂšs la RĂ©volution, notamment par Mme de Genlis ou le Comte de SĂ©gur, et au dĂ©but de la IIIe rĂ©publique; tant que les femmes ne seront pas citoyennes. L’influence implique la mĂ©diation, le pouvoir de l’ombre, et dans l’ombre de l’espace politique. Or tout en exerçant une influence, les femmes sont soumises Ă  l’opinion, avec un O» majuscule. Germaine de StaĂ«l dĂ©crit cette dĂ©pendance avec Delphine», roman qui parle de toutes les femmes, et Corinne ou l’Italie», roman qui parle d’une femme singuliĂšre, Ă  savoir des artistes. Ces deux personnages ne trouvent pas le bonheur amoureux Delphine parce que LĂ©once ne saurait divorcer, Corinne parce que Oswald ne sait affronter l’opinion, dĂ©favorable Ă  la femme artiste. Dans l’Ancien rĂ©gime, ces femmes doivent obĂ©ir Ă  la convenance au dĂ©triment du suite aprĂšs la publicitĂ© Ah ! les femmes des LumiĂšres... Mais comment passe-t-on de ĂȘtre soumise Ă  l’Opinion Ă  avoir une opinion»? Le mot opinion», pour l’espace public, pour le passage Ă  la dĂ©mocratie, est crucial en 1800, comme le montre si bien le texte Opinion d’une femme sur les femmes» de Fanny Raoul, paru en 1801. Mme de StaĂ«l est le tĂ©moin de cette bascule. On dit qu’elle transforme le salon d’Ancien RĂ©gime en club d’aprĂšs la RĂ©volution. Par sa pratique, elle dĂ©place l’influence, qu’elle conserve – le terme est employĂ© dans le chapitre De l’éloquence» -, et donne son opinion. C’est lĂ  que l’éloquence va prendre toute sa force. Pour Mme de StaĂ«l, l’éloquence, c’est comme un art des gouvernements» le théùtre est le pouvoir exĂ©cutif de la littĂ©rature», De l’esprit des traductions». Jules Michelet parlera quant Ă  lui de ses monologues Ă©loquents». En ramenant la dĂ©marche de Mme de StaĂ«l Ă  l’art de la conversation», on rĂ©duit son geste transgressif, suite aprĂšs la publicitĂ© Elle n’est pas une militante des droits des femmes, au contraire de la poĂ©tesse Constance de Salm, avec laquelle vous Ă©tablissez un parallĂšle dans Muse de la raison». En quoi sont-elles complĂ©mentaires? C’est intĂ©ressant de les rapprocher car elles sont, toutes deux, des femmes de salons, en prise avec leur temps, trĂšs contemporaines»; et elles sont dans le partage. Constance de Salm a une cause et elle pense et dĂ©montre l’égalitĂ© des sexes. En revanche, Germaine de StaĂ«l n’est pas dans le plaidoyer, ce qu’elle souligne dans son Discours sur la Reine» Mon projet n’est point de dĂ©fendre la Reine comme un jurisconsulte; j’ignore de quelle lois on peut se servir pour l’atteindre, et ses juges eux-mĂȘmes ne s’essaieront pas Ă  nous l’apprendre ce qu’ils appellent l’opinion, ce qu’ils croient la politique, sera leur motif et leur but. Les mots de plaidoyer, de preuve, de jugement, sont une langue convenue entre le peuple et ses chefs; et c’est Ă  d’autres signes qu’on peut prĂ©sager le sort de cette illustre infortunĂ©e.» Ce n’est pas une penseuse de l’égalitĂ© des sexes, c’est une penseuse de la libertĂ© et de l’émancipation. Dans Des femmes qui cultivent les lettres», certains lisent qu’elle parle de toutes les femmes, d’autres qu’elle parle de la femme auteure. En fait, elle arrive Ă  parler de toutes en parlant d’elle. Se faire oublier en racontant son histoire», Ă©crit-elle. Elle manipule remarquablement le je», le toutes» et le chacune» elle est Ă  la fois Delphine, Corinne et Germaine de StaĂ«l. Virginia Woolf travaillera de mĂȘme, tout comme Simone de Beauvoir. Un "corps rigide" qui aimait la jouissance Simone de Beauvoir, par GeneviĂšve FraisseLa suite aprĂšs la publicitĂ© Mme de StaĂ«l sera notamment opposĂ©e Ă  sa propre mĂšre, Suzanne de Necker, sur la question du divorce. Le divorce est une clĂ© de l’émancipation des femmes. C’est une question Ă©minemment politique, sous la RĂ©volution française et aprĂšs. Il est autorisĂ© en 1792, puis interdit en 1816. Germaine de StaĂ«l construit sa pensĂ©e philosophique sur la libertĂ©. Elle ne pense pas le divorce par rapport au code civil, mais parce que exception et rĂšgle doivent ĂȘtre possibles. Pour Mme de StaĂ«l, tout le monde doit pouvoir divorcer et toute femme doit pouvoir ĂȘtre Corinne. Elle ne va pas le dire ainsi, mais elle va montrer, dans les deux cas, la souffrance de ces femmes qui se heurtent Ă  l’Opinion qui les opprime. Elle pose les bases d’une double rĂ©flexion, qu’il est pensable de soutenir le divorce et qu’il est possible d’ĂȘtre couronnĂ©e au Capitole. Ce rapport singulier/pluriel est essentiel Ă  sa dĂ©marche. Dans De la littĂ©rature», Mme de StaĂ«l utilise trois termes diffĂ©rents, esclaves», affranchis», parias». Leur destinĂ©e ressemble, Ă  quelques Ă©gards, Ă  celle des affranchis chez les empereurs; si elles veulent acquĂ©rir de l'ascendant, on leur fait un crime d'un pouvoir que les lois ne leur ont pas donnĂ©, si elles restent esclaves, on opprime leur destinĂ©e», Ă©crit-elle. Toutes les femmes sont des esclaves, certaines seulement sont des parias. Ces termes serviront Ă  dĂ©crire les diverses positions des femmes opprimĂ©es, puis, celui d’ ilote», qui dĂ©signe les esclaves du temps de Sparte, apparaĂźtra autour des annĂ©es 1830. Julie-Victoire DaubiĂ© parlera ainsi de l’ilotisme sĂ©culaire» des femmes. La suite aprĂšs la publicitĂ© Mme de StaĂ«l a une double position elle pense que les femmes doivent ĂȘtre exclues des affaires publiques, et qu’en mĂȘme temps il faut y participer. Dans De l’Allemagne », elle affirme qu’on a raison d’exclure les femmes des affaires politiques et civiles. Sauf que dans la notice sur Aspasie, dans la Biographie universelle, ancienne et moderne» de Michaud en 1812, elle Ă©crit le contraire Dans une rĂ©publique, la politique Ă©tant le premier intĂ©rĂȘt de tous les hommes, ils ne seraient point associĂ©s du fond de l’ñme avec les femmes qui ne partageraient pas cet intĂ©rĂȘt.» La question est dans quel rĂ©gime politique les femmes participent, ou non, Ă  la vie de la citĂ©? Mme de StaĂ«l pense que suivant les contextes, soit on a raison d’exclure les femmes des affaires de la citĂ©, et l’opinion et l’éloquence suffisent, soit on est Aspasie, Ă  la grande Ă©poque athĂ©nienne, et on participe aux affaires de la citĂ©. Elle penchera tout de mĂȘme davantage pour la rĂ©publique que la suite aprĂšs la publicitĂ© Olympe de Gouges rappelle que la femme a le droit de monter Ă  l’échafaud, mais pas Ă  la tribune. Michelet dira que les femmes sont responsables mais pas punissables». On peut aussi les voir exclues et responsables. Les femmes avaient sans doute dans l’Ancien rĂ©gime trop d’influence sur les affaires», Ă©crit Mme de StaĂ«l dans De la littĂ©rature». C’est un trait, la faute des femmes, qu’on retrouve souvent, aprĂšs La Commune par exemple. Quand survient un dĂ©sastre, une guerre, une rĂ©volution, elles pourraient en ĂȘtre la cause. Alors les femmes sont responsables, voire coupables. Et pourtant elles n’ont que de l’influence et ne prennent pas part aux affaires de la citĂ©. Mariage, mĂ©decine, Ă©ducation... qui a inventĂ© l’inĂ©galitĂ© des sexes? Avec le droit Ă  l’opinion, on sera responsable mais peut-ĂȘtre plus accusĂ©e Ă  tort, de façon imaginaire. De l’influence Ă  l’opinion, puis Ă  l’éloquence, elle dessine une place politique pour les femmes, Ă  commencer pour elle-mĂȘme. Au fond, Germaine de StaĂ«l n’identifie pas la citoyennetĂ© comme telle. Mais aujourd’hui sommes-nous certaines que la citoyennetĂ© nous donne une place dans la sociĂ©tĂ©? Ce n’est pas sĂ»r. La culture des lettres m’a plutĂŽt valu plus de jouissances que de chagrins» Est-ce qu’elle considĂšre que les mƓurs sont l’affaire des femmes?La suite aprĂšs la publicitĂ© Oui, les femmes doivent aussi rester dans la sphĂšre domestique. Elle n’a pas vraiment tranchĂ© cette affaire. Elle est loin d’ĂȘtre la seule. Rousseau a bien bĂ©tonnĂ© la sĂ©paration entre la famille et la citĂ©. Ce bĂ©ton va mettre deux siĂšcles Ă  se fissurer, autour d’une chose trĂšs intĂ©ressante la question de la rivalitĂ©. Les femmes ne doivent pas devenir les rivales des hommes ; c’est pourquoi le partage des sphĂšres est essentiel. Pourquoi le poĂšte Lebrun ne veut pas que les femmes deviennent poĂštes? Parce qu’il y a assez d’hommes en rivalitĂ©. C'est l'enjeu de ce que j'appelle la dĂ©mocratie exclusive», le fait de ne pas laisser les femmes accĂ©der Ă  la dĂ©mocratie Ă  taux plein. On ne les veut ni Ă©crivaine, ni femme politique. Il faudra 200 ans pour contourner ces obstacles. À l’opposĂ©, dĂšs 1808, le philosophe Charles Fourier aurait bien vu les femmes en concurrentes politiques. Il Ă©crit dans ThĂ©orie des quatre mouvements et des destinĂ©es gĂ©nĂ©rales» que les femmes avaient Ă  produire, non pas des Ă©crivains, mais des libĂ©rateurs, des Spartacus politiques, des gĂ©nies qui concertassent les moyens de tirer leur sexe d’avilissement». Le jour oĂč Rousseau a failli devenir un peu moins machoLa suite aprĂšs la publicitĂ© Un des autres thĂšmes de son Ɠuvre est que la femme ne peut pas avoir Ă  la fois l'amour et la gloire. Elle Ă©crit cette cĂ©lĂšbre formule dans De l'Allemagne» en 1810 la gloire est le deuil Ă©clatant du bonheur». Revenons sur cette phrase galvaudĂ©e et utilisĂ©e tronquĂ©e. La citation complĂšte est la suivante On a raison d'exclure les femmes des affaires politiques et civiles, rien n'est plus opposĂ© Ă  leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalitĂ© avec les hommes et la gloire elle-mĂȘme, ne saurait ĂȘtre pour une femme qu'un deuil Ă©clatant du bonheur.»On universalise le propos alors qu’il concerne prĂ©cisĂ©ment et uniquement les femmes chez Jean-Luc Godard par exemple. Certes on connaĂźt la contradiction entre gloire et bonheur. Aussi, il faut analyser l’expression deuil Ă©clatant». S’il y a deuil, c’est que le bonheur a existĂ©, il n’est pas nĂ©cessairement empĂȘchĂ© par la gloire. Mais quel bonheur ? Dans la prĂ©face de 1814 aux Lettres sur Rousseau», Germaine de StaĂ«l Ă©crit la culture des lettres m’a plutĂŽt valu plus de jouissances que de chagrins.» ou encore les jouissances de l'esprit sont faites pour calmer les orages du cƓur.» La suite aprĂšs la publicitĂ© “Ce livre dĂ©shonore le mĂąle français”, ou les 50 ans du “DeuxiĂšme sexe” L’étude est un remĂšde au malheur d’une part, un outil de comprĂ©hension d’autre part en dĂ©veloppant leur raison, on les Ă©claire sur les malheurs souvent attachĂ©s Ă  leur destinĂ©e». Donc, si je cultive les lettres, ou simplement ma raison, je vais comprendre le malheur d’ĂȘtre femme. La gloire comme deuil Ă©clatant du bonheur» c'est aussi la possibilitĂ© de l’écrire. Ce rapport souffrance/jouissance, bonheur/malheur a toujours intĂ©ressĂ© les philosophes. Kierkegaard, citĂ© par Simone de Beauvoir en exergue du deuxiĂšme volume du DeuxiĂšme Sexe» Quel malheur que d'ĂȘtre femme, et pourtant le pire malheur quand on est une femme, est au fond de ne pas comprendre que c'en est un.» Diderot Femmes que je vous plains.» Nietzsche La loi des sexes dure loi pour la femme.» Propos recueillis par Amandine Schmitt GeneviĂšve Fraisse, bio express Philosophe, historienne de la pensĂ©e fĂ©ministe, GeneviĂšve Fraisse est directrice de recherche Ă©mĂ©rite au CNRS. Elle a notamment publiĂ© La Fabrique du fĂ©minisme» Le Passager clandestin, 2012, poche 2018, Muse de la raison» Alinea 1989, Folio-Gallimard, 2017, Du consentement» Seuil, 2007, Ă©dition augmentĂ©e 2017 et Le PrivilĂšge de Simone de Beauvoir», Actes sud, 2008, Ă©dition augmentĂ©e, Folio-Gallimard 2018. Dernier ouvrage paru La Sexuation du monde» Presses de Sciences-Po, 2016. Paru dans "L'OBS" du 2 aoĂ»t 2018
septem FrĂ©dĂ©rick JĂ©zĂ©gou La grande ambition des femmes est d’inspirer de l’amour. MoliĂšre Le Dico des citations Les nouvelles citations ← Combien de gens

Six vies, Six noms Hokusai a changĂ© de style et de nom avec une aisance sans pareille, de ShunrĂŽ, SĂŽri, Hokusai, Taito, Iitsu Ă  celui de gakyĂŽ rĂŽjin manji. Le destin a accordĂ© Ă  ce gĂ©nie fou de dessin et de peinture » une trĂšs longue vie, employĂ©e Ă  la recherche du trait juste, dans une infinie diversitĂ© de styles et de supports. Il est sans doute malaisĂ© pour un esprit occidental de comprendre qu’à un seul individu peuvent s’attacher des dizaines de noms. On ne devrait pourtant pas s’en Ă©tonner dans un pays, le Japon, oĂč chaque changement de rĂšgne entraĂźne le choix d’une nouvelle appellation. Pourquoi celui d’un patronyme ne serait-il pas Ă©galement variable selon les circonstances, infiniment diverses, qui traversent toute une vie? C’est le cas de celui que la postĂ©ritĂ© a fini par dĂ©signer sous le nom de Hokusai 1760-1849 et dont on estime qu’il a pu porter plus d’une centaine de noms TokitarĂŽ Ă  3 ans, TetsuzĂŽ Ă  9, Tatsumasa, Katsushika, et ainsi de suite jusqu’à l’un des derniers, et sĂ»rement son favori, GakyĂŽjin Hokusai, le fou de dessin ». Presque un nom par annĂ©e de vie, avancent certains historiens, d’une vie qui avoisine 90 ans et a produit pas loin de trente mille dessins, dont l’attribution, on l’imagine, n’est pas toujours aisĂ©e
 ShunrĂŽ, l’éclat du printemps » 1778-1794 La profusion, la vitalitĂ©, l’inventivitĂ© sont indissociables de la vie de Hokusai qui Ă©prouvait le besoin d’abandonner son nom ancien lorsqu’il changeait de genre, comme on se dĂ©pouille d’un manteau usagĂ©, passant de l’estampe de théùtre aux livres illustrĂ©s, puis aux gravures de voeux, aux paysages ou aux manuels techniques, les extraordinaires Manga. Quelques-uns d’entre eux, cependant, correspondent Ă  six Ă©tapes importantes de sa carriĂšre. Son premier nom d’artiste, ShunrĂŽ, l’éclat du printemps », il l’a reçu de son maĂźtre Katsukawa ShunshĂŽ 1726-1792, dans l’atelier duquel il est entrĂ© en 1778. Cet apprenti de 18 ans est probablement nĂ© le 31 octobre 1760, annĂ©e du Dragon, dans le quartier de HonjĂŽ, Ă  l’est d’Edo, l’ancien nom de Tokyo. Le district est aussi connu sous le nom de Katsushika, qui lui servira plus tard de patronyme. On ne sait rien de sa famille, si ce n’est qu’il a certainement Ă©tĂ© adoptĂ© par un miroitier au service du shĂŽgun, vers l’ñge de 3 ou 4 ans. Est-ce d’avoir Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans une famille d’artisans qui façonne sa sensibilitĂ© artistique? Hokusai n’a pas Ă©crit de mĂ©moires, pourtant, Ă  l’occasion de deux textes accompagnant ses Ɠuvres, il note que sa passion sincĂšre pour l’art » s’est dĂ©veloppĂ©e dĂšs l’ñge de 6 ans. Hokusai, Le Pavillon du turbo cornu, sĂ©rie Sites Ă  la mode dans les quatre directions de la capitale de l’Est, vers 1785-1787, estampe nishiki-e, format chĂ»ban, 19 x 25,5 cm, signature ShunrĂŽ ga » À 13 ans, il est apprenti chez un xylographe, et, peut-ĂȘtre en mĂȘme temps, commis chez un libraire, deux formations qui sont Ă  la racine de son amour de la gravure et de la littĂ©rature classique. Katsukawa ShunshĂŽ est un des maĂźtres reconnu de l’art de l’estampe, rĂ©putĂ© pour ses portraits d’acteurs du kabuki et de belles femmes, les bijin. Le premier, il a su se dĂ©marquer des stĂ©rĂ©otypes de ce genre d’images et rendre Ă  ses modĂšles la particularitĂ© de leurs expressions physiques. Ce style expressif, qui lui vaut un grand succĂšs, va imprĂ©gner le futur Hokusai. En cette fin du XVIIIe siĂšcle, l’estampe, dĂ©sormais entiĂšrement polychrome, nishiki-e, est devenue un art qui suscite un engouement extraordinaire dans toutes les classes sociales d’une sociĂ©tĂ© prospĂšre. AppelĂ©e ukiyo-e, image du monde flottant », elle cristallise, par son style vif et raffinĂ©, l’esprit de ce monde de divertissement et de pur plaisir qu’on trouve dans les théùtres et les jardins d’Edo, la nouvelle capitale, et prĂšs des maisons vertes » de Yoshiwara, le quartier des courtisanes. Hokusai, L’Acteur Ôtani Hiroji dans le rĂŽle du lutteur de sumĂŽ Nuregami no ChĂŽgorĂŽ, 1789, estampe nishiki-e, format hosoban, 28 x 13cm Romans populaires et cartes de voeux Vivre seulement pour l’instant, contempler la lune, la neige, les cerisiers en fleur et les feuilles d’automne, aimer le vin, les femmes et les chansons, se laisser porter par le courant de la vie
 », Ă©crit le romancier Asai RyĂŽi, en 1661. Le jeune ShunrĂŽ dĂ©bute modestement dans ce monde brillant des estampes commerciales d’acteurs en bichromie, des illustrations de romans populaires, ces livres Ă  couverture jaune » ou kibyĂŽshi, des cartes de voeux, qu’on appelle surimono. Quelques indices, cependant, permettent de penser que ShunrĂŽ a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquĂ© un Ă©diteur, Tsutaya, lui commande spĂ©cifiquement, en 1790, des estampes d’acteurs et des illustrations de programmes de théùtre
 SĂŽri et la nouvelle vision de la peinture 1794-1805 Le maĂźtre SunshĂŽ meurt en 1793 et ShunrĂŽ quitte son atelier cette annĂ©e- lĂ , sans que l’on sache s’il a Ă©tĂ© congĂ©diĂ© ou s’il est parti de son plein grĂ©, aprĂšs une querelle que la rumeur attribue Ă  son caractĂšre ombrageux et fonciĂšrement indĂ©pendant. Reste que, trĂšs curieux des nouvelles techniques et modes d’expression – un trait de personnalitĂ© qui mĂ©rite d’ĂȘtre soulignĂ© dans un Japon totalement fermĂ© Ă  tout apport Ă©tranger depuis 1638 –, il s’est dĂ©jĂ  intĂ©ressĂ© Ă  la perspective occidentale telle que l’utilisent les estampes de Toyoharu 1735-1814. Il est possible aussi qu’il ait suivi l’enseignement de Shiba KĂŽkan 1747-1818, peintre familier des Hollandais autorisĂ©s Ă  accoster Ă  Nagasaki. Entre 1793 et 1795, l’artiste doit faire face Ă  de grandes difficultĂ©s, tant sur le plan personnel – sa femme meurt, le laissant seul avec trois enfants en bas Ăąge – que professionnel, produisant peu d’oeuvres signĂ©es Kusamura ShunrĂŽ. Hokusai, Jolie femme attendant une visite, vers 1797-1804, kakemono, rouleau de papier, 38,6 x 48,6 cm, signature Hokusai ga» Mais, en 1795, Hokusai se voit proposer de prendre la direction de l’atelier de peinture de Tawaraya SĂŽri actif entre 1760 et 1780. Il adopte le nom de SĂŽri II en hommage au maĂźtre. Pour brĂšve qu’elle soit, la pĂ©riode qui s’engage alors porte en germe l’évolution Ă  venir de l’artiste. Il se dĂ©tourne du monde de l’ukiyo-e, bien dĂ©cidĂ© Ă  prouver qu’il peut dĂ©velopper une carriĂšre de vrai » peintre. Peut-ĂȘtre profite-t-il Ă  ce moment-lĂ  des enseignements du style KanĂŽ, Ă©cole de peinture officielle du shĂŽgun, inspirĂ©e de l’esthĂ©tique chinoise. Quoi qu’il en soit, Hokusai SĂŽri est Ă  la recherche d’une nouvelle vision de la peinture. Il se rapproche des cercles littĂ©raires de son temps, il compose des poĂšmes, Ă©crit des rĂ©cits et s’intĂ©resse Ă  l’édition d’estampes non commerciales. Apparaissent en effet, dans les annĂ©es 1790, les kyĂŽka surimono, poĂšmes accompagnĂ©s d’illustrations. Hokusai, Sifflet de la cerise d’hiver, sĂ©rie Sept Manies des jeunes femmes sans Ă©lĂ©gance, 1801-1804, estampe nishiki-e, format ĂŽban, 38,2 x 25,8 cm Hokusai, dont la notoriĂ©tĂ© s’étend, propose aux sociĂ©tĂ©s de poĂštes, tel le cercle Asakusa, d’inverser le procĂ©dĂ© il fournit des sĂ©ries d’estampes sur lesquelles on composera kyĂŽka ou haiku. Il en dessinera trente-deux entre 1799 et 1809. Perspective occidentale Le style SĂŽri s’affirme dans sa pleine singularitĂ©. Ses personnages, femmes Ă  la toilette, courtisanes en promenade, paysans ou artisans vaquant Ă  leurs occupations, semblent mus par une sorte de mĂ©lancolie indolente, une tristesse diffuse qui les rend immatĂ©riels. Les belles dĂ©licates Ă©tirent leur frĂȘle silhouette avec raffinement, et leurs visages allongĂ©s ont dĂ©jĂ  la forme de pĂ©pin de melon », si caractĂ©ristique de ses oeuvres ultĂ©rieures. Dans la mĂȘme pĂ©riode, il poursuit ses recherches sur la perspective occidentale qu’il met en application dans la sĂ©rie ChĂ»shingura. Nouvelles Estampes en perspective, sur le thĂšme trĂšs cĂ©lĂšbre de La Vengeance des 47 rĂŽnin la ligne de fuite mais aussi les nuages sur le mont Fuji sont un emprunt Ă  l’art occidental. Enfin, on voit naĂźtre son style si particulier de paysage et ses thĂšmes de prĂ©dilection le mont Fuji, les plantes, les vagues. Les personnages, toutefois, n’y sont pas encore intĂ©grĂ©s, comme ils le seront dans les chefs-d’oeuvre des annĂ©es 1830. Mais le siĂšcle qui se termine a vu l’apparition d’un artiste douĂ© d’un style graphique qu’on ne peut confondre avec aucun autre. Le peintre Hokusai est nĂ©. Hokusai, atelier de l’étoile polaire » 1805-1810 À partir de 1800, SĂŽri signe dĂ©sormais Hokusai, qui signifie atelier de l’étoile polaire », un signe probable que le peintre aurait ralliĂ© la secte bouddhique de Nichiren, spĂ©cifiquement attirĂ©e par le culte du bodhisattva MyĂŽken, incarnation de l’étoile polaire. Depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , l’artiste a choisi cet astre comme son symbole, et le montrera dĂ©sormais Ă  de nombreuses occasions tout au long de sa vie. À l’intĂ©rieur mĂȘme de cette pĂ©riode, ses signatures vont nĂ©anmoins varier il est, entre autres, Katsushika Hokusai pour les romans ou les estampes populaires, Hokusai Tatsumasa ou GakyĂŽjin Hokusai, fou de peinture », pour les kyĂŽka surimono, et on peut affirmer que ce changement selon les genres est important pour lui, un peu, souligne l’historien Matthi Forrer, comme s’il appliquait un nom de marque Ă  ses Ɠuvres. Hokusai, Enfants Ă  leurs jeux, entre 1804 et 1813, surimono, 38,4 x 53,2 cm, signature Katsushika Hokusai ga », Tsuwano, Katsushika Hokusai Museum of Art. 1798 constitue un tournant dans sa carriĂšre. Hokusai quitte l’atelier Tawaraya et fonde sa propre Ă©cole. Sa notoriĂ©tĂ© est dĂ©jĂ  grande et il apparaĂźt comme le principal dessinateur de kyĂŽkabon et kyĂŽka surimono. Peu Ă  peu cependant, sans abandonner complĂštement ce domaine des estampes non commerciales ses Ă©lĂšves ont aussi repris le flambeau de cette activitĂ©, il renoue brillamment avec les gravures bon marchĂ© et les livres populaires plus de mille illustrations, entre 1804 et 1815, pour ces derniers, soit Ă  peu prĂšs deux cent trente-cinq volumes ! En 1805, il travaille avec le grand Ă©crivain Kyotukei Bakin 1767-1848 Ă  une Ă©dition japonaise du grand classique chinois Contes au bord de l’eau, un projet qui fera date. Est-ce parce qu’il y rĂšgne une plus grande libertĂ© Ă  la fois de sujets et de format et que son inventivitĂ© passionnĂ©e peut se dĂ©ployer sur ce terrain ? Hokusai, Album de peintures, 1808-1809, un volume sur papier, signature Hokusai », Londres, Victoria and Albert Museum. Dans une premiĂšre pĂ©riode, de 1798 Ă  1804, Hokusai continue Ă  exploiter le style des annĂ©es Tawaraya personnages fĂ©minins Ă  l’expression douce et mĂ©lancolique, aux figures souples et allongĂ©es. À partir de 1807, apparaissent les grandes lignes de recherche qu’il dĂ©veloppera par la suite. Les expressions des visages, leurs Ă©motions affleurent sous son pinceau et trouvent un Ă©cho dans le rendu des paysages, aussi dĂ©licats et Ă©thĂ©rĂ©s que sont l’ñme et l’esprit de ceux qui les traversent. Par ailleurs, Hokusai s’intĂ©resse de plus en plus Ă  la perspective occidentale, qu’il avait dĂ©jĂ  mise en oeuvre dans une sĂ©rie des Vues des lieux cĂ©lĂšbres d’Edo, en 1799. En 1805, avec une Vue de la plage de Noboto Ă  marĂ©e basse depuis la cĂŽte de GyĂŽtoku, il persĂ©vĂšre dans cette direction et introduit mĂȘme dans une autre estampe la notion de clair-obscur, en utilisant une ombre par-dessus les couleurs c’est la premiĂšre apparition de ce genre dans l’estampe japonaise. ExcentricitĂ©s artistiques Cette pĂ©riode est aussi celle oĂč ses excentricitĂ©s artistiques, qui deviendront cĂ©lĂšbres, se manifestent. En 1805, sa renommĂ©e de peintre Ă©gale celle de graveur. Il se lance, au temple Gokoku, proche d’Edo, dans un vĂ©ritable happening » public un portrait de cent vingt tatami 21, 6 mĂštres sur 9 de Daruma, le fondateur du bouddhisme zen. Hokusai a tapissĂ© une surface de 350 mĂštres carrĂ©s de papier et y a promenĂ© un Ă©norme balai de bambou trempĂ© dans une cuve d’encre. Ce n’est que lorsque le panneau a Ă©tĂ© dressĂ© sur cadre que les spectateurs Ă©bahis ont compris qu’il s’agissait du buste du patriarche porte-bonheur
 Taito, Ă©toile de la Petite Ourse » 1810-1819 En 1810, la cĂ©lĂ©britĂ© de Hokusai est un fait Ă©tabli. Ne raconte-t-on pas que le shĂŽgun Ienari l’a conviĂ©, en 1804, Ă  un concours de peinture oĂč il doit affronter un autre artiste renommĂ©, Tani BunchĂŽ 1763-1840? Loin de se plier aux rĂšgles de la compĂ©tition, Hokusai a fait dĂ©monter une porte coulissante qu’il a balayĂ©e d’encre bleue, en lignes sinueuses. Puis il a fait venir un coq qu’il a incitĂ© Ă  se promener sur la surface, aprĂšs lui avoir trempĂ© les pattes dans de la peinture rouge. Une fois le panneau remis en place, toute l’assemblĂ©e a reconnu la riviĂšre Tatsuta, chargĂ©e de feuilles d’érables Ă  l’automne
 L’anecdote, pour vraie qu’elle soit, est rĂ©vĂ©latrice de la lĂ©gende qui le nimbe. Car on dit aussi que Hokusai peut immortaliser une volĂ©e de moineaux sur un grain de riz ou peindre en utilisant ses doigts, ses ongles ou le manche d’un pinceau, enfin, n’importe quel objet
 Rien ne rĂ©siste Ă  ce fou de peinture ». Hokusai, Sangino Takamura, pĂȘcheuse d’ormeaux, sĂ©rie Cent PoĂšmes de cent poĂštes expliquĂ©s par la vieille nourrice, vers 1835, estampe nishiki-e, format ĂŽban, 25,6 x 36,6 cm, Hokusai a 50 ans, un Ăąge dĂ©jĂ  avancĂ© dans le Japon du XIXe siĂšcle, et songe en consĂ©quence Ă  ce qu’il pourra lĂ©guer de son savoir Ă  la postĂ©ritĂ©. C’est l’époque des manuels qui s’ouvre, Ă©tonnante Ă  nos yeux d’Occidentaux mais non pour l’esprit d’un bouddhiste convaincu qui a connu une illumination l’artiste est investi d’une mission, celle de transmettre son expĂ©rience, ses dĂ©couvertes, les nouvelles voies d’exploration de la peinture. Hokusai adopte alors le nom de Taito, inspirĂ© par Taihokuto, l’ Ă©toile de la Petite Ourse ». Nombreux sont les disciples qui accourent Ă  lui lors d’un voyage Ă  Nagoya, en 1812. Hokusai, Carnet de croquis, 1814, Metropolitan Museum of Art, New York Cet automne, le Vieil Homme a fait par hasard un voyage vers l’ouest et s’est arrĂȘtĂ© dans notre ville, Ă©crit un artiste. Nous nous sommes d’abord rencontrĂ©s chez GekkĂŽtei Bokusen [
] puis il a exĂ©cutĂ© plus de trois cents croquis de toutes sortes. D’immortels, du Bouddha, d’érudits et de femmes, d’oiseaux, de bĂȘtes sauvages, d’herbes et d’arbres, en dessinant aussi le vĂ©ritable esprit de tout cela. » Les Ă©lĂšves vont recopier et mettre en page beaucoup de ces croquis, publiĂ©s par un Ă©diteur en 1814 c’est le premier volume des fameux dessins au fil du pinceau », Hokusai manga, une mĂ©thode qui va connaĂźtre un tel succĂšs qu’on demandera au maĂźtre d’en produire de nouvelles sĂ©ries. La vie quotidienne du Japon Ce sont prĂšs de quatre mille dessins en quinze volumes qui seront rĂ©imprimĂ©s au long du XIXe siĂšcle. Toute la vie quotidienne du Japon s’y trouve, saisie sur le vif avec un humour et une affection palpables les plantes et les animaux, mais aussi les paysages et les artisans, croquĂ©s avec leurs outils, leurs attitudes, les gestes de leur travail. Des Ă©crivains cĂ©lĂšbres prĂ©facent chaque tome, s’émerveillant de ces images indescriptibles et sans Ă©gales, dont la contemplation ne cesse d’inspirer ». D’autres manuels techniques suivront, dont les Ă©tudes amorcent certaines visions des grandes estampes du mont Fuji. Hokusai, Femmes prĂ©parant le thĂ© autour de l’ñtre, 1816, Metropolitan Museum À la mĂȘme Ă©poque, Taito s’attache avec une particuliĂšre virtuositĂ© aux shunga, les peintures de printemps » ou images Ă©rotiques, qui sont le fruit d’une longue tradition de l’art japonais. Il y dĂ©crit les acrobaties sexuelles, et parfois singuliĂšres, souvent malicieuses, de couples oĂč les femmes pulpeuses et Ă©panouies ont remplacĂ© les silhouettes frĂȘles des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Iitsu, une nouvelle vie 1820-1834 En 1820, Hokusai atteint l’ñge de 60 ans, et son anniversaire conclut un cycle complet du zodiaque, formĂ© de soixante combinaisons possibles. L’importance est extrĂȘme pour tout Japonais, d’autant que l’annĂ©e est, logiquement, Ă  nouveau celle du Dragon. Hokusai change de nom pour prendre, non sans malice, celui d’Iitsu, ĂągĂ© de nouveau de un an ». Une nouvelle vie commence, symboliquement et, Ă©tonnamment mais faut-il vraiment s’en Ă©tonner, parlant de Hokusai, le plus fĂ©cond, le plus incroyablement inventif des artistes de son temps ?, esthĂ©tiquement aussi. C’est de cette pĂ©riode, pourtant trĂšs noire sur le plan personnel sa femme et une de ses filles meurent, une autre divorce, son petit-fils l’accable de ses dettes de jeu que dateront les grandes estampes qui feront de Hokusai le peintre le plus connu de l’art japonais et l’identifieront dĂ©finitivement aux yeux des Occidentaux. Hokusai, Vent du sud, ciel clair Le Fuji rouge, sĂ©rie Trente-Six Vues du mont Fuji, vers 1830-1834, estampe nishiki-e, format ĂŽban, 26,1 x 38,1 cm Nourri d’un enthousiasme renouvelĂ©, Hokusai Iitsu retourne d’abord au monde littĂ©raire. Une commande importante de trente-six surimono carrĂ©s lui est faite, en 1821, annĂ©e du Serpent, sur le thĂšme des coquillages. Hokusai dĂ©ploie toute son ingĂ©niositĂ© et sa libertĂ© de ton pour faire de cette sĂ©rie, Coquillages de l’ùre Genroku, une oeuvre unique dans les annales de la nature morte. Il multiplie les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires, historiques, lĂ©gendaires et les jeux de mots pour chaque illustration de mollusque, cernĂ©e d’un cartouche rouge. L’annĂ©e suivante, annĂ©e du Cheval, il dessine une mĂ©morable suite de chevaux, Umazukushi, d’un raffinement stupĂ©fiant sur l’estampe du Talisman du cheval, le cartouche du titre, en forme de calebasse, est une allusion Ă  celle dans laquelle l’ermite chinois ChĂŽkarĂŽ range son cheval magique. Peut-on imaginer plus grande subtilitĂ© ? Hokusai, Umazukushi Komashobu Le Talisman du Cheval, 1822, 18 x 20cm Le thĂšme du paysage est rĂ©current dans l’oeuvre de Hokusai depuis ses dĂ©buts, par sa prĂ©sence aussi bien dans les estampes commerciales que dans les surimono ou les illustrations de livres. Mais la maniĂšre dont il le traite Ă  partir des annĂ©es 1830 dans trois sĂ©ries d’estampes, Trente-Six Vues du mont Fuji, Voyage au fil des cascades des diffĂ©rentes provinces et Vues extraordinaires des ponts des diverses provinces, constitue une vĂ©ritable rĂ©volution dans le genre, en mĂȘme temps qu’elles rendent soudain les Japonais curieux de leur archipel et de sa nature. Une des consĂ©quences sera la multiplication des pĂšlerinages et des voyages destinĂ©s Ă  admirer la beautĂ© des sites cĂ©lĂšbres. Le bleu de Berlin Jusque-lĂ , dans la peinture aristocratique chinoise ou japonaise, le paysage n’avait servi que de faire-valoir, de dĂ©cor Ă  des scĂšnes ou des portraits. Hokusai, Pont de bateaux de Funa dans la province de KĂŽzuke vue ancienne, sĂ©rie Vues extraordinaires des ponts des diverses provinces, vers 1834, estampe nishiki-e, format ĂŽban, 26,4 x 38,4 cm, signature Saki no Hokusai Iitsu hitsu », Tsuwano, Katsushika Hokusai Museum of Art. DĂ©sormais, sujet Ă  part entiĂšre, il acquiert une Ăąme et renvoie son spectateur Ă  sa vision intĂ©rieure. Le mont Fuji n’est Ă©videmment pas un lieu banal. Montagne la plus sacrĂ©e du Japon, incarnation d’Amaterasu, plus grande dĂ©esse du panthĂ©on shintĂŽ, sa reprĂ©sentation est dĂ©jĂ  prĂ©sente chez Hokusai en 1790, telle un phare qui aimanterait ses pensĂ©es. L’investissement spirituel n’a d’égale que l’extrĂȘme modernitĂ© du traitement choix d’un grand format, prĂ©cision topographique, description mĂ©ticuleuse et pleine d’humour des activitĂ©s humaines, audace des cadrages et des signes graphiques
 MĂȘme la couleur est une nouveautĂ©, la belle polychromie ayant Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’une sĂ©rie imprimĂ©e en aizuri-e, grĂące au Berorin ai, le bleu de Berlin ou de Prusse, fraĂźchement dĂ©barquĂ©, qui est un pigment stable, contrairement Ă  l’indigo japonais. Le succĂšs fut tel que l’éditeur commanda Ă  Hokusai dix estampes supplĂ©mentaires, portant le nombre des vues du mont Fuji Ă  quarante-six. GakyĂŽ RĂŽjin Manji, le vieil homme fou de dessin 1834-1849 Que peut-on encore espĂ©rer lorsqu’on atteint 75 ans, Ăąge considĂ©rable dans le Japon du XIXe siĂšcle, et qu’on a Ă©tĂ© reconnu comme le plus grand artiste de son Ă©poque? La perfection de son art, et rien d’autre. C’est Ă  la poursuite de celle-ci que Hokusai s’attache les quinze derniĂšres annĂ©es de sa vie. Et c’est bien le moins que, pour cheminer avec une telle ambition, il choisisse derechef un nouveau nom. Ce sera Manji, dix mille ans », prĂ©cĂ©dĂ© de GakyĂŽ RĂŽjin, littĂ©ralement le Vieil Homme fou de dessin ». De 1830 Ă  1834, Hokusai a non seulement produit des paysages exceptionnels mais aussi des estampes extraordinaires sur les fleurs et les animaux. Ce sont ces Carpes sous une cascade, Tortues nageant ou Iris et Sauterelle, qui, parvenant en Europe, auront une grande influence sur les impressionnistes et les crĂ©ateurs de l’Art nouveau. Deux carpes sous une cascade, 1831, estampe nishiki-e, format uchiwa-e, 23,2 x 28,7 cm, signature Hokusai Aratame Iitsu hitsu », Cleveland Museum of Art Ce n’est certainement pas la premiĂšre fois que l’art de Hokusai atteint l’Europe. MĂȘme, en 1826, un Ă©pisode singulier a eu lieu. Une dĂ©lĂ©gation du comptoir colonial hollandais de Deshima, cette enclave autorisĂ©e aux Ă©trangers, se rend Ă  Edo et, aprĂšs avoir rencontrĂ© le shĂŽgun, trois de ses membres demandent Ă  connaĂźtre Hokusai. S’ensuivra un Ă©change surprenant Hokusai recevra du papier et des aquarelles hollandaises et rĂ©pondra Ă  la commande de plusieurs peintures, peut-ĂȘtre une quarantaine, de scĂšnes de la vie japonaise et des vues d’Edo. Certaines se trouvent aujourd’hui au musĂ©e d’Ethnologie de Leyde, aux Pays-Bas. Hokusai, Dragon dans les nuĂ©es, 1849, kakemono, shihon, encre de Chine et lavis bleu outremer sur papier, 102,5 x 42,5 cm, signature KyĂ»jĂ» RĂŽjin Manji hitsu » Un univers fantastique Si Hokusai reste dans ses derniĂšres annĂ©es un immense graveur, il accorde une place prĂ©pondĂ©rante Ă  la peinture. La crise Ă©conomique de la fin des annĂ©es 1830 le rĂ©duit Ă  la misĂšre et le force, pour survivre, Ă  vendre ses dessins dans la rue. Comble de malheur, un incendie dĂ©truit son atelier et la plupart de ses Ɠuvres, en 1839. On dit que, rĂ©veillĂ© en pleine nuit, l’artiste de 80 ans n’emporta rien d’autre que ses pinceaux, tĂ©moignant par lĂ  de sa foi en l’avenir. Une confiance qu’il entretient, en dessinant, chaque jour, entre 1842 et 1844, un lion chinois ou shishi, animal de lĂ©gende porte-bonheur. L’animal est plus qu’un exorcisme contre la maladie et la mort c’est un exercice de dessin Ă©poustouflant, tantĂŽt aimable, tantĂŽt grotesque, accusant de grandes ressemblances avec les personnages qui ont toujours occupĂ© le monde de Hokusai, courtisanes, pĂȘcheurs, artisans ou samouraĂŻs
 Hokusai, Spectre d’Oiwa-san, sĂ©rie Cent Histoires de fantĂŽmes, vers 1831-1832, estampe nishiki-e, format chĂ»ban, 24,8 x 18,2 cm, signature Saki no Hokusai hitsu », Tsuwano, Katsushika Hokusai Museum of Art Il est aussi, par son caractĂšre anthropomorphique, une porte d’entrĂ©e dans le dernier monde esthĂ©tique du peintre. Un univers Ă  la limite du fantastique, de l’animiste et du mystĂ©rieux, oĂč les dragons sourcilleux sont aussi rĂ©els que les tigres ondoyants. C’est toute la nature, des cascades aux chrysanthĂšmes, qui prend une allure surnaturelle les fantĂŽmes et autres monstres ne sont jamais loin. Fouler les champs d’étĂ© Hokusai s’éteignit le 18e jour du 4e mois de 1849. Avant son dernier soupir, il avait composĂ© un dernier haiku Tel un fantĂŽme, je foulerai d’un pas lĂ©ger les champs d’étĂ©. » Son testament, nĂ©anmoins, il l’avait Ă©crit dix ans auparavant, dans une postface aux Trente-Six Vues du mont Fuji Depuis l’ñge de 6 ans, j’avais la manie de dessiner la forme des objets. Vers l’ñge de 50 ans, j’avais publiĂ© une infinitĂ© de dessins, mais tout ce que j’ai produit avant l’ñge de 70 ans ne vaut pas la peine d’ĂȘtre comptĂ©. C’est Ă  l’ñge de 73 ans que j’ai compris Ă  peu prĂšs la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons et des insectes. Par consĂ©quent, Ă  l’ñge de 80 ans, j’aurai encore fait plus de progrĂšs. À 90 ans, je pĂ©nĂ©trerai le mystĂšre des choses ; Ă  100 ans je serai dĂ©cidĂ©ment parvenu Ă  un degrĂ© de merveille, et quand j’aurai 110 ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande Ă  ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole.»

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la grande ambition des femmes est d inspirer l amour